218. 9. leurs yeux, lisés : leurs yeux.
Je vous exhorte d’y jetter les yeux, si vous desirez d’apprendre encore de nouvelles choses.
De deux choses l’une ; ou le musicien jouoit le discours accentué selon le mouvement donné, ou il avoit sous les yeux une suite écrite de tous les accents du discours, des longues, des brèves, et des repos ; trois ou quatre demi-tons pouvoient donc guider, et trois ou quatre nuances, (telles que voix basse, voix naturelle, voix élevée, voix très-forte, suffisoient pour donner les inflexions convenables, ce que nous exprimons en musique par piano, crescendo, forté. […] Cicéron dit avoir vu des pièces sérieuses de Mévius et d’Andronicus, ou la musique étoit si pétulent, que les acteur (forcés de la suivre sous peine d’être traités sevérement par le public) étoient obligés de rouler les yeux, de faire des contorsions, enfin de se démener comme des forcenés. […] En examinant la variété et la perfection des instrumens que les nations de l’Europe possèdent ; en admirant les chefs d’oeuvre de nos compositeurs ; les rares talens de ceux qui exécutent leur musique savante, le mérite rare des artistes convoitants ; je dirai, dussé-je offenser, quelque Don Quichotte de l’Antiquité, que nous sommes plus licites en instrumens que les Grecs et les Romains, et que notre musique est aussi savante et sans doute plus agréable que la leur ; nous ne la connoissons que par des mots, et pour en juger avec connoissance de cause, et établir une juste comparaison, il faudroit avoir sous les yeux leur noté et leurs partitions. […] Ces deux acteurs modernes nous montroient la nature embellie par les charmes de l’art ; on voyoit leurs formes et leur physionomie ; on voyoit naitre et éclore sur leurs traits tous les signes des passions, et toutes les nuances des affections de l’âme ; on entendoit le langage de leurs yeux, et les feux qui s’en échappoient, répandoient une lumière vive sur toutes les parties de leur physionomie ; leurs gestes libres, mûs par l’ame, étoient naturels ; imprimoient de la force aux mots, et ajoutoient une nouvelle puissance à leur déclamation.
les farceurs, et les marchands d’orviétan comptent beaucoup plus sur la vertu de leurs ballets, que sur celle de leur baume ; c’est avec des entrechats qu’ils fascinent les yeux de la populace ; et le débit de leurs remèdes augmente on diminue à proportion que leurs divertissemens sont plus ou moins nombreux. […] Oui, Monsieur, il est honteux que la danse renonce à l’empire qu’elle peut avoir sur l’âme, et quelle ne s’attache qu’a plaire aux yeux. […] S’il veut persuader, qu’il dessille les yeux trop fascinés des jeunes danseurs, et qu’il leur dise : « Enfans de Terpsichore, renoncez aux cabrioles aux entrechats, et aux pas trop compliqués ; abandonnez la minauderie pour vous livrer aux sentimens, aux graces naïves et à l’expression ; appliquez-vous à la pantomime noble ; n’oubliez jamais quelle est l’âme de votre art ; mettez de l’esprit et du raisonnement dans vos pas de deux ; que la volonté en caractèrise la marche, et que le goût en distribue toutes les situations ; quittez ces masques froids, copies imparfaites de la nature ; ils dérobent vos traits ; ils éclipsent, pour ainsi dire, votre âme, et vous privent de la partie la plus nécessaire à l’expression ; défaites-vous de ces perruques énormes, et de ces coeffures gigantesques, qui font perdre à la tête les justes proportions qu’elle doit avoir avec le corps ; secouez l’usage de ces paniers roides et guindés, qui privent l’exécution de ces charmes, qui défigurent l’élégance des attitudes, et qui effacent la beauté des contours que le buste doit avoir dans ses différentes positions.
