Je continue mes remarques, Monsieur ; vous avancez, d’après des rapports infidèles : qu’il est actuellement à Rome et à Naples des jeunes gens, qui n’ont jamais rien entendu de Sacchini ni de Piccini ; les ouvrages s’y succèdent et s’effacent tour à tour. […] En supposant, comme vous l’avancez, que les ouvrages Italiens se succèdent et s’effacent tour à tour, c’est rendre hommage à la fertilité des compositeurs de cette nation, à la fécondité de leur imagination et à la richesse inépuisable de leurs compositions. […] Rameau créa un nouveau genre ; son génie triompha des vieilles rubriques ; ses riches compositions étoient alors d’une exécution difficile : en effet le Trio des parques de l’opéra, d’Hypolite et d’Aricie ne put être exécuté qu’après six semaines de répétitions : cependant-il étoit confié aux seconds chanteurs de l’opéra, en 1773 Rameau donna son opéra des Indes galantes, ouvrage rempli tout à la fois de science, de goût et d imagination ; le tremblement de terre fait pour le second acte de cet ouvrage , ne put jamais être exécuté par l’orchestre de l’opéra ; cependant des musiciens habiles et de bonne volonté jouèrent ce morceau à la seconde lecture avec infiniment d’ensemble et de précision ; et l’effet qu’il produisit, entraina les auditeurs au sentiment de l’admiration.
Non seulement elle me permet de lui dédier mon ouvrage, mais elle daigne ajouter encore à cette grâce, celle de le faire imprimer à mon bénéfice. […] Sire, les artistes qui ont besoin d’être encouragés, iront se réfugier dans votre empire et s’empresseront de consacrer dans leurs ouvrages la générosité du nouvel Alexandre, qui les protège d’une manière si éclatante.
Des Ballets Bouffons Le premier et peut-être le meilleur ouvrage de ce genre fut représenté à Venise sur un Théâtre public85, sous le titre de la Verita raminga ; ce qui veut dire, La Vérité vagabonde, qui n’a ni feu ni lieu. […] Ce n’est plus une figure triste, fâcheuse, dégoûtante : c’est un personnage vif, gai, amusant, dont la parure et les discours sont désormais l’ouvrage aimable des grâces. […] On ne compose guère depuis longtemps ces ouvrages, que sur des sujets bas, communs, et dans le goût de nos farces anciennes ; mais le sortilège d’une Musique vive et saillante les rend extrêmement piquants.
MONSEIGNEUR, Je sçai que des Noms comme le vôtre, qui servent de soutien à tout ce que les Sciences & les beaux Arts ont de plus noble & de plus élevé, ne devroient paroître qu’à la tête des plus grands Ouvrages. […] Rien ne pourroit mieux assurer la réüssite de cet Ouvrage, que l’approbation d’un Seigneur, qui a executé avec autant d’agrément que d’exactitude, les Regles que nous cherchons à établir.
Les ouvrages s’y succèdent et s’effacent tour à tour. […] En France, on respecte assez le talent et le style de chaque compositeur, pour y voir chaque ouvrage à part et en entier, afin de pouvoir juger quel dégré d’estime on doit à son auteur. En Italie, on écoute attentivement quelques morceaux vantés, et pendant tout le reste de l’ouvrage, on joue, on boit, on mange, ou l’on jase comme dans une place publique, ou dans un café bruyant.