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192. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

PHÈDRE Elle ferme les yeux… SOCRATE Elle est tout entière dans ses yeux fermés, et toute seule avec son âme, au sein de l’intime attention… Elle se sent en elle-même devenir quelque événement. […] Je me trouve des clartés que je n’eusse jamais obtenues de la présence toute seule de mon âme… Tout à l’heure, par exemple, l’Athikté me paraissait représenter l’amour. — Quel amour ? […] C’est pourquoi la seule danseuse peut le rendre visible par ses beaux actes. […] L’âme s’apparaît à elle-même, comme une forme vide et mesurable. — Voilà donc les choses telles qu’elles sont qui se rejoignent, qui se limitent, et s’enchaînent de la sorte la plus rigoureuse et la plus mortelle… Ô Socrate, l’univers ne peut souffrir, un seul instant, de n’être que ce qu’il est. […] SOCRATE Elle a dit quelque chose pour soi seule.

193. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

C’est avec un verre convexe qui réunit tous les rayons dans un seul point, qu’il nous faut regarder les sujets que nous voulons traiter ; le moindre écart fait perdre de vue les personnages par lesquels nous voulons émouvoir les passions. […] Cependant comme toute expression en avait autrefois été bannie en couvrant d’une masque le visage du Danseur qui même le plus souvent dansait seul, elle ne pouvait alors affecter le Spectateur que très médiocrement, en faisant seulement éprouver à son âme quelques atteintes passagères de volupté, telles qu’on les ressent lorsque la belle nature parée de ses grâces naïves, et aidée de celles d’un art qui se cache, se présente à nos yeux.

194. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — VI, lumière et danse » pp. 60-71

L’homme civilisé et bien trempé, seul, résiste le mieux à son impulsion. […] Mais les sensations naturelles et violentes seules peuvent être exprimées par les mouvements naturels et c’est tout ce que je tente de faire.

195. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VI. les débuts de fanny elssler à paris  » pp. 188-219

Le Café de Paris semblait dire : Un seul être me manque et tout est dépeuplé. […] Sa seule excuse est que, cette fois, il travaillait pour la bonne cause, au profit du vrai talent. […] Fanny Elssler, c’est tout le ballet nouveau, elle-même et toute seule. […] Elle prétend que, la claque ayant été supprimée pour la circonstance, ce sont les spectateurs payants qui auraient seuls applaudi, et, comparant ce résultat à celui qui n’aurait été obtenu six jours auparavant, à la Tempête, qu’avec le secours de mains mercenaires, elle ajoute méchamment : « Nous espérons qu’un jour Mlle Elssler pourra répudier les bruyantes acclamations qui couvrent le petit bruit de ses petites pointes, et que le public artificiel du lustre laissera faire au public sérieux. » Le grand public fut invité à se prononcer sur les mérites des deux rivales. […] Aux merveilles dont se composait l’éblouissant spectacle, elles ajoutèrent un numéro sensationnel, un pas styrien, qui fut un parfait chef-d’œuvre par la grâce, l’extraordinaire légèreté et l’infaillible sûreté des mouvements, enfin par leur concordance si étroite que ces deux corps semblaient la forme dédoublée d’une seule et même pensée.

196. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « Plan du Ballet »

Tout s’enfuit encore, et la Reine reste seule.

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