Troisieme Position Cette Position est pour les pas emboëtez & autres pas : on la nomme emboëture, & ce n’est pas sans raison : c’est que cette Position n’est parfaite, que lorsque les jambes sont bien étenduës l’une près de l’autre : ce qui fait que les deux jambes & les pieds étant bien serrez, l’on ne peut voir de jour entre deux : ainsi elles se joignent comme une boëte, aussi j’ai tracé cette Figure avec soin, pour qu’on la comprenne plus facilement, & que l’œil qui est le miroir de l’ame donne plus de force à mon expression, en conduisant plus aisément le Lecteur à cette intelligence claire que je desire lui donner.
Par un Dialogue vif, ou par quelque événement adroitement amené, on fait connaître au Spectateur le sujet qu’on va retracer à ses yeux, le caractère, la qualité, les mœurs des personnages qu’on va faire agir : c’est ce qu’on a nommé, l’Exposition. […] Mais vous que la nature a comblé de ses dons, jeunesse vive et brillante qui êtes l’ornement du Théâtre, l’amour du Public, et l’espoir de l’Art, ouvrez les yeux, et lisez.
Mais, quoi qu’Ici je vous en die, Ce n’est rien : il faut sur les Lieux Porter son Oreille et ses Yeux.
Bien que l’or, la laine ou la soie Veuillent à nos yeux vous cacher, Nos cœurs vont partout vous chercher : À votre éclat, à votre mine, Notre esprit connaît ou devine, Et lit dans un je ne sais quoi Les Caractères d’un Grand Roi.
Il est perfide et fin, il est sournois ; il guette le je ne sais quoi qui va venir ; il est plus clairvoyant qu’Effie elle-même, car de ses gros yeux stupides, mais jaloux, il découvre la légère Sylphide ; il prend ce bel oiseau ailé pour une femme de la terre ; il l’a vue recevoir un baiser, et il s’en va pour avertir la fiancée. « Accourez, accourez tous, une femme est là, brillante et parée ; elle m’a vue, elle s’est cachée dans le fauteuil de la grand-mère, sous le plaid du jeune homme. » — On accourt ; Gurn est triomphant, James est troublé. […] Les sœurs du Destin se sont prises par la main, elles vont sans cesse parcourant les terres et les mers, et ainsi tournent, tournent, tournent trois fois. — Trois fois le tigre a miaulé, trois fois le hérisson a gémi. — La sorcière s’abandonne à son incantation magique : œil de lézard, pied de grenouille, langue de chien, fiel de bouc, nez de Turc, et, comme dit Macbeth : — Eh bien ! […] Il fait semblant de ne plus s’inquiéter de la nymphe fugitive ; il n’y pense plus ; il va de çà, de là, sans lever les yeux vers le nuage ; en même temps il tire de son sein l’écharpe vomie par l’enfer. — Fraîche écharpe d’un rose vif, frêle tissu printanier qui porte la mort. — En effet, le charme a réussi ; la Sylphide sera prise au piège. […] Le malheur, c’est d’être obligé de raconter ces belles choses à ceux qui les ont vues, peut-être même à ceux qui les ont sous les yeux ; oui, ce soir, dans une belle loge à l’Opéra de Paris, ou à la Scala, ou bien au théâtre Saint-Charles, ou à Pétersbourg, dans la salle resplendissante de toute la puissance impériale. — Allez donc lutter avec le drame étincelant que chacun peut toucher des yeux et du cœur ! […] Depuis tantôt quinze belles années de succès et de triomphes, ce beau petit récit que mademoiselle Taglioni racontait si bien, nous était une fête toujours nouvelle, la fête des yeux plus que des sens, la fête heureuse et riante, qui ne laisse après elle ni un regret ni un désir.
L’œil d’un chien voit les astres, sans doute ; mais l’être de ce chien ne donne aucune suite à cette vue. […] La vache, dans son pré, non loin duquel le Calais-Méditerranée roule à grand fracas, fait un bond, le train fuit ; nulle idée dans la bête ne court après ce train : elle revient à son herbe tendre, sans le suivre de ses beaux yeux. […] Pascal plaçait toute notre dignité dans la pensée ; mais cette pensée qui nous édifie, — à nos propres yeux, — au-dessus de notre condition sensible est exactement la pensée qui ne sert à rien. […] Il regarde alors la danseuse avec des yeux extraordinaires, les yeux extra-lucides qui transforment tout ce qu’ils voient en quelque proie de l’esprit abstrait. […] On dirait qu’il s’écoute et n’écoute que soi ; on dirait qu’il ne voit rien, et que les yeux qu’il porte ne sont que des joyaux, de ces bijoux inconnus dont parle Baudelaire, des lueurs qui ne lui servent de rien.
