Au reste, Molière, l’unique, Molière, lequel fait la nique Par son comique, à tous Auteurs, Y joue, avec tous les acteurs Qui composent sa compagnie, Une pièce de son Génie, Qui, pleine de gais Agréments, Fait, des susdits pompeux fragments, Toute la liaison et l’âme, Je vous assure, en belle gamme. Mais j’ay mal dit, mes chers Lecteurs Disant qu’avec tous les acteurs Qui composent sa Compagnie, Il jouait là sa Comédie. […] C’était Mademoiselle Béjart, Qui, toute flatterie à part, Faisait très bien son personnage, Et que ladite anthropophage Occit de son trait meurtrier, À la fin, mercredi dernier : Ayant paru bonne chrétienne, Autant que bonne Comédienne, Et rempli, ce dit-on, du mieux Ce rôle des plus sérieux Que, bien ou mal, tout mortel joue Quand la Parque lu fait la moue.
Loret, lettre du 27 août 1661 La Pièce, tant et tant louée,17 Qui fut dernièrement jouée Avec ses agréments nouveaux, Dans la belle Maison de Vaux, Divertit si bien notre Sire, Et fit la Cour tellement rire, Qu’avec les mêmes beaux apprêts, Et par commandement exprès, La Troupe Comique excellente Qui cette Pièce représente, Est allée, encor de plus beau, La jouer à Fontainebleau, Étant, illec, fort approuvée, Et, mêmement, enjolivée D’un Ballet gaillard et mignon, Dansé par maint bon Compagnon, Où cette jeune Demoiselle Qu’en surnom Giraud18 on appelle, Plût fort à tous par les appâts, De sa personne et de ses pas.
Loret, lettre du 11 août 1663 Dans Clermont, où par excellent28 On montre aux Enfants la science, Plus de cinquante Scolares Bien vêtus, et disant flores Jouèrent, l’autre jour, Thésée, Pièce en Vers Latin composée Selon la beauté du Sujet, Par le docte Père Bouchet, Qui par des grâces non pareilles L’a, dit-on, traitée à merveilles. Par divers ornements nouveaux Le Théâtre était des plus beaux ; Les Scolares fort bien jouèrent, Et quatre Ballets qu’ils dansèrent Donnèrent, très assurément, Un plaisant divertissement.
Ils vinrent tous me saluer à mon hôtel, et jouèrent je ne sais quelle pièce de leur cru. […] Le premier acte eut du succès, les acteurs reprirent confiance et entrèrent dans la peau des personnages, ce qui les fit jouer de façon merveilleuse. […] Elle joua dans tous les théâtres royaux d’Europe. […] J’obtins d’un des directeurs une singulière réponse : si je pouvais garantir que la pièce que Hanako devait jouer était bonne, on l’engagerait. […] La pièce fut jouée trente fois au lieu de dix et deux fois par jour, en matinée et en soirée.
Loret, lettre du 2 août 166436 Sur le soir, une Comédie Très abondante en mélodie, Sujet parfaitement joli, Où les Sieurs Molière et Lully, Deux rares Hommes, ce me semble, Ont joint leurs beaux talents ensemble ; Lully payant d’accords divers, L’autre d’intrigues et de Vers : Cette Pièce (dis-je) galante, Qui me parut toute charmante, Et de laquelle, à mon avis, Les Spectateurs furent ravis, Fut jouée avec excellence Devant cette noble Éminence. Ces deux Filles qui par leurs voix Ont charmé la Cour tant de fois, Savoir Mademoiselle Hilaire, Qui ne saurait chanter sans plaire, Et La Barre, qui pleinement Dompte les coeurs à tout moment, Par le rare et double avantage De son chant et de son visage, Jouèrent si bien leur rôlet Dans la Pièce et dans le Ballet, Remplis d’agréables mélanges, Que, certainement, leurs voix d’Anges Furent dans ces contentements Un des plus doux ravissements.