Comment donc prétend-on honorer les saints aux jours de leurs fêtes par des danses et des excès de boisson, et d’autres désordres pour lesquels ils n’ont eu que de l’horreur et de l’éloignement, et qui sont une profanation manifeste de ces jours appelés particulièrement saints, parce que les chrétiens, qui doivent être saints dans toute la conduite de leur vie, s’y doivent conduire encore plus saintement que les autres jours ? […] Le même saint docteur dit encore : (tract. not. 3.) […] Qui a introduit ce retranchement du saint jour ? […] On voit bien que cette marque de la joie publique ne conviendroit pas avec le deuil solennel de toute l’Eglise ; loin de permettre les plaisirs et les réjouissances profanes, elle s’abstenoit des saintes réjouissances, et il étoit défendu d’y célébrer les nativités des saints, parce qu’on ne pouvoit les célébrer qu’avec une démonstration de la joie publique. […] Ce saint écrivoit à la fin du deuxième siècle.
Objections tirées de l’Ecriture sainte. Comme nous avons pris dans les saintes Ecritures les premières preuves que nous avons alléguées pour montrer le mal ou le danger inséparable des danses ; c’est aussi dans les saintes Ecritures que plusieurs vont d’abord chercher de quoi affoiblir ce que nous avons dit à ce sujet. […] Combien s’éloigne-t-on de cette intention du saint, quand on va chercher dans les livres saints, et qu’on fait d’inutiles efforts pour y trouver de quoi justifier les danses ! […] Le but de ces danses dont parle l’Ecriture étoit « de se réjouir en Dieu en lui rendant grâces ; ce que ne pouvoient faire des personnes si saintes, jouissant si saintement en la présence de Dieu, avec une sainte modestie et une gravité convenable. […] Tout ce qui empêche donc d’avoir ces saintes pensées, et qui en inspire de contraires, ne doit point plaire à des chrétiens, et doit au contraire leur être suspect.
Labbe, tom. 6, p. 112) « qu’il y en a, et surtout des femmes qui font en sorte qu’on vienne aux jours de fêtes, non dans des vues droites et saintes qu’on doit avoir, mais pour danser et chanter des chansons honteuses. […] Que les prêtres aient donc grand soin d’avertir le peuple qu’on ne doit venir à l’église en ces saints jours que pour prier ». […] Après cette plainte, les pères du concile disent : « Nous condamnons et réprouvons les ivrogneries, les disputes, les jeux mauvais et déshonnêtes, les danses, comme n’étant pleines que de folies, les mauvaises chansons ; en un mot, tout ce qui ne peut porter qu’à l’impureté, et généralement tout ce qui n’est qu’une profanation des saints jours de fêtes. » Le concile de Reims, tenu en 1583, au titre des jours de fètes, défend expressément de profaner ces saints jours par des jeux et des danses : Iisdem diebus, nemo ludibus, aut choreis det operam. […] Le concile de Bordeaux, tenu ensuite en 1624, parlant de la célébration des fêtes, commence par remarquer que le cœur de l’homme est si naturellement porté au mal, que ce que les saints pères ont autrefois établi pour réunir les peuples dans des assemblées de prières, ne sert plus, par un renversement étrange, qu’à les emporter dans différens excès. […] En vain croiroit-on pouvoir affoiblir la preuve, qui résulte en général des décrets de ces conciles contre les danses, sous prétexte qu’il ne s’y agit que des jours de fêtes et de dimanches, et du temps des saints offices ; en vain voudroit-on en conclure qu’en d’autres jours et en d’autres temps les danses ne sont point défendues par les conciles.
St. […] Peut-on nier qu’il n’y ait dans ces dernières tous les traits de ressemblance avec celles dont parle le saint docteur ? […] Sur quoi le saint docteur commence par ces mots : (hom. […] Rien n’est plus touchant que le récit que ce Saint fait lui-même à Alippe du fruit de son discours. […] Je finis toutes ces autorités des saints contre les danses, par celle de S.
Ce saint docteur nous parle encore à nous-mêmes dans ses sermons qui sont venus jusqu’à nous ; écoutons-le avec le respect que mérite un si grand saint, et plus encore la vérité éternelle qui a parlé par sa bouche. […] Ce saint parle encore sur la même matière, dans une homélie sur l’épître aux Colossiens ; il le fait même avec plus d’étendue que dans celle que je viens de citer. […] De plus, les chrétiens doivent agir saintement dès les commencemens, afin que les commencemens étant saints, le reste le soit aussi. […] N’est-ce pas se moquer de Dieu, et avoir appelé l’Eglise et les anges pour être un jour témoins contre cette perfidie et cet abus des choses saintes ? […] Aux mystères des chrétiens, il ne faut que prières, cantiques saints, honnêteté, modestie.