Le susdit Ballet harmonique, Allégorique, magnifique, A, durant des soirs, ou des nuits, Été dansé cinq fois depuis, Où Verbec, fille assez jeunette, Et, mêmement, assez brunette, A toujours enchanté les yeux Des spectateurs jeunes et vieux ; Et, sans parler par complaisance, On la tient la fille de France Qui fait ses pas du plus bel air, Et qui sait mieux cabrioler ; Je dis cela volontiers d’elle, Car quand je vois que l’on excelle En quelque art, ou profession, J’en parle avec affection, Et ce fut toujours ma coutume D’en donner quelque trait de plume.
Les uns aveuglés par l’amour propre imaginent être sans défauts ; les autres ferment, pour ainsi dire, les yeux sur ceux que l’examen le plus léger leur feroit découvrir ; or dès qu’ils ignorent ce que tout homme qui a quelques lumieres est en droit de leur reprocher, leurs travaux ne sont étayés sur aucuns principes raisonnés & suivis ; ils dansent moins en hommes qu’en machines ; l’arrangement disproportionné des parties s’oppose sans cesse en eux au jeu des ressorts & à l’harmonie qui devroit former un Ensemble ; plus de liaison dans les pas ; plus de moëlleux dans les mouvements ; plus d’élégance dans les attitudes & dans les oppositions ; plus de proportions dans les déployements, & par conséquent plus de fermeté ni d’à-plomb. […] Avant de terminer cette Lettre, revenons un moment aux Danseurs jarretés & arqués, & souffrez que je vous mette sous les yeux deux exemples vivants : c’est Monsieur Lany & Monsieur Vestris ; tous deux célebres, tous deux inimitables, ils vous convaincront qu’il est un Art qui en corrigeant la nature, sait l’embellir. […] Le panier cache une multitude de défauts, mais l’œil curieux des critiques ne monte pas assez haut pour décider. […] Quant au brillant qu’elles ont, la vivacité y contribue, mais cependant bien moins que les jupes qui en dérobant la longueur des parties fixent plus attentivement les regards & les frappent davantage ; tout le feu des battements étant, pour ainsi dire, réuni dans un point, paroît plus vif & plus brillant ; l’œil l’embrasse tout entier, il est moins partagé & moins distrait à proportion du peu d’espace qu’il a à parcourir. D’ailleurs, Monsieur, une jolie physionomie, de beaux yeux, une taille élégante & des bras voluptueux, sont des écueils inévitables contre lesquels la critique va se briser, & où le cœur & la raison font souvent naufrage.
C’est l’âme seule qui imprime sur les traits du visage et en caractères énergiques, les sentimens, les affections, les passions, les plaisirs et les peines qu’elle éprouve ; c’est, elle encore qui donne aux muscles de la physionomie ce jeu varié, et ces teintes propres à l’expréssion ; mais cette variété et cette mobilité seroit imparfaite, si les yeux n’y ajoutoient pas le signe de la vérité, et de la ressemblance ; je les comparerai a deux flamheaux faits pour éclairer tous les traits, et y répandre ce clair-obscur qui les distingue, et les fait valoir. Sans les yeux point d’expréssion, point de vérité, point, d’effet. […] ne cachoient-ils pas les yeux ?
