Notre DUCHESSE de CHEVREUSE, EN Père et Mari bienheureuse, Et qui, d’ailleurs, ne manque pas D’Écus, de Vertus et d’Appas, Et son ÉPOUX, lequel l’adore, Furent de l’Assemblée encore : Mais j’ignore certainement Quel était leur Déguisement.
Cet art enfant du goût et de l’imagination, peut-il être exercé par ceux qui en manquent ? […] Ces moyens qui sont à la disposition du maître de ballets seroient insuffisants, si le goût ne les distribuoit point avec ordre et économie ; il doit être peintre ; mais comment parviendra-t-il à faire de grands tableaux, si les crayons et les couleurs lui manquent ?
La Poésie de style n’est pas ce qui leur manque : c’est la partie théâtrale, celle du sentiment, et cette coupe rare que peu d’hommes ont connue, qui est le grand talent du théâtre lyrique, qu’on ne croit peut-être qu’une simple mécanique, et qui fait seule réussir plus d’opéras que toutes les autres parties. […] Le chant d’une chanson, d’une cantate, doit exprimer les paroles de la cantate et de la chanson, sinon le musicien a manqué son but ; et le chant, quelque beau qu’il soit d’ailleurs, n’est qu’un contre-sens fatiguant pour les oreilles délicates. […] Lully qui a quelquefois excellé dans l’expression de son récitatif, mais qui fort souvent aussi l’a manquée, a été très fort au-dessous de lui-même dans l’expression de presque toutes les autres parties de sa musique. […] Mais ces morceaux bien faits sont si peu nombreux en comparaison de tous ceux qui ne peignent rien et qui disent toujours la même chose, qu’ils ne servent qu’à prouver que Lully connaissait assez la nécessité de l’expression, pour être tout à fait inexcusable de l’avoir si souvent négligée ou manquée. […] Cependant par l’effet que produit l’acte de Méduse, dépouillé, comme il est réellement, de l’expression qu’il devait recevoir de la musique, qu’on juge de l’impression étonnante qu’il aurait faite, s’il avait eu cet avantage qui lui manque absolument.
Sans cette précaution l’éffet sera nul, le but sera manqué, et la représentation privée de cette vérité qui en impose, ne pourra entraîner le spectateur à l’illusion ; elle ne produira pour lui qu’une sensation médiocre. […] Ce seroit manquer aux règles du goût et des convenances que de vêtir Apollon avec des peaux, de semer de Fleurs l’habit d’Hercule. […] Ce seroit manquer à la convenance et aux lois du costume, de confondre les tems et les lieux par des anachronismes.
On crut ne pouvoir mieux faire que de suivre littéralement et servilement ce qui avait été pratiqué sous les yeux d’un homme, pour lequel on conservait un enthousiasme qui a manqué d’anéantir l’Art.