Le ballet bien composé est une peinture vivante des passions, des mœurs, des usages, des cérémonies et du costume de tous les peuples de la terre : conséquemment il doit être pantomime dans tous les genres, et parler à l’âme par les yeux ; est-il dénué d’expression, de tableaux frappants, de situations fortes, il n’offre plus alors qu’un spectacle froid et monotone. […] La réussite de ce genre de spectacle dépend en partie du bon choix des sujets et de leur distribution. […] Si le spectacle de M. […] Mentor, dans un spectacle de danse, peut et doit agir en dansant ; cela ne choquera ni la vérité, ni la vraisemblance, pourvû que le compositeur ait l’art de lui conserver un genre de danse et d’expression analogue à son caractère, à son âge, et à son emploi.
Le spectacle héroïque de l’ancienne chevalerie formera toujours un spectacle intéressant, lorsqu’il sera présenté à une nation qui aime l’honneur et qui chérit la gloire. […] Si les jeux institués dans la Grèce firent germer l’amour de la gloire et de la patrie ; si l’espérance d’un triomphe passager fit éclore tant de grands hommes, et donna tant de défenseurs à la république Romaine ; quels effets ne dut pas produire sur une noblesse guerrière, le spectacle magnifique des Tournois ? […] Un silence profond qui en impose, et fait naître le trouble et l’espérance, ajoute à la pompe du spectacle.
Est-il dénué d’expression, de tableaux frappants, de situations fortes, il n’offre plus alors qu’un Spectacle froid & monotone. […] La réussite de ce genre de Spectacle dépend en partie du bon choix des sujets & de leur distribution. […] Le Spectacle de M. […] Mentor, dans un spectacle de Danse, peut & doit agir en dansant ; cela ne choquera ni la vérité ni la vraisemblance, pourvu que le Compositeur ait l’Art de lui conserver un genre de Danse & d’expression analogue à son caractere, à son âge & à son emploi : je crois, Monsieur, que je risquerois l’aventure, & que de deux maux j’éviterois le plus grand, c’est l’ennui, personnage qui ne devroit jamais trouver place sur la Scene.
Un spectacle magnifique succéda à cette entrée pittoresque. […] Ce repas extraordinaire fut suivi d’un spectacle encore plus singulier. […] Spectacles [Article de Jaucourt]. […] M. le duc d’Aumont fut chargé en 1754 des préparatifs des spectacles. […] Mais il faudrait donc employer à tous ces spectacles des machines?
Avec le quart des frais immenses qu’on y employa pendant le Règne de Louis XIII pour une multitude presque innombrable de Spectacles dont elle ne fut pas plus égayée, et qui ne jetèrent aucune sorte de lustre sur la Nation, on aurait pu la rendre l’admiration de l’Europe. […] Les personnages qu’on voyait sur ces chariots étaient ceux qui allaient représenter un Ballet devant le Roi, et dont on formait par cet arrangement un premier spectacle pour le Peuple, dont la foule ne saurait, à la vérité, être admise dans le Palais ; mais qui dans ces occasions doit toujours être compté pour beaucoup plus qu’on ne pense. […] La Religion réunissant la Grande-Bretagne au reste de la Terre 115 était le sujet de ce spectacle.
Elle débuta en 1704, et demanda sa retraite en 1730, elle fit le charme de ce spectacle pendant vingt cinq années. […] Elle ne paroissoit plus à l’opéra en 1745, époque où je commençai fréquenter ce spectacle : mais je la vis souvent chez elle. […] Camargo les exécutoit avec une extrême facilité, elle ne dansoit que des airs vifs, et ce n’est pas sur ces mouvemens rapides que l’on peut déployer de la grace : mais l’aisance, la prestesse et la gaieté la remplaçoient ; et dans un spectacle où tout étoit triste, traînant et langoureux, il étoit heureux d’avoir une danseuse aussi animée, et dont l’enjouement pût tirer le public de l’assoupissement où le plongeait la monotonie.