les farceurs & les marchands d’Orviétan comptent beaucoup plus sur la vertu de leurs Ballets, que sur celle de leur Baume ; c’est avec des entrechats qu’ils fascinent les yeux de la populace ; & le débit de leurs remedes augmente ou diminue à proportion que leurs divertissements sont plus ou moins nombreux. […] Oui, Monsieur, il est honteux que la Danse renonce à l’empire qu’elle peut avoir sur l’ame, & qu’elle ne s’attache qu’à plaire aux yeux. […] S’il veut persuader, qu’il dessille les yeux trop fascinés des jeunes danseurs, & qu’il leur dise : « Enfants de Terpsichore, renoncez aux cabrioles, aux entrechats & aux pas trop compliqués ; abandonnez la minauderie pour vous livrer aux sentiments, aux graces naïves & à l’expression ; appliquez-vous à la Pantomime noble ; n’oubliez jamais quelle est l’ame de votre Art ; mettez de l’esprit & du raisonnement dans vos pas de deux ; que la volupté en caractérise la marche & que le génie en distribue toutes les situations ; quittez ces masques froids, copies imparfaites de la nature ; ils dérobent vos traits, ils éclipsent, pour ainsi dire, votre ame, & vous privent de la partie la plus nécessaire à l’expression ; défaites-vous de ces perruques énormes & de ces coëffures gigantesques, qui font perdre à la tête les justes proportions qu’elle doit avoir avec le corps ; secouez l’usage de ces paniers roides & guindés qui privent l’exécution de ses charmes, qui défigurent l’élégance des attitudes, & qui effacent la beauté des contours que le buste doit avoir dans ses différentes positions.
Dans mon autre dernière Lettre L’Imprimeur oublia de mettre (Dont je lui sus fort mauvais gré) Des Vers pour la jeune Verpré, Et dont, sans flatter, on peut dire Qu’elle capriola des mieux, Et qu’elle charma bien des yeux.
Nous composons pour les yeux. […] Dans cette danse il est question de remuer l’âme, et non pas de plaire aux yeux. […] Cependant comme toute expression en avait autrefois été bannie en couvrant d’une masque le visage du Danseur qui même le plus souvent dansait seul, elle ne pouvait alors affecter le Spectateur que très médiocrement, en faisant seulement éprouver à son âme quelques atteintes passagères de volupté, telles qu’on les ressent lorsque la belle nature parée de ses grâces naïves, et aidée de celles d’un art qui se cache, se présente à nos yeux. […] Mais si le Public judicieux et instruit, applaudit à mes tentatives comme je m’en flatte, parce que le vrai fait son effet dans tous les temps, dans tous les Pays (pour me servir d’une réflexion de l’Abbé Du Bos) je ne me découragerai point pour des prétendus bons mots, et j’aurai toujours devant les yeux le conseil, que l’auteur de la Poétique Française a donné aux Poètes, et que je m’approprie en qualité de compositeur de Tragédies Ballets « Qu’il faut avoir le courage d’écrire pour les âmes sensibles, sans nul égard pour cette malignité froide et basse, qui cherche à rire, où la nature invite à pleurer ».
Ainsi, toute Danse doit exprimer, peindre, retracer aux yeux quelque affection de l’âme, sans cette condition, elle perd le caractère de son institution primitive.
Qu’elle se nomme proprement, Vous assurant avec serment, Que l’Actrice au joli visage,38 Qui joue icelui Personnage, Le représente, au gré de tous, D’un air si charmant et si doux, Que la feue aimable Baronne, Actrice si belle et si bonne, Et qui plaisait tant à nos yeux, Jadis, ne l’aurait pas fait mieux.
[…] Mais le grand Monarque de France Remporta le prix de la danse Sur les plus accomplis Acteurs Comme sur les meilleurs Danseurs, Et, par sa grâce sans seconde, Ravit les yeux de tout le monde, Qui louait, aussi bien que moi, L’éclat et l’adresse du Roi.
Beauchamp rempli d’intelligence, Comme on sait, pour la belle Dance, Avait pris soin de ce Ballet, Demi-sérieux, & follet, Et les Pères, de tout le reste : Surquoi160, fort surement, j’atteste, Et plusieurs, aussi, me l’ont dit, Que rien de commun ne s’y fit, Ainsi que c’étaient toutes merveilles Pour les Yeux, & pour les Oreilles, Quoi que le beau Sexe enchanteur, Qui plaît le plus au Spectateur, Et qui fait qu’on est Idolâtre, La plupart du Temps, du Théâtre, N’agisse ni peu, ni prou là, Dedans ces beaux Spectacles là.
