Les Anciens, qu’un goût exercé guidait toujours dans leurs Spectacles, avaient eu une attention singulière à employer des Symphonies et des Instruments différents, à mesure qu’ils introduisaient dans leurs Danses des caractères nouveaux : ils s’appliquaient avec un soin extrême, à bien peindre les mœurs, les âges, les passions qu’ils mettaient en Scène.
Si on veut le conserver, il faut s’exercer le plus souvent possible sur les principes avec soin et attention ; il faut surtout se garder de vouloir exécuter sans l’avoir appris, ce que l’on voit faire à un autre, parce que ce qui convient à la disposition de l’un, ne convient pas toujours à la disposition de l’autre, à moins que l’on ne soit assez avancé pour sentir la différence, juger de sa capacité et savoir placer les tems chacun dans leur valeur.
Quoique les reverences que l’on fait avant de danser se forment de même que celles en arriere, elles demandent néanmoins quelques instructions particulieres : c’est pourquoy je prie de faire attention aux regles que je donne pour la bien faire ; ce qui est de consequence, parce que dans quelque compagnie que l’on soit, on est ordinairement très-curieux à regarder qui va danser, & lorsque vous vous y présentez de bonne grace, vous préviendrez si fort en votre faveur, que quand bien même on ne danseroit pas parfaitement, cela donne un mérite de sçavoir faire une reverence de bon air.
Tant qu’on verra des hommes supérieurs dans leur Art, qui fixeront sur eux l’attention des autres ; on verra aussi l’orgueil et l’envie s’épuiser en efforts pour détourner les regards de la multitude et pour la forcer, s’il leur est possible, à briser l’idole qu’elle s’est choisie.
Évidemment il existe des temps de vigueur où toute l’attention est attachée aux jambes, au jeu du coup de pied, au taqueté des pointes, qui s’assemblent et se décroisent ; le torse rigide, à peine épaulé, les bras tombants, restent au repos.