En s’écartant de ces règles, on pourra donner, je l’avoue, de grands, de magnifiques Spectacles ; mais c’est justement alors qu’on tombera dans le défaut dont parle Horace2 au commencement de l’Art poétique. « Vous vous amusez (dit-il) à nous décrire le Rhin, l’Arc en ciel, un Autel de Diane, un Bois sacré, ou les détours d’un ruisseau qui s’échappe avec un doux murmure au travers d’une Campagne délicieuse. […] Je pense qu’on doit ranger les Compositeurs de tels Ballets dans la Classe des Poètes qui font des parades, et les Danseurs Grotesques dans celle des Pierrot des Polichinelle, des Scaramouche, personnages célèbres de pareils spectacles consacrés communément aux tréteaux. […] Il faut qu’il soit lui-même fortement affecté de tout ce qu’il veut représenter, qu’il éprouve enfin et qu’il fasse sentir aux Spectateurs ces frémissements intérieurs, qui sont le langage avec lequel l’horreur, la pitié, la terreur parlent au-dedans de nous, et nous secouent au point de pâlir, de soupirer, de tressaillir, et de verser des larmes ; malgré la persuasion où nous sommes que ce qui nous rend si sensibles, n’est qu’un être artificiel, une imitation dénuée de cette force, et de cette vérité éloquente qu’emploie la nature dans ses spectacles réels. […] Quant à moi, content de lui avoir donné un essai de ce genre de spectacles, en qualité de compositeur, s’il daigne applaudir à mes recherches, à mes études, aux efforts que je fais pour l’amuser, je ne lui demande pas davantage ; cette gloire me suffit. […] Noverre à Stuttgart avec tant de succès ; que d’autres personnes encore plus dangereuses pour les talents ne manqueront pas de tourner en plaisanterie ce genre de spectacles.
Le grand Ballet qui fut dansé par la Troupe leste qui avait suivi la Renommée, exprimait cette vérité par un pas de joie noble et vive qui termina ce grand spectacle. […] C’est par ce vol que fut terminé ce bizarre Spectacle. […] On fit servir à ce spectacle les débris des décorations, des habits, des machines qu’on avait employés l’année précédente à la représentation de la tragédie de Mirame 113 ; ouvrage si peu fait pour réussir, que tout le pouvoir du premier Ministre ne fut pas assez fort pour l’empêcher de tomber ; mais qui, à le considérer philosophiquement, fut cependant le premier fondement de notre Théâtre. [Voir Ballet] Les soins du Ministère, ses dépenses, la construction d’une Salle nouvelle dans Paris firent comprendre à la Cour et à la Ville que les Spectacles publics, vus jusqu’alors avec assez d’indifférence, méritaient sans doute quelque considération ; puisqu’ils occupaient la prévoyance, les soins, les sollicitudes d’un Ministre, que, malgré toute leur haine, ils étaient forcés d’admirer. […] Nous devons à la protection singulière que le Cardinal de Richelieu accordait à ce mauvais ouvrage, ou à l’intérêt plus particulier qu’il prenait à son succès notre première Salle de Spectacle un peu régulière.
Accoutumée à jouir de la docilité des Français, elle ne prévoyait point les discordes civiles, et son génie n’était pas assez vaste pour pressentir comme Auguste, l’utilité des Spectacles publics. […] Jean-Antoine Baïf né à Venise pendant le cours de l’ambassade de Lazare Baïf son père, et de retour en France après sa mort, y fit pour la Musique les mêmes tentatives que le Cardinal Riari avait faites à Rome pour les Spectacles en général.
Servons-nous de nos yeux un peu éblouis et prenons, en toute humilité, notre part de joie à ce spectacle rare. […] Que nous reste-t-il du spectacle cambodgien au Pré-Catelan, en 1906 ?