Quand il se voit libre et sans témoins, il lève tantôt les yeux au ciel pour marquer son admiration et sa confiance, et tantôt il les baisse vers la terre pour confesser son indignité. […] Oui, dit-il, devant le Seigneur qui m’a choisi plutôt que votre père et que toute sa maison, et qui m’a commandé d’être le chef de son peuple d’Israël, je danserai et je paroîtrai vil encore plus que je n’ai paru ; je serai méprisable à mes propres yeux et devant les servantes dont vous parlez, et même j’en ferai gloire. […] Si, pendant qu’on danse, il venoit à l’esprit qu’on est en la présence de Dieu, et si le sentiment de cette divine présence commençoit à pénétrer l’ame, pourroit-on continuer à se tenir sous ses yeux dans une situation qu’on ne pourroit alors douter lui être très-désagréable ? […] Mais au moins, puisque par les réflexions qui viennent d’être faites, le jour de la vérité luit d’une manière si frappante, qu’on cesse d’y fermer les yeux, et que désormais on raisonne et qu’on agisse toujours en enfans de lumière. […] Si quelqu’un aime le monde, l’amour du père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde est ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie ; ce qui ne vient point du père, mais du monde.
Peu à peu les mouvements devenaient plus rapides : des pas pressés, des figures animées, peignaient aux yeux des Convives la joie aimable d’une noce. […] Toutes les bouches se ferment, et tous les yeux se fixent sur lui.
L’ignorance, le mauvais goût et le mauvais ton créent tous ces défauts, que le vulgaire prend pour autant de modes et qui s’accréditent à ses yeux par la mise brillante de ceux qui les ont contractés. […] Ce manque aux convenances est devenu une mode pour les sots et les ignorans, et cela leur convient à merveille ; aussi ce sont eux en partie qui s’empressent de multiplier le nombre des danseurs lorsqu’il s’agit de se mettre en place, parce que sentant eux-mêmes leur incapacité, ils aiment à se confondre dans la foule, et par ce moyen dérober aux yeux des spectateurs leurs défauts et leurs gaucheries.
Jetez les yeux sur les documents les plus accessibles. […] Pour ne plus parler hindou, elle montre une plénitude de formes juvénile et ferme qui enchante l’œil.
Robinet, lettre du 24 janvier 1671 Le dix-sept de ce mois, tout juste, Ce Ballet pompeux, grand, auguste, Et bien digne, veramentè, De divertir la Majesté Du premier Monarque du Monde, Tant sur la Terre, que sur l’Onde, Fut, pour le premier coup, dansé, En ce vaste Salon, dressé, Dans le Palais des Tuileries, Pour les Royales Momeries, Avec tant de grands Ornements, Si merveilleux, & si charmants, Tant de Colonnes, de Pilastres, Vallans plusieurs mille Piastres, Tant de Niches, tant de Balcons, Et, depuis son brillant Plat-fons, Jusques, en bas, tant de Peintures, D’Enrichissemens, & Dorures, Que l’on croid, sur la foi des yeux, Etre en quelque Canton des Cieux. […] La première est de plusieurs Gens Qui sont contristez, & dolents De vois Psiché dans la Disgrâce : Et qui, dansants de bonne grâce, Ou chantants fort plaintivement, En Italien, mêmement, Expriment leur Deuil, à merveille, Et ravissent l’œil, & l’oreille.
Zélis vole dans ses bras, lui présente un bosquet ; l’Empereur le reçoit, et en le parcourant des yeux, il y découvre les sentimens les plus tendres. […] L’infortunée Zélis se refuse aux volontés de son maître, elle est, pour ainsi dire, entraînée à cet hommage forcé par le chef des Eunuques ; elle s’avance suivie des principales Sultanes ; et au moment où elle va s’humilier, elle lève les yeux sur sa rivale, chancelle et tombe évanouie. […] Le frère de Zulmire frappé de la beauté de Zélis, lui prodigue les plus tendres soins ; elle ouvre enfin les yeux, mais rencontrant ceux de sa rivale et se trouvant entre ses bras elle s’en échappe avec horreur, et fuit en exprimant son désespoir.
