ils s’égarent et ne rencontrent dans leur course vagabonde que la chimère livrée aux caprices d’une imagination déréglée. Il est heureux sans doute pour les progrès de la danse en action, qu’il y ait quelques maîtres de ballets que leurs fautes et leurs chûtes corrigent insensiblement ; en écoulant la voix du public et celle de l’expérience, ils choisissent des sujets moins diffus et plus généralement connus, ils abandonnent le Romanesque pour se livrer à des compositions moins fantastiques, plus nobles et plus sages ; ils n’essayent plus d’étendre en cinq actes un sujet dont le fond ne supporte que trois actes ; cette extension affoiblit l’action, elle ne marche plus, elle se traîne et se trouve paralisée par des hors-d’oeuvres.
C’est l’exercice auquel Alcibiade s’était livré avec le plus d’ardeur.
Dorval et Clairville encouragés par le danger dèsarment deux de ces cruels ; ils se livrent au combat avec fureur et avec audace, et viennent à chaque instant se rallier auprès de Constance ; ils ne la perdent pas un moment de vue. […] Tels sont, Monsieur, la plupart des hommes qui se livrent au théatre ; ils se croyent tous parfaits. […] Il seroit avantageux, Monsieur, pour la plus grande partie de ceux qui se livrent à la danse et qui s’adonnent aux ballets, d’avoir des maîtres habiles qui leur enseignassent toutes les choses qu’ils ignorent, et qui sont infiniment liées à leur état. […] Le théatre est, ou devroit être le tableau fidele de la vie humaine : or, tout ce qui se fait de décent et de permis dans la société peut être jetté sur cette toile ; tant pis pour ceux que le beau simple ne séduit pas ; si leur cœur est glacé et s’il est insensible aux images intéressantes que présentent des mœurs douces et honnêtes, faut-il qu’un auteur abandonne ses sentimens et renonce à la nature, pour se livrer à des Féeries et des Bambochades ?
Dorval & Clairville encouragés par le danger désarment deux de ces cruels ; ils se livrent au combat avec fureur & avec audace, & viennent à chaque instant se rallier auprès de Constance ; ils ne la perdent pas un moment de vue. […] Tels sont, Monsieur, la plupart des hommes qui se livrent au Théatre ; ils se croient tous parfaits ; aussi n’est-il pas étonnant que ceux qui se sont efforcés de leur dessiller les yeux, se dégoûtent & se repentent même d’avoir tenté leur guérison. […] Il seroit avantageux, Monsieur, pour la plus grande partie de ceux qui se livrent à la Danse & qui s’adonnent aux Ballets d’avoir des Maîtres habiles qui leur enseignassent toutes les choses qu’ils ignorent, & qui sont intimement liées à leur état. […] Faut-il qu’un Auteur abandonne ses sentiments & renonce sans cesse à la nature pour se livrer à des féeries & à des bambochades, ou ne peut-on être ému que par un Spectacle continuel de Dieux & de Héros introduits sur la Scene ?
III Je demande la permission de m’arrêter pour me livrer à l’éclat de rire insensé que m’arrache ce souvenir d’horlogerie poétique.