Robinet, lettre du 31 août 1669 Notre belle et riante COUR Des mieux se grandit chaque jour, Et maintenant elle s’égaie, AU CHÂTEAU SAINT GERMAIN EN LAYE, Dans son Spectacle très charmant, Composé magnifiquement De ravissantes Mélodies, De Ballets et de Comédies, Où la digne TROUPE du ROI Fait miracle, en très bonne foi, Jouant la PRINCESSE D’ÉLIDE, Pièce d’un style fort fluide, Partie en Prose et l’autre en Vers, Et pleine d’Ornements divers, Que, par l’ordre de notre SIRE, MOLIÈRE a faite, et c’est tout dire.
Je meurs de déplaisir de n’y pouvoir pas être, Car bien du monde, ici, qui pense s’y connaître, Dit que l’artifice en surprend Et que le Spectacle en est grand.
Néanmoins j’ose dire, malgré l’opinion des Grecs, qu’un génie heureux, avec quelques principes pour les Spectacles, peut réussir sans posseder toutes ces Sciences, comme nous l’avons vû dans Messieurs Moliere & de Lully, Quinault & de Beauchamps, dont les œuvres ont fait l’admiration de nos jours. […] Tous ces chantres & ces danseurs n’étoient aussi, à bien prendre, que des Saltimbanques & des boufons ; & ce fut pour purger le Théâtre de ces spectacles indécens, que les Grecs eurent recours aux Balets sérieux & réglez, dont l’usage a passé depuis dans la plus grande partie des Cours de l’Europe. […] TABLE des Balets représentez dans les Cours de l’Europe, depuis la restauration des spectacles environ l’an 1450, jusqu’en 1723. […] Comme le Roi en avoit fait la dépense, rien ne fut épargné pour l’embellissement du spectacle, pour les machines, les décorations, & la magnificence des habits. […] La cinquiéme étoit une troupe de fumeurs assemblez dans une Tabagie, ou lieu destiné à fumer : des Turcs, des Maures, des Espagnols, des Portugais, des Allemands, des François, des Polonois, & d’autres nations recevoient le tabac des Indiens & s’en servoient diversement : ils finirent le spectacle.
Étant allé voir, ce jour même, Notre GRAND PORTE-DIADÈME, Je fus vraiment sollicité Par une obligeante BEAUTÉ De demeurer à ce Spectacle ; Mais, par un malheureux Obstacle, Ayant des Affaires Ici, Il m’en fallut sevrer ainsi.
Les spectacles récents nous ont permis de nous documenter plus amplement sur Mlle Camille Bos, sur sa manière d’être et d’agir en scène, sans que notre opinion première s’en trouve modifiée. […] J’ai assisté récemment à un spectacle où, par les hasards du fameux tour de liste, Mlle Debry, qui est Phryné, dansait Cléopâtre et Lorcia qui est Cléopâtre, faisait Phryné.
Princesse, en attendant ce temps, Le Ciel rendre vos vœux contents, Et permette que ce spectacle Vous puisse ravir, à miracle.
Loret, lettre du 22 avril 1662 Mardi, le grand Ballet d’Hercule, Commençant par un Préambule, Où quatorze Fleuves divers Font de mélodieux Concerts, Fut redansé dans cette Salle, Qui pour Ballets n’a point d’égale ; Lequel Ballet, je vous promets, Fut plus admiré que jamais, Etant abondant en miracles, Et l’un des plus pompeux spectacles, Qui dans mille effets éclatants, Ait paru depuis cinquante ans.
Je dois être, à mon tour, Mardi, De ce grand Spectacle, ébaudi : Et puis, je ne faudrai d’en mettre Un plus ample Article en ma Lettre.
Ces deux grands tableaux de genre différent, offerts dans leur jour aux regards des Athéniens, leur en rappelèrent un troisième qui devait nécessairement augmenter le charme du Spectacle. […] Devenue en France une partie essentielle d’un nouveau spectacle, que les Romains auraient jugé digne de leur magnificence ; et qui aurait flatté le goût délicat des Grecs, il est inconcevable que ses progrès aient été si lents.
