Rien ne rappelle dans ces fantoches l’insouciance riante de Pétrouchka : nous sommes — et on le sent douloureusement — à la veille d’une chose terrible ; un morne ennui pèse sur nous comme un ciel bas d’orage. […] Et le jour est proche — on le sent de toute son âme crispée par l’appréhension — où cette masse inerte, aveugle, écrasante, se ruera sur la Russie pantelante.
On sentait qu’il prenait un plaisir réel à converser avec nous. […] On les sentait innées ; elles sortaient du plus profond de lui-même et le transformaient à tel point que je le voyais, à présent, transfiguré. […] demandai-je, pour dire quelque chose, tant je me sentais troublée par cette admiration d’art. […] Je sentis alors combien il chérissait chacun de ces objets que l’on n’aurait dû, à ses yeux, contempler qu’avec dévotion.
En prenant les rênes de l’Empire, il sentit les avantages que pouvait lui procurer le goût des Romains pour les Spectacles publics, et il fonda sur leur magie, la tranquillité de son Règne62. […] Il sentit cependant que des nouveautés heureuses produiraient un effet encore plus grand. […] c’est moins sa pesanteur qui les blesse, que la manière maladroite dont ont la leur fait sentir.
Instruits des principes fondamentaux de notre art, suivons les mouvemens de nôtre ame ; elle ne peut nous trahir lorsqu’elle sent vivement ; et si dans ces instants elle entraîne le bras à tel ou tel geste, il est toujours aussi juste que correctement dessiné, et son effet est sûr. […] Le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles : que les artistes les reservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] C’est qu’il a un langage, me repondra l’amateur que vous n’entendez point ; c’est une conversation qui n’est pas à la portée de tout le monde, continuera-t-il, mais elle est sublime pour quiconque peut la comprendre et la sentir ; et ses sons sont autant de sentimens qui séduisent et qui affectent lorsque l’on conçoit son langage. […] Ils apprennent la danse avec fureur ; leur goût se ralentit à mesure que les difficultés se font sentir et qu’elles se multiplient ; ils ne saisissent que la partie grossière de l’art ; ils sautent plus ou moins haut ; ils s’attachent à former machinalement une multitude de pas ; et, semblables à ces enfans qui disent beaucoup de mots sans idées et sans suite, ils font beaucoup de pas sans motifs, sans goût et sans graces. […] Les danseurs devroient s’attacher ainsi que les comédiens à peindre et à sentir, puisqu’ils ont le même objet à remplir.
Instruit des principes fondamentaux de notre Art, suivons les mouvements de notre ame, elle ne peut nous trahir lorsqu’elle sent vivement ; & si dans ces instants elle entraîne le bras à tel ou tel geste, il est toujours aussi juste que correctement dessiné, & son effet est sûr. […] Pour hâter les progrès de notre Art & le rapprocher de la vérité, il faut faire un sacrifice de tous les pas trop compliqués ; ce que l’on perdra du côté des jambes se retrouvera du côté des bras ; plus les pas seront simples & plus il sera facile de leur associer de l’expression & des graces : le goût fuit toujours les difficultés, il ne se trouve jamais avec elles ; que les Artistes les réservent pour l’étude, mais qu’ils apprennent à les bannir de l’exécution ; elles ne plaisent point au Public ; elles ne font même qu’un plaisir médiocre à ceux qui en sentent le prix. […] Cette conversation n’est pas à la portée de tout le monde, continuera-t-il, mais elle est sublime pour quiconque peut la comprendre & la sentir, & ses sons font autant de sentiments qui séduisent & qui affectent lorsque l’on conçoit son langage. […] En partant d’un principe aussi faux, les uns ne s’appliquent qu’à remuer les jambes, les autres qu’à faire des efforts de mémoire, & les derniers qu’à pousser des cris ou des sons ; ils sont étonnés, après plusieurs années d’un travail pénible, d’être détestables ; mais il n’est pas possible de réussir dans un Art sans en étudier les principes, sans en connoître l’esprit, & sans en sentir les effets. […] Les Danseurs devroient s’attacher ainsi que les Comédiens à peindre & à sentir, puisqu’ils ont le même objet à remplir.