Que son génie le porte toujours à traiter des sujets d’un genre noble & élevé ! […] Il ne faut à la Danse qu’un beau modele, un homme de génie, & les Ballets changeront de caractere. […] « Et vous jeunes gens, qui voulez vous mêler de faire des Ballets, & qui croyez que pour y réussir, il ne s’agit que d’avoir figuré deux ans sous un homme de génie, commencez par en avoir. […] On ne réussit dans les compositions théatrales qu’autant que le cœur est agité ; que l’ame est vivement émue ; que l’imagination est embrasée ; que les passions tonnent, & que le génie éclaire. […] Livrez-vous à un métier où les mouvements de l’ame soient moins nécessaires que les mouvements des bras, & où le génie ait moins à opérer que les mains. » Ces avis donnés & suivis, Monsieur, délivreroient la Scene d’une quantité innombrable de mauvais Danseurs, de mauvais Maîtres de Ballets, & enrichiroient les forges & les boutiques des artisans d’un très-grand nombre d’ouvriers, plus utiles aux besoins de la Société, qu’ils ne l’étoient à ses amusements & à ses plaisirs.
Je le sens, un tel ouvrage serait probablement fort au-dessus de mes forces, mais j’ai du moins le faible mérite d’avoir entrevu ce que pourrait faire un homme de génie. […] L’histoire nous a transmis les prodiges des Protées, des Empuses, des Pilades et des Bathiles ; ils ne se bornaient pas à des pas légèrement exécutés, à des attitudes régulières, si l’on veut, mais sans âme et sans vie : inspirés par le génie de leur art, ils exécutaient par son secours ce que le poète produit avec des paroles, le musicien avec des sons, le peintre avec des couleurs, le statuaire avec du marbre, c’est-à-dire qu’avec des pas et des gestes ils formaient de grands tableaux et représentaient des fables théâtrales, des véritables drames qui avaient leur exposition, leur nœud et leur dénouement. […] Ils ont créé une danse toute nouvelle, majestueuse, forte et pathétique ; en un mot, les ballets, sous l’ascendant de leur génie, sont devenus une peinture vivante des passions, des mœurs, des cérémonies et des costumes de tous les peuples. […] Les pas, l’aisance de leur enchaînement, la fermeté, la vitesse, la précision, les déploiements gracieux, tout cela s’y trouve réuni ; mais aussi tout cela doit être animé et dirigé par le génie. […] Muni de toutes ces connaissances, l’artiste peut se livrer hardiment à l’effort de son génie ; mais qu’il s’attache surtout à faire un beau choix.
Ce fut le 17 Février 1673, que ce beau génie fut enlevé aux arts et à sa patrie. […] C’est bien le cas de dire qu’à quelque chose malheur est bon ; car le retréci de ce spectacle enchainoit toutes les grandes idées et présentoit sans cesse à l’imagination des artistes, des obstacles que le génie ne pouvoit surmonter. […] Pendant l’intervalle de tous ces incendies, les arts se perfectionnoient ; c’est au milieu des flammes, des ruines et des décombres que le génie s’éleva, et que des hommes célébrés enfantèrent des ouvrages faits pour immortaliser ce spectacle magnifique et pompeux.
Les jeunes gens qui n’étudient point la musique, peuvent fort bien ne pas connoître les chefs-d’œuvre de ces compositeurs estimables ; mais ceux qui se destinent a l’étude de cet art, et qui sont admis aux conservatoires, ne cessent de méditer les leçons que les grands maîtres leur ont laissées ; ils étudient toutes leurs partitions ; ils les comparent, et, lorsqu’ils sont en état d’apprécier le style, la couleur, l’énergie, le goût, les graces et le génie de ces maîtres célèbres, ils butinent dans cette foule de chefs-d’œuvres ; ils se livrent à l’impression de leur génie, et, l’imagination embrasée et remplie de grandes images, ils composent à leur tour, et enfantent des productions qui réunissent aux charmes séducteurs de la mélodie, toutes les richesses de l’harmonie. […] Au commencement du règne de Louis XIV. nous étions dans l’enfance de cet art, et sans le goût et le génie de Mazarin, nous n’aurions peut-être ni opéra, ni musiciens, ni compositeurs célèbres. […] Rameau créa un nouveau genre ; son génie triompha des vieilles rubriques ; ses riches compositions étoient alors d’une exécution difficile : en effet le Trio des parques de l’opéra, d’Hypolite et d’Aricie ne put être exécuté qu’après six semaines de répétitions : cependant-il étoit confié aux seconds chanteurs de l’opéra, en 1773 Rameau donna son opéra des Indes galantes, ouvrage rempli tout à la fois de science, de goût et d imagination ; le tremblement de terre fait pour le second acte de cet ouvrage , ne put jamais être exécuté par l’orchestre de l’opéra ; cependant des musiciens habiles et de bonne volonté jouèrent ce morceau à la seconde lecture avec infiniment d’ensemble et de précision ; et l’effet qu’il produisit, entraina les auditeurs au sentiment de l’admiration.
Ils n’étoient pas suivis strictement ; on les quittoit, on les reprenoit, on les modifioit, ou on les abandonnoit, lorsque les circonstances l’exigeoient, ou qu’elles s’opposoient à la marche rapide, et aux élans du génie. […] C’est le génie seul qui pose ce nombre, et c’est par lui seul que ces caractères vagues et indéterminés parviennent à exprimer des quantités réelles. […] C’est l’éclair du génie qui doit briller sans nuages. […] On ne peut être poëte sans génie. […] C’est l’ouvrage du goût et du génie, c’est le besoin du moment et la nécessité de l’instant qui doivent déterminer le parti du compositeur.