Celles-ci sont avivées de carmin ; les dents, lustrées à l’émail ; les yeux, allongés au K’hol… D’aucunes, avec un peu de bistre, figurent au dessous ce que Nadaud, dans une complainte immortelle, appelle Ce cercle bleu tracé par le bonheur. […] … La fille tamponne ses yeux avec son mouchoir… Et, étouffant un sanglot : — Oh ! […] Les yeux et le nez d’une muse. […] » Et c’est à qui apportera une pierre plus précieuse que celle fournie par le voisin… Mademoiselle X… encaisse le tout et n’accorde rien davantage… Enfin un des donataires devint pressant et sollicita une échéance précise… Mademoiselle X… ouvrit des grands yeux de vierge étonnée ; elle se fit répéter deux fois la question. […] Entre autres préjugés, on croit généralement que le pied de nos héroïnes, ce pied, qui, dans le chausson, paraît si élégant, si cambré, si mignon, ne présente au débotté, qu’un affreux entassement de cors, de durillons, d’oignons, d’œils de perdrix ; qu’il est informe, exsangue, racorni, — couvert de cals, d’enflures et de végétations, — avec des doigts recroquevillés qu’un ergot affûte ou qu’un sabot évase… Il n’en est rien.
Une voix fraîche, pure et juste, une danse légère et correcte, de beaux yeux bleus d’une douce naïveté, voilà ce que Carlotta Grisi avait laissé dans la mémoire des gens du monde et des feuilletonistes. […] Un œil jaloux épie Giselle, Hilarion, un de ces gardes-chasses mystérieux et farouches, comme on en voit dans les ballades germaniques, a pour Giselle un de ces amours qui ressemblent fort à de la haine, et qu’éprouvent les mauvaises natures, incapables d’être aimées ; cette haine, c’est de l’amour aigri. […] Ce sont ses yeux, c’est Giselle ! […] Son œil furtif interroge l’horizon. […] Plus d’un œil qui ne croyait voir que des ronds de jambe et des pointes, s’est trouvé tout surpris d’être obscurci par une larme, ce qui n’arrive pas souvent dans les ballets.
Libre alors de la contrainte à laquelle ses yeux avaient été assujettis ; il appela la lumière et l’engagea par les plus tendres chants à se répandre sur les Astres, le Ciel, l’Air, la Terre et l’Eau, afin qu’en leur donnant mille beautés différentes, par la variété des couleurs, il lui fut aisé de choisir la plus agréable.
Et de quoi peut servir d’être pur aux yeux des hommes, si on ne l’est pas aux yeux de Dieu qui sonde les reins et les cœurs , (Ps. 7, v. 10.) et devant qui l’on n’est réellement que ce qu’on est dans le cœur ?
Cest pourquoy ie me suis resolu le donnant aux yeux & iugement de tous, de le pouruoir d’une puissante protection, par l’offre que i’en fais a vostre Grandeur, assuré que l’affection quelle a tesmoigné auoir a son subiect par la perfection quelle sen est acquise, ne la pourroit rendre que fauourable a vne ambition qui a pris pour obiect l’vtilité d’un public & laquelle ie desire passionnement (Monseignevr) estre suiuie d’une occasion ou mon affection & ma vie se portent ensemble pour marque que ie m’estime né pour mourir De Vostre Grandeur Le tres humble & tres obeissant seruiteur, F.
