Sur la musique ancienne Epodes Epodes, (Musique.) chant des anciens chœurs des Grecs, qu’ils exécutaient sans se mouvoir, pour représenter l’immobilité de la terre qu’ils croyaient fixe.

Le plaisir & la douleur produisent des mouvemens au-dehors ; comme la fureur divine qui est un mouvement surnaturel, est obligée de se faire sentir par des transports extraordinaires, l’ame ne la pouvant recevoir qu’elle ne se répande sur le corps : c’est pour cela que les anciens avoient des airs & des chants convenables aux passions. […] Les Anciens ont aussi distingué trois sortes de mouvemens dans les Balets, qui sont les ports du corps, les figures, & les expressions. […] Les Anciens aimoient si fort ces représentations & ces démonstrations dans les spectacles du Théâtre, que quand il faloit représenter le supplice ou la mort violente de quelqu’un, ils prenoient des criminels, pour se faire le plaisir cruel de voir naturellement représenter ces violences. […] Athénée a encore remarqué une infinité de mouvemens que les Anciens observoient dans leurs Balets, selon la diversité des choses qu’ils vouloient représenter. […] Mais l’on peut avouer que les principes de la danse des Anciens ont beaucoup servi à perfectionner la nôtre ; desorte qu’il n’est point de nation qui puisse se vanter aujourd’hui de l’emporter sur les François pour le caractere de toutes fortes de danses, tant pour la composition que pour l’exécution.

Il appela le Chant des Anciens Récitation et leur danse Saltation. […] Je laisse ici la Musique ancienne dont je parlerai à fond dans un ouvrage particulier, pour ne m’occuper que de la danse qui doit être aujourd’hui mon sujet unique. Or je trouve dans tous les monuments anciens la démonstration de ma première proposition. […] Secondement, les Danses des Fêtes particulières des Anciens furent appelées du même nom générique qu’on donnait à la Danse3 théâtrale. […] Que les embellissements que Lully fit à la Danse du théâtre, furent d’abord jugés un Baladinage ; parce qu’ils s’écartaient de l’ancienne tablature commune.

Denis l’Aréopage, dans son Traité de la Hiérarchie, & ce que les anciens Philosophes ont nommé Musique divine ou Musique naturelle. […] Quoique ces preuves soient fort obscures vû leur antiquité, je vais néanmoins en rapporter quelques-unes qui pourront fortifier cette opinion, sans m’arrêter à celle des anciens Payens, qui attribuent l’origine de la Musique aux faussez Divinitez ou à leurs Législateurs. […] C’est ce que les Anciens ont voulu nous faire entendre, par ce qu’ils ont rapporté des Orphée, Amphion, Marsyas, & de tant d’autres fameux Musiciens dans la premiere antiquité, qui émouvoient des corps insensibles par la douceur de l’harmonie des instrumens. […] C’est peut-être sur la connoissance que les Anciens avoient de la Musique naturelle, & de sa conformité avec l’organisation du corps humain, que les Médecins dans l’antiquité étoient obligez de sçavoir la Musique pour l’éxercice de leur Profession. […] Haffenreffer Musicien & Médecin d’Allemagne a fait un Traité de l’harmonie du poulx, qui prouve l’opinion des Anciens.

De la Danse en général, suivant l’opinion des Anciens. […] Ainsi la Danse prophane n’a pas seulement passé chez les Anciens pour un simple divertissement, mais aussi pour une espece d’étude & d’aplication nécessaire, pour régler tous nos mouvemens & même nos passions les plus dominantes. […] Cet exercice étoit si estimé chez les Anciens, qu’une personne de l’un ou de l’autre sexe qui ne sçavoit pas danser, passoit pour n’avoir point eu d’éducation dans sa jeunesse : c’est pourquoi les Législateurs ne regarderent point non plus la Danse comme un simple amusement. […] Ce fut aussi de-là que les Grecs tirerent l’origine des Strophes & des Antistrophes de leurs anciennes Tragédies. […] Les Romains, à l’exemple des Anciens, avoient coutume d’aller souhaiter la bonne année aux grans Seigneurs, avec des accompagnemens de musique, des danseurs & des danseuses ; il y avoit une danse particuliere pour ce jour-là, au dire de Virgile : chaque fête avoit la sienne.