» — « C’est que vous avez oublié de faire boire vos jambes ; tenez, mon ami, je vais vous montrer un bon Anglais qui, après avoir diné à la Taverne, et avoir avalé sans tricher, cinquante rasades, monte à cheval pour regagner sa maison de campagne Voisine de Londres, accompagné seulement par un Jokey, presqu’aussi bien conditionné que le maître.
Après s’être montrés ainsi à une multitude innombrable, ils arrivèrent au palais du roi où ils dansèrent un grand ballet allégorique. […] M. le duc de Gesvres fit plus ; il voulut montrer combien il désirait d’encourager les beaux-arts modernes, et il fit représenter deux grands ballets nouveaux, relatifs à la fête auguste qu’on célébrait, avec toute la dépense, l’habileté, et le goût dont ces deux ouvrages étaient susceptibles. […] A côté des fêtes brillantes, qui ont illustré cette ville opulente, on serait frappé des ressources des habitants de nos beaux ports de mer, dans les circonstances où le bonheur de nos rois, ou la gloire de la patrie, leur ont fourni les occasions de montrer leur adresse et leur amour. […] Dans la septième, où étaient Saint-Martin et la Souris la cadette, habillés à l’allemande, on montrait un tableau changeant, d’une invention et d’une variété très ingénieuse ; et un veau vivant ayant huit jambes. […] Après ce récit la suite de Terpsichore se montra digne d’être amenée par une muse.
Quand à force d’éxercice & de réfléxions, la Peinture & la Poésie se furent enfin montrées dans leur plus grand lustre, des hommes d’un génie extraordinaire donnerent au Public des ouvrages & des régles en l’un & l’autre genre, pour servir de guides à la postérité, & donner une idée de leur perfection : cependant ces Arts ont été malheureusement négligez depuis la décadence de l’Empire Romain jusque à ces derniers siécles, que Corege, Michel-Ange, Léonard Vinci, Raphael, le Titien, Paul Veronese & Rubens ont paru pour la Peinture ; comme Pétrarque, Dante, le Tasse, Pindare, Marote, Corneille, Moliere, Racine, Boileau, l’Abbé Genest, la Fontaine, la Mothe & Rousseau ont excellé dans la Poésie ; que poussez d’un même esprit, ils ont fait tous leurs efforts pour ressusciter ces deux arts, & les porter à leur premiere perfection : & l’on peut même dire que la Piéce de Théâtre d’Inès de Castro de M. de la Mothe, a couronné ses œuvres, & peut l’emporter sur les plus beaux ouvrages de Raphael & du Titien. […] Pline, Livre V. dit aussi que Giges Lidion fut le premier Peintre en Egipte, & que Perche cousin de Dédale, fut le premier Peintre en Grece ; que Polignote Athénien fut l’inventeur de la draperie transparente, & qu’il enseigna l’art d’ouvrir la bouche & de faire montrer les dents à ses portraits, quand le sujet le requéroit, & qui les affranchit de l’ancienne rudesse de la Peinture par l’adoucissement des traits.
Le 22 juin 1843, après avoir créé à Londres la Giselle, la Tarentule, la Bayadère et la Sylphide, Fanny Cérito se montra sur le théâtre de l’Opéra dans le nouveau rôle d’Ondine.
J’ai voulu vous montrer comment cet art, loin d’être un futile divertissement, loin d’être une spécialité qui se borne à la production de quelques spectacles à l’amusement des yeux qui le considèrent ou des corps qui s’y livrent, est tout simplement une poésie générale de l’action des êtres vivants : elle isole et développe les caractères essentiels de cette action, la détache, la déploie, et fait du corps qu’elle possède un objet dont les transformations, la succession des aspects, la recherche des limites des puissances instantanées de l’être, font nécessairement songer à la fonction que le poète donne à son esprit, aux difficultés qu’il lui propose, aux métamorphoses qu’il en obtient, aux écarts qu’il en sollicite et qui l’éloignent, parfois excessivement, du sol, de la raison, de la notion moyenne et de la logique du sens commun.