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83. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Le jugement de Pâris. Ballet héroïque. » pp. 171-182

Pendant ces jeux, l’Amour s’est esquivé ; il est allé chercher Pâris pour le séduire et l’enflammer ; et il l’amène au moment où Vénus déploye toutes ses Graces ; une Volupté douce accompagne ses pas et embellit toutes ses attitudes ; le Plaisir et une mollesse voluptueuse s’impriment dans tous ses mouvemens ; Pâris est dans l’enchantement.

84. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « IX. L’escadron volant de la rue Lepeletier. » pp. 190-203

Je revoyais l’entrée des artistes, étroite comme un tuyau d’égout ; la loge qu’emplissait à moitié le monumental fauteuil en cuir vert de la mère Monge, et, à côté de ce fauteuil, le poète sur lequel mijotait le café au lait ou la soupe aux choux dont plus d’une de ces demoiselles n’était point fâchée d’accepter une assiettée ou une tasre… Puis, poussant la porte du tambour qui commandait tous les escaliers des coulisses, se répandant dans ces escaliers, — trottinant, pépiant, fredonnant, riant, décachetant des billets doux, respirant des paquets de fleurs, grignotant des sucreries ou des pommes, — toute l’envolée de ces charmantes créatures, les amours et le plaisir du Paris de ce temps-là, qui étaient la lumière, le mouvement, la vie, l’allégresse de la pauvre vieille bâtisse, et qui ont disparu avec elle dans un tourbillon de flammes, de fumée et de cendres !

85. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la musique moderne »

(B) La cantate demande une poésie plutôt noble que véhémente, douce, harmonieuse ; parce qu’elle doit être jointe avec la musique, qui ne s’accommode pas de toutes sortes de paroles. […] Les Italiens, dont la langue est bien plus douce que la nôtre, prodiguent à la vérité les vitesses dans les roulades ; mais quand la voix a quelques syllabes à articuler, ils ont grand soin de la faire marcher plus posément, et de manière à rendre les mots aisés à prononcer et à entendre. […] Le chant naturel variant dans chaque nation selon les divers caractères des peuples et la température différente des climats, il était indispensable que le chant musical, dont on a fait un art longtemps après que les langues ont été trouvées, suivît ces mêmes différences ; d’autant mieux que les mots qui forment ces mêmes langues n’étant que l’expression des sensations, ont dû nécessairement être plus ou moins forts, doux, lourds, légers, etc. […] Ce n’est point pour faire les doux qu’on y a recours.

86. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VI. Ballade des dames du temps jadis. » pp. 88-

Il bénit chaque jour Rousseau, dont l’ouvrage lui valut un si doux triomphe ; il répète souvent par reconnaissance tous les airs du poème du Génevois, mais depuis longtemps il a jugé à propos de supprimer « Non, non, Colette n’est pas trompeuse. » Caroline Legros Elle pirouetta — dans l’origine — au boulevard du Temple. […] L’œil le plus fin ne s’apercevrait pas de la supercherie, si le tapissier n’eût oublié de prendre ses mesures un peu plus justes, et de ne pas faire la jambe droite plus épaisse que la gauche ; si la gorge, trop élevée, ne faisait soupçonner un estomac en bourre de soie, et si la tunique couleur de chair, s’entr’ouvrant par l’essor des ossements, ne laissait parfois échapper quelques flocons d’une substance qui ne pousse pas sur le corps féminin, mais bien sur le dos d’un être doux et innocent, appelé communément mouton. […] Amour aime la danse ; il veut, dans son ardeur, Ne prendre des leçons qu’à la fille des Grâces : Il sera doux, soumis, diligent, studieux.

87. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

En s’écartant de ces règles, on pourra donner, je l’avoue, de grands, de magnifiques Spectacles ; mais c’est justement alors qu’on tombera dans le défaut dont parle Horace2 au commencement de l’Art poétique. « Vous vous amusez (dit-il) à nous décrire le Rhin, l’Arc en ciel, un Autel de Diane, un Bois sacré, ou les détours d’un ruisseau qui s’échappe avec un doux murmure au travers d’une Campagne délicieuse.

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