Les Romains de la Cour d’Auguste, sans rien perdre de leur dignité, avaient accordé des marques de considération à leurs pantomimes, qui avaient dû les exciter aux efforts les plus grands pour continuer de les mériter. […] Il n’y a point de genre, qui pour être porté à la perfection dont il est susceptible, et pour s’y maintenir, n’exige toute l’attention, toute l’application, tous les efforts dont l’homme est capable.
Il faut bien des efforts pour penser à une époque où tout est plastique.
Les pauvres multitudes sont ravies de ne point penser, et de n’avoir même pas à faire le moindre effort d’imagination.
Elle ne vit pas encore en scène, désinvolte, oublieuse de l’effort ; encore elle exécute. […] Malgré un tel excès d’honneur, nous ne nous sommes pas confinés dans cet isolement splendide ; nous sommes, au contraire, revenu aux « Champs-Élysées » pour voir le deuxième programme, étant respectueux de tout effort assidu. […] Ou bien encore il nous fallait un effort audacieux, la recherche de formes d’expression inédites ; nous en aurions apprécié les intentions fécondes malgré toutes les défaillances probables d’une technique en gestation.
Un Bouffon arrive d’Italie ; sur le champ le peuple dansant veut imiter ce sauteur en liberté ; les plus foibles sont toujours ceux qui font les plus grands efforts pour l’égaler et même pour le surpasser. […] Je crois voir, Monsieur, la grenouille de la fable : elle crève en faisant des efforts pour s’enfler, et les danseurs se rompent et s’estropient en voulant imiter l’Italien fort et nerveux. […] Les muscles du tronc se prêtent à cette opération et maintiennent le corps dans une ligne perpendiculaire, tandis que les bras qui ont concouru imperceptiblement à l’effort mutuel de toutes les parties, servent, pour ainsi dire, d’ailes et de contre-poids à la machine. […] Si l’on admet de la force dans l’instant que le corps tombe, et que l’on croie qu’il lui soit possible d’opérer une seconde fois sans un nouvel effort et un nouveau point d’appui contre le quel les pieds puissent lutter par une pression plus au moins forte, je demanderai pourquoi le même pouvoir n’existe pas dans un homme qui s’élance pour sauter un fossé ? […] pourquoi enfin celui qui a combiné mal-adroitement, et qui se voit prêt à tomber dans l’eau, pour n’avoir pas sauté deux pouces plus loin, ne peut-il réitérer l’effort, et porter son corps, par une seconde secousse, au delà du fossé ?