Que les Sé**, les Lemi**, les du Bel**, les de Ros** gagneraient, si l’usage dont je parle était adopté de leur vivant ! […] « Je crois bien que vous m’en saurez bon gré ; quant à ces personnes dont je vous parle, je suis bien fâché de ne pouvoir les satisfaire ; mais je leur répondrai, & vous appuierez mon avis, sans doute, que pour bien exceller dans l’Art Pantomimique, il faut mettre la chose pour le mot, & rien de plus ; que des gestes de situation profondément sentis, valent cent fois mieux que des gestes faits par l’esprit, pour refroidir l’ame ; qu’enfin il faut préférer le geste qui fait vivre un ouvrage, à celui qui sait briller l’Acteur » : soit dit en passant, ceci peut encore servir de règle pour les Théâtres, où la parole est en usage ; car je ne prétends pas moins qu’à la gloire d’éclairer mon siècle .... […] Les Pantomimes tiennent souvent lieu à Londres des petites Pièces qu’il est d’usage de jouer après les Drames en cinq actes ; & c’est sur le Théâtre où se sont immortalisés les Shakespear, les Dryden, les Congrève, qu’on les représente : preuve que les Pantomimes vont remplacer en Angleterre les Poèmes récités, avant que les Français aient eu le courage de se distinguer entiérement par une aussi heureuse innovation. […] Les endroits pathétiques ont arraché des larmes, & les situations plaisantes ont fait éclater de rire, non-seulement parce qu’ils le méritaient, mais encore parce qu’il est d’usage de rire ou de pleurer, lorsqu’un Auteur a la complaisance de nous communiquer ses productions : on monte sa sensibilité selon le genre de l’ouvrage qu’on nous récite.
En effet, si l’on y établissait l’usage de ne plaider les Causes que par signes, quelques-uns de Messieurs les Avocats étourdiraient moins les Juges ; les Plaidoyers n’auraient qu’une juste longueur ; & l’on ne verrait pas tant de Jurisconsultes atteints de rhumes meurtriers & d’extinction de voix. — Mais comment citeraient-ils les Loix ? […] Ce n’est qu’aux gens du commun que j’offre mon projet, non que je m’imagine que les gens de condition soient plus heureux lorsqu’ils sont mariés ; mais parce qu’on m’a dit qu’il était d’usage parmi eux de ne point contredire leur épouse, qui, de son côté, s’inquiète peu des actions de Monsieur ; on se quitte lorsqu’on s’ennuie, chacun prend un hôtel séparé, & vit au gré de ses caprices : on appelle cela, je crois, le bon ton. […] Qu’on essaie à mettre mon systême en usage, & je me flatte qu’on avouera que la connaissance du geste est la science la plus sublime dans laquelle l’homme puisse exceller.
Les changemens perpétuels et inconsidérés qu’on s’est permis de faire à des usages établis et consacrés par les siècles, m’autorisent à m’étendre sur les abus qui se sont introduits dans celle partie ; changemens bizarres qui ne doivent leur naissance qu’au caprice ; or, on sait que le caprice est rarement le modèle du bon goût. […] Je dois avouer que non seulement elles sont très commodes pour les danseurs, et qu’elles conviennent beaucoup mieux à l’imitation de la coiffure des Grecs et des Romains etc. que des cheveux frisés et poudrés ; En l’année 1762 je déclarai la guerre aux énormes perruques de l’opéra parce qu’elles étaient ridicules et qu’elles s’opposaient à la vérité du costume et aux proportions que la tête doit avoir avec le buste : mais je ne proscrivis pas celles qui pouvoient les établir, car j en fis un usage constant dans tous les caractères qui exigeoient de la vérité et de la ressemblance. […] On peut encore entendre par costume, le caractère, les moeurs, les usages, les lois, la religion, les goûts et le génie d’une nation quelconque ; ses habitudes, ses armes, ses vétemens, ses bàtimens, ses plantes, ses jardins, ses animaux, les productions de ses arts et de son industrie etc.
La Danse était au berceau en France lors de l’établissement de l’Opéra : l’habitude, l’usage, la tradition, seules règles des Artistes bornés, l’y ont depuis retenue comme emmaillotée.
Nous commençons à considérer la danse dans ce qu’elle a de spécifique, nous en recherchons la définition propre et l’usage conforme à cette définition.