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17. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE III. » pp. 30-46

Le triomphe de celui-ci & la mort de l’autre présentent au génie une foule de Tableaux plus piquants, plus pittoresques les uns que les autres, & dont les contrastes & le coloris doivent produire les plus vives sensations. […] Si l’uniformité regne dans un Ballet, si l’on ne découvre pas cette diversité d’expression, de forme, d’attitude & de caractere que l’on rencontre dans la nature ; si ces nuances légeres, mais imperceptibles, qui peignent les mêmes passions avec des traits plus ou moins marqués, & des couleurs plus ou moins vives, ne sont point ménagées avec Art & distribuées avec goût & délicatesse, alors le Tableau est à peine une copie médiocre d’un excellent Original, & comme il ne présente aucune vérité, il n’a ni la force, ni le droit d’émouvoir ni d’affecter. […] Cette différence du Tableau au Portrait devroit être également reçue dans la Danse ; le Ballet, comme je le sens, & tel qu’il doit être, se nomme à juste titre Ballet ; ceux au contraire qui sont monotones & sans expression ; qui ne présentent que des copies tiedes & imparfaites de la nature, ne doivent s’appeller que des divertissements fastidieux, morts & inanimés. Le Ballet est l’image du Tableau bien composé, s’il n’en est l’original ; vous me direz peut-être qu’il ne faut qu’un seul trait au Peintre, & qu’un seul instant pour caractériser le Sujet de son Tableau, mais que le Ballet est une continuité d’actions, un enchaînement de circonstances qui doit en offrir une multitude ; nous voilà d’accord, & pour que ma comparaison soit plus juste, je mettrai le Ballet en action, en parallele avec la galerie du Luxembourg, peinte par Rubens : chaque Tableau présente une Scene, cette Scene conduit naturellement à une autre ; de Scene en Scene on arrive au dénouement, & l’œil lit sans peine & sans embarras l’Histoire d’un Prince dont la mémoire est gravée par l’amour & la reconnaissance dans le cœur de tous les François.

18. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 3 mars : Pomone — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 11 avril 1671 »

Robinet, lettre du 11 avril 1671 À propos, le grand Opéra, Qui fait tant de bruit dans Lutèce,158 Attira la Royale Altesse Pour qui je m’escrime des Doigts, Mardi, pour la seconde fois, Avec sa jeune, et belle Infante, Déjà si vive, et si brillante : Et deux des plus lestes Sauteurs, Avec pareils nombre d’Acteurs, Collation leur présentèrent, Que les derniers accompagnèrent D’un compliment très-musical.

19. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 4 décembre. Grands mots, petites danses. »

Mais aussi quel péril que de se présenter devant des gens qui viennent de se remplir la vue et l’âme des gris-perle de Braque et des savantes rondeurs des Maillol ! Dans la même salle, Mlle Isabel d’Etchessary a présenté la Danse polyrythmique qui est aussi une « danse sans musique » et qui s’énonce sous les espèces de « chœurs du silence » autrement dit de « poèmes chorégraphiques ».

20. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre première. À Voltaire. » pp. 2-7

Le temple de l’Amour me présente une multitude de tableaux voluptueux ; l’arrivée de la discorde conduite par la rage me fournit une esquisse d’un pas de deux marqué an coin du terrible, et l’amour s’unissant a ces deux furies me suggère l’idée d’un pas de trois plein d’action et de grouppes pittoresques, ceci, à ce que j’imagine, fera l’exposition de l’action. […] L’entrevüe de Henri avec la belle Gabrielle décélera la situation de leurs âmes : leurs coeurs percés du même trait palpiteront d’amour ; les images de la volupté et de sa suite détermineront les deux amants à se livrer aux sentimens qui les inspirent ; une troupe d’enfans, sous la forme des Amours, des Zéphirs, des Jeux et des Ris composeront plusieurs grouppes distribués autour de Henri et de la belle Gabrielle ; ces enfans formeront des jeux avec les armes du héros, ils couronneront de fleurs son casque, et sa cuirasse ; plusieurs nymphes, de la suite de la volupté, présenteront à Henri un casque artistement composé, et des armes embellies par ce que la galanterie a de plus recherché. […] Je joins ici un éxemplaire de mes lettres sur la danse, je n’osai vous le faire parvenir parceque je ne le croyois pas cligne d’occuper une place dans votre bibliothèque ; un prétexte bon ou mauvais se présente, et j’en profite avec empressement.

21. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Les Amours de Vénus, ou les Filets de Vulcain. Petit ballet en action. » pp. 169-175

On lui présente ses armes ; Vénus joue l’évanouissement ; elle tombe dans les bras des Graces. […] L’Amour lui jure que dans l’instant, il lui ramènera son Berger, mais il exige de sa mère un baiser pour prix de ce service ; la faveur lui est accordée ; il part et revient ; mais au lieu de lui présenter Adonis, il lui amène Vulcain.

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