Quinault, à qui rien n’échappait, l’avait aperçu, et en partant de cette expérience, il n’eut garde de laisser la danse oisive, dans le plan ingénieux et raisonné de son Spectacle. […] Dans chacun de ses Opéras, on trouve des moyens de Spectacle, dont jusqu’ici il semble qu’on ne se soit point aperçu, et qui seuls seraient capables de produire les plus grands effets.
Ce n’est pas là un « sketch », un abrégé de spectacle qu’on bâcle nonchalamment. […] Quant à la Poupée d’Arlequin qui clôt la suite, c’est la partie la plus complète, la plus heureuse, de ce passionnant spectacle.
Vous avez vu, dans les spectacles lyriques, s’affronter sans se confondre, deux races, deux humanités, deux entités antinomiques : les chanteurs, autant de poissons se débattant sur le sable et les danseurs nageant dans leur élément, ivres d’espace et d’harmonieuse exaltation. […] Mais notre tradition comporte une lacune, nous manquons, pour le spectacle de danse d’un langage mimique, car la pantomime conventionnelle du ballet n’est qu’une grammaire pour sourds-muets.
Subligny, vingt-sixième semaine, lettre du 18 novembre 166659 Quelqu’un de SAINT GERMAIN vient de me rapporter Que l’on vous y prépare un assez doux spectacle, Et, cela supposé, ce n’est pas grand miracle Que vous ne le puissiez quitter.
Loret, lettre du 4 décembre 1660 Xerxès, Poème Dramatique, Qu’on ne récite qu’en musique, S’est plusieurs fois représenté Au logis de Sa Majesté ; Il ne m’a point, par ses merveilles, Charmé les yeux, ni les oreilles, Car je n’ai pu, pour voir cela, Parvenir encor jusque là : Mais des Barons, Marquis et Comtes, M’en ont fait tout plein de beaux contes, Et le Théâtre, seulement, Est construit si superbement, Qu’on ne saurait voir ce spectacle Sans, tout soudain, crier miracle.
Ailleurs, je reprendrai Carrière Sur cette pompeuse matière, Qu'ici, je ne fais qu’effleurer, Faute de place pour narrer Ce Spectacle, presque céleste Et, dedans le blanc qui me reste.
La Danse est tellement unie à la Musique, qu’on ne peut faire en général un beau spectacle, si elle n’est de la partie. […] Il ajoûte que les Législateurs introduisirent des fêtes, des festins, des spectacles, des feux de joie, & des jeux innocens, pour augmenter les réjouissances publiques, entretenir les peuples dans la soumission, & délasser quelquefois l’esprit des Princes & des Magistrats de leurs occupations sérieuses. […] Alors un fameux Pantomime du tems de Néron, qui avoit le corps souple & les gestes excellens, pria Démétrius de ne le point condamner sans l’avoir vu jouer son personnage ; desorte qu’ayant fait cesser les voix & les instrumens dans le spectacle, il représenta devant lui l’adultere de Venus & de Mars, où étoit exprimé le Soleil qui les découvroit, Vulcain qui leur dressoit des embuches, les Dieux qui accouroient au spectacle, Venus toute confuse, Mars étonné & suppliant, & le reste de la fable représenté avec tant d’art & d’expression, que le Philosophe s’écria qu’il croyoit voir la chose même, & non pas sa représentation, & que ce Pantomime avoit le corps & les mains parlantes, comme un Comédien qui s’exprime par la voix. […] Ainsi la perfection de cet art est de contrefaire si bien ce que l’on joue, qu’on ne fasse ni gestes ni postures qui n’ayent du rapport à la chose qu’on représente, & surtout qu’on garde le caractere de la personne, soit d’un Prince, ou de quelqu’autre que ce soit ; ce qui fit dire encore à un étranger de considération qui n’avoit jamais assisté à ces sortes de spectacles, ne voyant qu’un seul Danseur avec des masques & des habits differens pour représenter un Ballet, qu’il falloit que dans un seul corps il y eût plusieurs ames. J’ai vû dans un spectacle à la Foire S.
