Votre titre n’annonce que la danse, et vous donnez de grandes lumières sur tous les arts ; Votre style est aussi éloquent que vos ballets ont d’imagination ; vous me paraissez si supérieur dans votre genre, que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui vous ont fait porter ailleurs vos talens ; vous êtes auprès d’un Prince qui en sent tout le prix.
Cette façon de penser enfantine est pourtant le grand art du ballet : l’anecdote mimée, l’histoire sans paroles n’étant vraiment que le plus humble degré du drame.
Ce sont là (si j’ose m’exprimer ainsi) les premiers jets qu’a produits cet Art ; mais semblable à ces sources fécondes, qui, presqu’en sortant du rocher, à travers lequel elles se sont frayé un passage, s’étendent, grossissent et forment de grandes rivières, on le vit, dès son origine, se répandre chez toutes les Nations de la terre.
Lorsqu’il s’élèvera parmi nous quelque grand talent assez instruit des possibilités de l’Art, pour se les rendre propres, sa place, n’en doutons point, lui sera marquée dans l’histoire des Artistes fameux, à côté des Pylades et des Bathylles ; et sa Danse digne seule de ce nom sera désormais appelée la Danse Française.
Il n’est aucune circonstance, Monseigneur, qui puisse distraire Votre Altesse Sérénissime de la protection dont elle daigne honorer les Arts.