Les ondulations de ces cous blancs et déliés, la grâce mélancolique et languissante de ces oiseaux charmants et tristes, sont, aux yeux des paysans du voisinage, le symbole des beautés mortelles qu’une punition terrible a frappées. […] Il s’était mêlé à une noce villageoise ; c’était un grand personnage à la taille svelte et aux yeux d’un bleu glauque, qui, le premier dimanche de juillet, vint sans cérémonie s’asseoir à la table que les paysans de Leybach avaient dressée sous le grand tilleul du marché. […] Sa tournure était modeste, son maintien décent, sa grâce pudique ; elle avait de grands yeux noirs magnifiques : seulement on s’apercevait avec surprise que les cils des paupières étaient d’un bleu vert et très-longs. […] Imaginez une Gaditaine à l’œil noir, à la taille flexible, au développement abondant des épaules et des hanches, souple et légère comme une Andalouse, le regard pétillant d’intelligence, et ajoutant à la régularité des traits une physionomie fine et expressive. […] La vieille mère, attentive, prête l’oreille à ce frôlement léger, et ne peut rien apercevoir : la vision n’est perceptible que pour l’œil jaloux et clairvoyant de Giannina, qui laisse échapper l’écheveau de ses mains brûlantes.
Le cœur plein d’amertume, les yeux noyés de larmes je me laissai une seconde fois emmener et je montai dans le train. […] Il ferma les yeux et je le regardai. […] Après dix minutes qui me semblèrent un siècle, tant j’étais désireuse de savoir, il rouvrit les yeux et me dit en allemand : — Non, non, votre mère ne mourra pas : Je sentis ce qu’il disait et compris les mots « mère » et « non ».
Sous ses cheveux gris blanc, les yeux noirs avaient gardé la vivacité, la douceur du jeune âge et son sourire plein d’esprit me mettait en confiance. […] J’avais beau me frotter les yeux elle me paraissait nue, ou presque, tellement les gazes qui la drapaient, se réduisaient à peu de chose. Elle vint sur le devant de l’estrade, et tandis que la musique jouait un prélude de Chopin, elle resta immobile, les yeux baissés, les bras pendants.
Que les maîtres de ballets qui voudront se former une idée juste de leur art, jettent attentivement les yeux sur les batailles d’Alexandre, peintes par le Brun ; sur celles de Louis XIV. peintes par Vander-Meulen : ils verront que ces deux héros, qui sont les sujets principaux de chaque tableau, ne fixent point seuls l’œil admirateur. […] Nous voilà d’accord ; et pour que ma comparaison soit plus juste, je metterai le ballet en action, en paralelle avec la galerie du Luxembourg peinte par Rubens : chaque tableau présente une scène ; cette scène conduit naturellement à une autre ; de scène en scène on arrive au dénouement, et l’œil lit sans peine et sans embarras l’histoire d’un prince dont la mémoire est gravée par l’amour et la reconnoissance, dans le cœur de tous les français.
Cependant l’œil pénétrant et jaloux de Médée perce à travers ce mystère ; les soins de Jason pour Créuse, son empressement à lui plaire, les préférences qu’il lui donne sans cesse, et dont Créuse lui tient compte, jettent Médée dans les plus affreux soupçons. […] Médée, les yeux fixés vers la terre, paroît immobile ; l’arrêt de sa disgrace absorbe, pour ainsi dire, toutes les facultés de son âme ; elle est dans l’anéantissement le plus affreux, lorsque tout à coup elle en sort pour se livrer toute entière à sa rage. […] Jason est pénétrée de honte et de dépit ; Créuse est saisie de crainte et n’ose plus lever les yeux.
Que les Maîtres de Ballets qui voudront se former une idée juste de leur Art, jettent attentivement les yeux sur les batailles d’Alexandre, peintes par Lebrun ; sur celles de Louis XIV, peintes par Vander-Meulen, ils verront que ces deux Héros qui font les Sujets principaux de chaque Tableau, ne fixent point seuls l’œil admirateur ; cette quantité prodigieuse de combattants, de vaincus & de vainqueurs, partage agréablement les regards, & concourt unanimement à la beauté & à la perfection de ces chef-d’œuvres ; chaque tête a son expression & son caractere particulier ; chaque attitude a de la force & de l’énergie ; les grouppes, les terrassements, les renversements sont aussi pittoresques qu’ingénieux : tout parle, tout intéresse, parce que tout est vrai ; parce que l’imitation de la nature est fidelle ; en un mot, parce que la toile semble respirer. […] Le Ballet est l’image du Tableau bien composé, s’il n’en est l’original ; vous me direz peut-être qu’il ne faut qu’un seul trait au Peintre, & qu’un seul instant pour caractériser le Sujet de son Tableau, mais que le Ballet est une continuité d’actions, un enchaînement de circonstances qui doit en offrir une multitude ; nous voilà d’accord, & pour que ma comparaison soit plus juste, je mettrai le Ballet en action, en parallele avec la galerie du Luxembourg, peinte par Rubens : chaque Tableau présente une Scene, cette Scene conduit naturellement à une autre ; de Scene en Scene on arrive au dénouement, & l’œil lit sans peine & sans embarras l’Histoire d’un Prince dont la mémoire est gravée par l’amour & la reconnaissance dans le cœur de tous les François.
