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12. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XI. » pp. 290-314

Nous disons qu’un homme est jarreté, lorsque ses hanches sont étroites & en dedans, ses cuisses rapprochées l’une de l’autre, ses genoux gros & si serrés qu’ils se touchent & se collent étroitement quand même ses pieds sont distants l’un de l’autre ; ce qui forme à peu près la figure d’un triangle depuis les genoux jusqu’aux pieds ; j’observe encore un volume énorme dans la partie intérieure de ses chevilles, une forte élévation dans le coudepied, & le tendon d’Achille est non seulement en lui grêle & mince, mais il est fort éloigné de l’articulation. […] Aidés par cet exercice, les genoux suivront la même direction & rentreront, pour ainsi dire, dans leur place. La rotule qui semble destinée à limiter le rejet du genou trop en arriere de l’articulation tombera perpendiculairement sur la pointe du pied, & la cuisse & la jambe ne sortant plus de la ligne, en décriront alors une droite qui assurera la fermeté & la stabilité du tronc. […] En voici la raison ; la contraction des muscles dans les efforts du saut roidit les articulations, & force chaque partie à rentrer dans sa place & à revenir à sa forme naturelle ; les genoux ainsi forcés se portent donc en dedans, ils reprennent leur volume ; ce volume met un obstacle aux battemens de l’entrechat ; plus ces parties se joignent, plus celles qui leur sont inférieures s’éloignent ; les jambes ne pouvant ni battre ni croiser, restent comme immobiles au moment de l’action des genoux qui roulent désagréablement l’un sur l’autre, & l’entrechat n’étant ni coupé, ni battu, ni croisé par le bas, ne sauroit avoir la vîtesse & le brillant qui en font le mérite. […] Ceux qui sont arqués ne doivent s’attacher qu’à rapprocher les parties trop distantes pour diminuer le vuide qui se rencontre principalement entre les genoux ; ils n’ont pas moins besoin que les autres de l’exercice qui meut les cuisses en dehors, & il leur est même moins facile de déguiser leurs défauts.

13. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Premiers exercices » pp. 109-114

[2] On doit ployer les genoux dans toutes ces positions, sans jamais lever les talons de terre. […] La hanche et le genou forment et disposent ces mouvements ; la hanche conduit la cuisse pour s’écarter ou pour s’approcher ; et le genou par sa flexion forme le battement en croisant le bas de la jambe soit devant, soit derrière l’autre jambe qui est posée à terre. Supposez donc que vous soyez sur le pied gauche, la jambe droite à la seconde et la pointe appuyée à terre, il faut la croiser devant la gauche, en pliant le genou, et l’étendre en l’ouvrant à côté ; plier du même temps le genou en croisant derrière, puis l’étendre à côté, et continuer à faire plusieurs de ces battements de suite.

14. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre II. De la maniere de bien marcher. » pp. 4-8

Les jambes doivent être fort étenduës dans leur tems, les hanches fort tournées en dehors, parce que les autres parties inferieures se tournent d’elles-mêmes, ce qui est incontestable, d’autant que cette jointure commande & dispose des genoux & des pieds : ce que je viens de dire que les jambes doivent être étenduës dans leur tems, c’est lorsque vous passez l’une ou l’autre, d’étendre fort les genoux, ce qui vous empêche de croiser vos pas : ce feroit un défaut auquel plusieurs personnes sont sujetes faute d’attention : ayant aussi les genoux en dehors & les jambes étenduës, cela empêche le penchant qu’ils auroient à devenir cagneux, & même remet ou accoûtume la rotule dans une meilleure situation.

15. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre III. Des differens mouvemens des bras. » pp. 200-202

On compte dans les bras trois mouvemens de même que dans les jambes, & qui sont rélatifs l’un à l’autre : Sçavoir, celui du poignet, celui du coude, & celui de l’épaule ; mais il faut qu’ils s’accordent avec ceux des jambes, en ce que, si vous faites des demi-coupez en des tems & ouvertures de jambes, & autres pas qui se prennent plus du cou-de-pied que du genou, ce sont les poignets qui agissent, au lieu que si ce sont des pas fort pliez, comme pas de Bourée, tems de Courante, pas de Sissonne, Contretems & autres pas qui demandent du contraste ou de l’opposition, pour lors c’est le coude qui agit, ou du moins qui est le plus apparent ; parce que l’on ne doit pas plier le coude, sans que son mouvement soit accompagné de celui du poignet : ainsi du cou-de-pied & du genou, qui ne peut finir son mouvement sans que l’on soit élevé sur la pointe du pied, qui par consequent est le cou-de-pied qui l’acheve.

16. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXII. Des Piroüettez. » pp. 148-152

Ainsi je suppose que vous deviez le faire du pied droit, & que vous ne deviez tourner qu’un quart de tour à la droite, il faut plier sur le gauche le droit en l’air ; & à mesure que le genou gauche se plie, la jambe droite en l’air marche en formant un demi cercle, puis posant la pointe de son pied derriere la jambe gauche à la troisiéme position, pour se relever sur les deux pointes, ce qui vous fait tourner un quart de tour au lieu que si vous voulez tourner un demi tour, il faut poser la pointe du pied plus croisé jusqu’à la cinquiéme position ; ce qui fait qu’en vous élevant vous tournez un demi tour. […] Il s’en fait d’une autre maniere qui sont pliez sur les deux pieds, & qui sont placez au commencement de la seconde partie de la Bacchante ; ce pas est trés-facile à faire, parce qu’il ne faut que plier sur les deux pieds également, & se relever de même : par exemple, le pied droit étant devant à la quatriéme position, le corps posé sur les deux jambes vous pliez tous les deux genoux, & vous vous élevez également en tournant le corps un quart de tour du côté gauche, au contraire lorsque c’est le pied gauche qui est devant, ce doit être du côté droit que l’on doit se tourner. Il s’en fait un autre dans un genre different des précedens, qui se fait de cette maniere : étant à la deuxiéme ou quatriéme position, car il se prend également de l’une comme de l’autre, & le corps posé sur un seul pied, la pointe de l’autre à terre, vous pliez les deux genoux, & vous vous relevez en sautant sur le pied où le corps est posé ; mais en sautant le pied qui ne posoit qu’à demi, la jambe s’étend en suivant le corps dans le tour qu’il fait, soit à droit ou à gauche, si vous devez tourner du côté droit vous pliez, & vous sautez sur le pied gauche, & la jambe droite & le bras droit s’étend ; ce qui vous fait tourner du côté droit & de même du côté gauche.

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