[Première partie] 1Dans le Programme que j’ai publié, il y a trois ans, à l’occasion du Ballet de Don Juan, j’ai donné quelques notions de la Danse Pantomime des Anciens ; et ayant promis d’en parler plus amplement, lorsque je ferais paraître quelque nouveau Spectacle de ce genre, je vais m’acquitter de mon engagement à l’occasion du Ballet de Sémiramis que je fais paraître aujourd’hui sur la Scène. […] 5C’est Lucien qui nous a laissé tout ce que nous avons de plus complet sur ces sortes de Spectacles ; mais en lisant tout ce qu’il exige d’un Danseur Pantomime, on voit que nous sommes bien éloignés de la perfection des Danseurs Anciens, supposé qu’il s’en soit trouvé qui aient réuni toutes les qualités demandées par ce Philosophe. […] 12Mais si les Danseurs Pantomimes représentaient des sujets tragiques ; si leurs Spectacles étaient préférés à la Tragédie simplement récitée ; si à côté des grands noms de Roscius, d’Andronicus, et d’Esope Comédiens, on trouve placés ceux de Pylade, de Bathylle, de Dyonisia, et de tant d’autres Pantomimes célèbres ; si la passion extrême que les Romains avaient pour leurs représentations alla jusqu’à partager le peuple en deux factions, les verts et les bleus, qui ont subsisté même après la décadence de l’Empire ; il est hors de doute que ces Danses faisaient alors sur les Spectacles des impressions beaucoup plus vives que le simple jeu des Comédiens ; et il me paraît démontré, ce que Lucien assure, et que j’ai rapporté plus haut, que des Peuples tels que les Grecs et les Romains pleuraient aux Danses Pantomimes tragiques, tout de même qu’aux Tragédies déclamées. […] 14On sent bien d’abord que les trois unités de lieu, de temps, d’action leur sont presque autant nécessaires qu’aux Comédies et aux Tragédies ; mais sans entrer ici dans des discussions qui nous mèneraient trop loin, je crois que quant à la première unité, on peut mettre à profit cette étendue qui lui a été donnée par des Poètes illustres, soit pour enrichir la décoration du Spectacle, soit pour éviter les inconvénients indispensables qui résultent presque infailliblement d’une restriction trop scrupuleuse.
Soit que l’esprit se fût développé par la continuité des Spectacles publics, qui sont toujours l’École la plus instructive de la multitude, fait qu’à force de donner des Fêtes à la Cour, l’imagination s’y fut peu à peu échauffée, fait enfin que le Cardinal Mazarin, malgré les tracasseries qu’il eut à soutenir et à détruire, y eut porté ce sentiment vif des choses aimables qui est si naturel à sa Nation ; il est certain que les spectacles, les amusements, les plaisirs pendant son ministère, n’eurent plus ni la grossièreté, ni l’enflure qui furent le caractère de toutes les Fêtes d’éclat du Règne précédent. […] Il l’abandonna alors pour toujours, frappé de ces beaux vers du Britannicus de Racine : Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, À disputer des prix indignes de ses mains, À se donner lui-même en spectacle aux Romains, À venir prodiguer sa voix sur un théâtre, etc.
Pareils spectacles sont ma vie, De les voir j’ai toujours envie, J’y courrais bien plutôt qu’au feu ; Puis il faut que j’en parle un peu, Et que de ses pompeux mélanges J’instruise les Pays étranges21 De tous côtés, de bout en bout, Par mes Vers qui courent par tout ; Que si la Reine débonnaire, Dont ma Muse est pensionnaire, La Reine Mère de mon Roy, Ayant un peu de soin de moi, Me faisait l’honneur et la grâce (Ainsi que jadis dans Bourbon) Lors-que ce sera tout de bon : Quoi que j’aie déjà pour Elle Grand bienveillance et grand zèle, Je jure que mon amitié En augmenterait de moitié.