Les uns, aveuglés par l’amour-propre imaginent être sans défauts ; les autres ferment, pour ainsi dire les yeux sur ceux que l’examen le plus léger leur feroit découvrir : or, dèsqu’ils ignorent ce que tout homme qui a quelques lumières est en droit de leur reprocher, il n’est pas étonnant qu’ils manquent leur but. […] Le panier cache une multitude de défauts, et l’œil curieux des critiques ne monte pas assez haut pour décider. […] Quant au brillant qu’elles ont, la vivacité y contribue, mais cependant bien moins que les jupes, qui, en dérobant la longueur des parties, fixent plus attentivement les regards, et les frappent davantage ; tout le feu des battemens étant, pour ainsi dire, réuni dans un point, paroit plus vif et plus brillant ; l’œil l’embrasse tout entier ; il est moins partagé et moins distrait à proportion du peu d’espace qu’il a à parcourir. Dailleurs, Monsieur, une jolie physionomie, de beaux yeux, une taille élégante et des bras voluptueux sont des écueils inévitables contre les quels la critique va se briser, et des titres puissans à l’indulgence du spectateur, dont l’imagination substitue au plaisir qu’il n’a pas, celui qu’il pourroit avoir hors de la scène.
C’était une Oraison funèbre muette, qui retraçait aux yeux du public, toute la vie du citoyen qui n’était plus.
Outre tant d’appas précieux Que j’y vis de mes propres yeux, Cinquante autres rares Parties De Masques des mieux assorties, Nobles Vénitiens, Danois, Turcs, Espagnols et Polonais, Et, quasi, de toutes Contrées Firent-là, leurs belles entrées.
Le monsieur était grand, fort, très noir, l’air distingué, avec quelque chose de bizarre dans l’un de ses yeux. […] — j’ai vu annoncer en lettres flamboyantes, « Loïe Fuller. — Danses lumineuses. » Et j’ai pu voir « la Loïe Fuller » danser sous mes propres yeux !
Jeu souverain ou liturgie muette, la danse classique évoque à nos yeux les choses essentielles de l’âme, l’ivresse d’être et l’aspiration à l’au-delà. […] Le ballet, en tant que genre théâtral, comporte à mes yeux bien des éléments caducs et périssables.
Si l’on soupçonne même la route qu’il faut suivre pour parvenir à ce double but, en n’offrant aux yeux que celui de la gaieté ? […] Les fêtes publiques ont eu jusqu’ici différens objets, tantôt celui de distraire le peuple de ses maux, tantôt de capter son suffrage par d’inutiles prodigalités ; tantôt enfin, de déployer à ses yeux une magnificence qui, par un triste retour sur lui-même, lui faisoit plus profondément sentir sa misère ; mais je n’ai pas encore vu de fêtes en France, où la moralité fut unie au plaisir, où la décence et le bon goût fussent joints à la gaieté : le résultat de toutes les fêtes est, beaucoup de gens ivres, beaucoup de bourses volées, souvent des accidens graves, de la fatigue, et peu de plaisir, du moins de ce plaisir qui doit tourner au profit des mœurs, du goût et de l’esprit.
Lorsqu’une fête, de quelque genre qu’elle soit, ne parle ni à l’œil ni à l’imagination, que faut-il en penser ? […] Lorsque les productions des arts s’annoncent sans principes et sans proportions, elles choquent les yeux et révoltent le bon goût.