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2. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre II. De la Danse théâtrale des Grecs »

De la Danse théâtrale des Grecs La Pythie déclara par un Oracle, qu’un bon Danseur devait se faire entendre par le seul secours des gestes, comme un excellent Acteur par le moyen de la parole et un grand Chanteur par les différentes inflexions de la voix. […] Le moyen de faire entendre à un homme insensible, qu’il doit être ému, ou à un homme qui est dans un accès de frénésie, qu’il devrait être tranquille. […] Tout le monde est sourd, ou parce qu’il n’entend pas ; ou ce qui est pis encore, parce ce qu’il ne veut pas entendre. Les Grecs qui avaient la vue déliée et l’oreille fine, entendirent l’Oracle, et en conséquence, ils regardèrent toujours la Danse, comme une imitation par les gestes, des actions et des passions des hommes.

3. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] «  Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. » pp. 49-60

Un moment, ne me jugez pas sans m’entendre ; je vais vous déduire mes raisons. […] J’entends de ma petite chambre, située auprès du Boulevard, les clameurs que ces mots font élever contre moi. […] Mais n’est-il pas prouvé qu’on n’entend presque jamais les paroles chantées ? […] Quoi qu’il en soit, un bel-esprit moderne a proposé à tous les Chanteurs de n’articuler que les notes, puisque c’est, dit-il, peine perdue de prononcer des paroles qu’on ne saurait entendre. […] Les Auditeurs auront-ils un plaisir moins vif, entendront-ils moins des airs charmans, & seront-ils moins frappés par des effets admirables de musique ?

4. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IX. De la Musiqué Elémentaire attribuée aux Esprits Aëriens & aux Oracles de l’Antiquité. » pp. 195-211

Ces Philosophes & bien d’autres parlent aussi des concerts que l’on entendoit dans les Isles inhabitées & dans les Forests, dont le Lecteur néanmoins croira tout ce qu’il lui plaira, ne rapportant ce que j’en ai trouvé dans ces Auteurs, que par rapport au sujet que je traite. […] La mort du grand Pan annoncée au Pilote Thamus, du tems de l’Empereur Tibere, semble encore prouver que les Démons ont l’usage de la voix ; joint à ce que dit Aristote, que dans l’une des sept Isles d’Eloüs, qui étoit inhabitée, on entendoit souvent un concert très-harmonieux ; ce qui fit croire dans ce tems-là que c’étoit le lieu d’assemblée pour les réjouissances des Esprits aëriens ou des Satyres. Olaüs magnus dit qu’en bien des endroits peu habitez du Septentrion, l’on entendit souvent des concerts. Pline & Solin assurent qu’au mont Atlas on entendoit aussi des bruits d’instrumens, comme de tambours & de cimbales, qui sembloient former une espece de concert. […] Ils font aussi mention des chênes de la Forêt de Dodonne, qui rendoient des Oracles en musique ; ils disent que l’agitation de ces arbres causée par les vents, faisoit entendre une espece de mélodie : c’est pourquoi il étoit défendu d’en couper une seule branche, sur peine de la vie.

5. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — II, mes débuts sur une vraie scène a deux ans et demi » pp. 16-21

Lorsque la dame eut achevé sa lecture, ma mère entendit ces mots : — Et maintenant nous allons avoir le plaisir d’entendre notre petite amie, Loïe Fuller, réciter une poésie intitulée : « Marie avait un petit agneau. » Ma mère, au comble de la stupéfaction, était incapable de bouger ou de dire un mot. […] Elle ne l’a entendu dire qu’une fois. […] Elle me dit alors que j’avais dù entendre lire cette chose par mon frère. […] Je n’avais alors besoin, avec ma mémoire sûre et toute fraîche, d’entendre un poème qu’une fois, pour le réciter, de bout en bout, sans me tromper d’une syllabe. […] Tandis que j’écrivais ceci, quelques jours avant sa fin, je pouvais l’entendre remuer ou parler, car elle était dans la chambre voisine où deux gardes-malades la veillaient nuit et jour.

6. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — IV » p. 136

On entend mieux les voix, quand on ne voit point les corps. […] Le bon serait que l’on vit de belles figures mimer les êtres ou l’action, et qu’on entendît de beaux chants, sans qu’ils fussent visibles. […] Les beaux mimes faisant voir l’action, les voix invisibles faisant entendre les sentiments et les âmes, quel spectacle ce pourrait être.

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