Le beau sexe d’ailleurs, pour comble de malheur, s’était emparé de l’autorité suprême dans les Spectacles publics. […] La passion des femmes Romaines était si folle, qu’elles couraient, les jours où il n’y avait point de Spectacle, dans les loges des Acteurs ; elles tâchaient de s’y dédommager de la représentation qui manquait à leur lubricité, en baisant mille fois les habits et les masques des Pantomimes76.
La nouveauté de ce spectacle, la commodité de jouir de tous les plaisirs du Bal sans soins, sans préparatifs, sans dépense, donnèrent à cet établissement un tel succès, que dans un excès d’indulgence, que j’ai vu durer encore, on poussa l’enthousiasme jusqu’à trouver la salle belle, commode, et digne en tout du goût, de l’invention et de la magnificence Française. […] Avec un peu de soin, une imagination médiocre, et quelque goût, on rendrait ce Spectacle le fond et la ressource la plus sûre de l’Opéra, une école délicieuse de Danse pour notre jeune Noblesse, et un objet d’admiration constante pour cette foule d’Étrangers, qui cherchent en vain dans l’état où ils le voient, le charme qui nous le fait trouver si agréable.
D’ailleurs le renouveau du spectacle de danse français se produit sous l’influence évidente des ballets russes. […] Dethomas, ou bien celle de Daphnis par Fokine, ce sont là les étapes d’une renaissance — qui du reste, est retardée par deux faits graves : l’absence d’une conception élaborée et stable de ce que doit être, à l’Opéra, le spectacle de danse ; l’absence d’un maître de ballet qui aurait l’autorité nécessaire pour faire aboutir une telle conception.
La première y introduisit la pompe et la magnificence, et la seconde y ajouta une variété absolument ruineuse, et fatigante à l’excès pour tous les artistes employés à ce grand spectacle. […] Ces changemens multipliés ont fait et font encore la ruine de ce spectacle.
Tout ballet laisse un regret : l’âme un instant ravie n’est pas satisfaite : elle retombe ou le spectacle l’a prise, d’où la musique l’a relevée, l’invitant à la suivre, mais ou la danse ne lui a pas permis de se fixer.
Et je reproche amèrement aux organisateurs du spectacle de ne pas avoir fait danser à Smolzoff une de ses variations « solo » qui furent un des événements de la saison passée.
Il veut fuir ; mais il est arrêté par des gouffres de feu, qui s’entrouvrent sous ses pas ; l’ombre menaçante de Gélanior(1) lui apparoît, elle confirme au Tyran la fin de son règne ; l’inscription s’enflamme et devient plus terrible ; le bruit s’accroit ; le feu s’exhale de toutes parts, et Danaüs ne pouvant plus soutenir la vüe d’un pareil spectacle, tombe sans sentiment sur une couchette. […] A ce spectacle, les Danaïdes reculent épouvantées ; Hypermnestre frémissant du crime, que son père exige d’elle, tombe à ses genoux ainsi que ses sœurs ; en vain elles veulent révoquer leurs sermens ; en vain conjurent-elles Danaüs de leur épargner l’horreur et le remords d’un parricide ; ce père barbare est insensible aux larmes et aux prières de ses filles ; il les menace, il entre en fureur, et il leur ordonne en se retirant de lui obéir, et de ne point épargner le sang de leurs époux. […] Danaüs se repaît de ce spectacle ; mais craignant qu’il n’echappe quelque victime à sa vengeance, il enfonce lui-même le poignard dans le sein d’un de ces malheureux, qui imploroit sa clémence ; content de l’énormité de tant de forfaits, il ordonne aux Officiers de fermer les rideaux, et se retire. […] A la lueur d’une lampe suspendue dans la chambre nuptiale, Lincée découvre ses frères massacrés et baignés dans leur sang ; la vue d’un tel spectacle le transporte de fureur ; il veut courir au secours de ses frères ; il veut venger leur mort par celle dn cruel Danaüs ; mais ne pouvant plus soutenir l’idée de tant de forfaits, ni résister à la violence de sa douleur, il tombe sans connoissance dans les bras d’Hypermnestre, elle l’entraîne avec le secours de quelques amis fidèles hors de ce lieu d’épouvante ; elle leur confie les jours de son époux ; elle se retire en implorant leur secours, et en leur recommandant de prendre la fuite avec Lincée.
