Ces deux Arts sont freres ; les accents tendres & harmonieux de l’un excite les mouvements agréables & expressifs de l’autre ; leurs talents réunis offrent aux yeux & aux oreilles les tableaux animés du sentiment ; ces sens portent au cœur les images intéressantes qui les ont affectés ; le cœur les communique à l’ame & le plaisir qui résulte de l’harmonie & de l’intelligence de ces deux Arts enchaîne le Spectateur, & lui fait éprouver ce que la volupté a de plus séduisant.
Par cet artifice la Poésie et la Musique119 unies pour former une expression complète ont fait passer mille fois dans les cœurs des Grecs la pitié, l’admiration, la terreur.
Mais pour que le maitre de ballets arrive à ce but, il est absolument necessaire qu’il exerce son âme à sentir vivement, sa physionomie à recevoir les sensations diverses qu elle lui communique, les gestes qui doivent les rendre avec vérité ; si son coeur est froid, si son âme est glacée, si son visage est invariable et ne se prête point au-jeu des passions, si ses yeux sont fixes et immobiles, si son corps est roide et guindé, et que les articulations propres à le faire mouvoir ne jouent pas avec facilité, si enfin la tête ne se meut pas avec grâce et que les éffacemens du corps ne contrastent pas avec ses diverses positions ; comment un tel maître de ballets pourra-t-il servir de modèle à ses danseurs ?
Le surplus de ces colonnes, jusqu’à leurs chapiteaux, était garni de deux panneaux de lampions, dont le supérieur formait un cœur. […] Henri III devait tout à sa mère ; il n’était point naturellement ingrat ; il avait la pente la plus forte au libertinage, un goût excessif pour le plaisir, l’esprit léger, le cœur gâté, l’âme faible. […] Le cardinal Mazarin avait de la gaieté dans l’esprit, du goût pour le plaisir dans le cœur, et dans l’imagination moins de faste que de galanterie. […] Les vers qu’elle chantait, étaient des louanges délicates, mais sans flatterie ; ils avaient été dictés par le cœur de mademoiselle de Clermont : cette princesse ne flatta jamais, et mérita de n’être jamais flattée. […] Arrivez, auguste Princesse, et recevez avec bonté l’hommage de nos cœurs.
Les voix de femme, si bien faites pour porter l’émotion jusqu’au fond de nos cœurs, n’étaient plus dans leur état naturel qu’un obstacle aux écarts des musiciens ; et ils les auraient abandonnées à perpétuité pour se servir des castrati (qu’on a d’ailleurs employés de tous les temps en femmes sur les théâtres d’Italie), si elles n’avaient eu l’adresse et le courage de gâter leurs voix pour s’accommoder aux circonstances. […] Elle arriva un jour sur la scène par ce monologue qu’on eut la maladresse de lui faire chanter : Déesse des amours, Vénus, daigne m’entendre, Sois sensible aux soupirs de mon cœur amoureux.