Ayons le courage de le dire : c’est un spectacle exquis. […] Encouragées par leur intelligente approbation, des femmes exquises réjouirent leurs yeux par d’harmonieux spectacles.
Aussi est-ce jusqu’à l’ame que passe le plaisir qui vient de la représentation ; & c’est ce qui fait que l’homme seul est capable d’être touché des spectacles. […] Les Anciens aimoient si fort ces représentations & ces démonstrations dans les spectacles du Théâtre, que quand il faloit représenter le supplice ou la mort violente de quelqu’un, ils prenoient des criminels, pour se faire le plaisir cruel de voir naturellement représenter ces violences. […] Corneille Tacite nous apprend que Néron fit aussi servir les Chrétiens à de semblables spectacles, après l’embrasement de Rome, pour tâcher de se disculper de l’incendie par lequel il avoit détruit une partie de cette superbe ville.
On me répondit que je pourrais être reçue seulement à l’issue de la représentation et on nous installa, ma mère, Marten Stein et moi, dans un coin du balcon d’où nous pûmes suivre le spectacle. Le spectacle !… Je m’en moquais un peu du spectacle.
Lors de mes représentations de Salomé au théâtre de l’Athénée, M. et Mme Flammarion vinrent un soir dans ma loge après le spectacle, en même temps qu’Alexandre Dumas fils. […] Notre succès fut tel qu’un amateur avait même coupé les rubans de mon chapeau, probablement pour les garder en souvenir d’un spectacle qu’il jugeait mémorable… Dans une autre circonstance, je donnai un spectacle non moins mémorable, mais à un nombre de personnes plus restreint.
En connoissaut la curiosité du peuple, je ne puis ignorer qu’il est des genres de spectacles qui l’attachent de préférence. […] Pour venir au devant de toutes les objections, soit raisonnables, soit puériles ; je dirai que le peuple après avoir vû tous les grands préparatifs de la fête, jouiroit encore du spectacle le plus pompeux et le plus imposant. […] Avouez, Monsieur, que tant de belles choses réunies par le goût et par le génie des arts, offriroient un ensemble vraiment miraculeux, un spectacle unique et ravissant, une fête absolument neuve, où tout brilleroit sans se heurter et sans se détruire, et qui honoreroit autant la nation qui la donneroit, que les artistes qui l’exécuteroient.
Les mosquées sont les théâtres de ce spectacle extraordinaire.
Dans les suites, lorsque le génie s’échauffant par degrés, parvint enfin jusqu’à la combinaison des spectacles réguliers, la Danse fut une des principales parties qui entrèrent dans cette grande composition.
J’ai réuni dans ce volume, qui a pour objet la danse, les chroniques et comptes rendus de spectacles publiés par moi depuis une année et parus pour la majeure partie, sauf indication contraire, dans le quotidien Comœdia.
Je sors de son spectacle et déjà les particularités de ses diverses danses se confondent un peu dans ma mémoire.
Ce spectacle consolant embellit mes derniers jours, et me fait regretter de ne voir qu’en perspective cette Cour brillante, où l’on rencontre la science parée de toutes les graces de l’esprit ; où la philosophie toujours associée à la raison ne cherche point à tromper les hommes par des impostures insidieuses et des promesses mensongères ; où les arts et les talens se développent paisiblement à l’ombre d’un trône que la gloire environne et dont les vertus du Monarque relévent la splendeur.