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121. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Conclusion] »

Mais est-il nécessaire d’avoir recours aux peuples de l’Antiquité, tandis que nous pouvons citer de nos jours une foule de ballets qui ont eu un succès éclatant et mérité ? […] Ils ont créé une danse toute nouvelle, majestueuse, forte et pathétique ; en un mot, les ballets, sous l’ascendant de leur génie, sont devenus une peinture vivante des passions, des mœurs, des cérémonies et des costumes de tous les peuples. […] N’oublions jamais qu’un ballet est un tableau, et que pour faire un beau ballet, il faut nécessairement que le compositeur soit un grand peintre : la scène est la toile, les danseurs sont les personnages, leurs mouvements sont les couleurs, la fidélité du costume le coloris. […] Il est encore plus nécessaire que le maître de ballet connaisse la musique ; elle doit être en quelque sorte la régulatrice de tous les mouvements du danseur, qui ne saisira jamais l’esprit ni le caractère de son rôle, s’il n’asservit pas fidèlement et avec une précision sévère sa pantomime aux impulsions que la mélodie vocale ou instrumentale doit lui communiquer.

122. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XV. » pp. 83-88

Elle étoit inimitable dans tous les ballets Anacréon tiques, et en abandonnant le théâtre, elle emporta ce genre agréable avec elle. […] Elle quitta Stuttgardt et Vienne, où je lui fis jouer plusieurs rôles dans mes ballets en action. […] Guymard et le Picq les caprices de Galathée, ballet Anacréontique. […] Je vous parlerai enfin des rares dispositions de Gardel, (actuellement maître des ballets) pour le genre sérieux. […] Il s’est livré à la composition des ballets.

123. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 13 janvier 1663 »

Loret, lettre du 13 janvier 1663 En cette Maison noble et belle, Que Palais Royal on appelle, Lundi dernier, Jeudi passé, Le Ballet du Roi fut dansé. Je ne saurais encor que dire De ce Ballet de notre Sire, (Qu’on tient charmant au dernier point) Ne l’ayant vu ni peu, ni point.

124. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 5 août : Ballet des Songes accompagnant la tragédie de collège La Prise de Babylone — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 8 août 1671 »

Or la susdite Tragédie, Qui fut à merveille, applaudie, De tous ceux du Pays Latin, Ce que je dis est très-certain, Etait d’un grand Ballet des Songes, Qui ne sont pas, toujours, Mensonges, Accompagnée, avec éclat, Si bien qu’on n’y voit rien de plat. Beauchamp rempli d’intelligence, Comme on sait, pour la belle Dance, Avait pris soin de ce Ballet, Demi-sérieux, & follet, Et les Pères, de tout le reste : Surquoi160, fort surement, j’atteste, Et plusieurs, aussi, me l’ont dit, Que rien de commun ne s’y fit, Ainsi que c’étaient toutes merveilles Pour les Yeux, & pour les Oreilles, Quoi que le beau Sexe enchanteur, Qui plaît le plus au Spectateur, Et qui fait qu’on est Idolâtre, La plupart du Temps, du Théâtre, N’agisse ni peu, ni prou là, Dedans ces beaux Spectacles là.

125. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 juin. Les ballets de Loïe Fuller. »

Les ballets de Loïe Fuller. Derechef, les Ballets fantastiques de Loïe Fuller transforment le plateau du Théâtre des Champs-Élysées en cercle magique. […] Je ne lui reproche que quelques défaillances : les Main, le Ballet des Lumières, divertissement banal et symétrique où elle « nous en fait voir de toutes les couleurs », l’abus qu’elle fait de la musique rebattue de Grieg et l’audace singulière qu’elle a de juxtaposer Debussy et Godard.

126. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

Marie Taglioni, la rénovatrice du ballet sous Louis-Philippe, était la fille d’un Milanais, le maître de ballet Philippe Taglioni, et d’une Suédoise, Anna Karsten. […] Les fables des ballets imaginés par lui étaient d’une niaiserie désolante. […] A défaut de ballets appropriés au talent de sa nouvelle pensionnaire, l’Opéra reprit pour elle, pour la réformatrice, le vieux ballet mythologique de Flore et Zéphire. […] La nécessité apparut de créer des ballets nouveaux pour la créatrice d’une danse nouvelle. […] C’est pour Marie Taglioni que Meyerbeer écrivit le fameux ballet des nonnes de Robert le Diable.

127. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « Plan du Ballet »

Plan du Ballet 23C’est de la Tragédie de Monsieur de Voltaire que je l’ai tiré ; j’ai suivi à peu près son plan pour ce qui regarde les événements ; mais j’ai été forcé d’y faire des changements pour approprier son plan au plan d’un Ballet. […] C’est l’ombre de Ninus qui joue un grand rôle dans mon Ballet. […] Le Ballet est divisé en trois actes.

128. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur les artistes de l’opéra »

) acteur de l’opéra, qui récite, exécute, joue les rôles, ou qui chante dans les chœurs des tragédies, et des ballets mis en musique. […] ) Ce sont les chœurs de danse qui figurent dans un ballet, et qu’on nomme aussi figurants. […] Les maîtres de ballets ont senti eux-mêmes combien les figures étaient nécessaires à leurs corps d’entrée. […] Voyez Ballet, Danse, […] Qu’on conçoive par-là ce qu’on pourrait leur faire faire, si on s’appliquait à ne donner que des ballets en action.

129. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Le jugement de Pâris. Ballet héroïque. » pp. 171-182

Ballet héroïque. […] Les maîtres de ballets, qui ont après mol traité le sujet de Pâris, l’ont divisé en quatre ou cinq actes : il faut, pour en avoir agi ainsi, ne pas connoître la description d’Apuléé sur ce trait fabuleux. Les maîtres de ballets en voulant faire briller la richesse de leur imagination, n’ont montré que la médiocrité de leurs conceptions, et par une inconséquence rare, ils ont donné une si prodigieuse extension à ce sujet, que les fils propres à en former la trame, se sont rompus. […] Les Divinités de la terre, des eaux et de l’air se réunissent aux Jeux, aux Ris et aux Plaisirs ; l’Amour, Vénus et les Graces embellissent cette fête ; Thétis et Pélée y expriment leur félicité ; l’Olympe applaudit à ces jeux et cette première partie de ce ballet, variée de pas d’expression et de caractère, se termine par un grouppe général qui témoigne aux Divinités célestes leur respect et leur reconnoissance. […] Il y a cinquante-trois ans que je composai ce ballet à Marseille ; j’étois privé de tous les grands moyens, qui peuvent embellir la scène.

130. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 novembre. Échos du temps passé. Éloge de Rameau. »

Enfin Jacques Rouché monte au Théâtre des Arts le fameux ballet des Talents Lyriques, geste audacieux et qui voulait dire : nous avons en Rameau un maître insoupçonné de la danse théâtrale. […] « Il a tout mis en ballets, en danses et en airs de violons », et le poète Collé, qui collabora incidemment avec Rameau, s’en console mal. […] Quel parti pouvait tirer un maître de ballet de tous ces souvenirs grandioses mais confus ? […] Mais, au fait, pourquoi, dans un ballet homogène, veut-on introduire ces expédients puérils ?

131. (1927) Paul Valéry philosophe de la danse

Maurice Emmanuel établissait, dans la plus imprévue des audacieuses thèses, l’analogie partielle mais saisissante entre le ballet moderne et l’orchestique grecque. […] Les mouvements conjugués du corps de ballet paraissent multipliés à cause de leur similitude ; bras et jambes semblent innombrables. […] L’Athikté émerge, grandie, de ce tumulte feint ; elle achève sa danse (comme si elle avait été des Ballets Russes) par une série de grands temps giratoires. […] Le ballet est fini : il reste à demander à l’écrivain le chiffre de son « grimoire » ; il nous faut pénétrer, guidés par M. […] Jusque dans les instants suprêmes, le corps de ballet de M.

132. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre première. À Voltaire. » pp. 2-7

Depuis plus de six années que je me suis attaché à donner une nouvelle forme à la danse, j’ai senti qu’il étoit possible de faire des poëmes en ballets : j’ai abandonné les figures simétriques, j’ai associé aux mouvemens méchaniques des pieds et des bras, les mouvemens de l’âme, et les caractères variés et expressifs de la physionomie ; j’ai proscrit les masques et me suis voué à un costume plus vrai, et plus exact. […] Indépendamment des ballets dont j’ai tiré les sujets de mon imagination, j’en ai composé un grand nombre d’après les auteurs anciens ; l’histoire, la fable m’ont fourni de précieux matériaux ; le théâtre des Grecs, Homère, Virgile, l’Arioste et le Tasse m’ont offert, des secours, qui ont embelli mon art, et le théatre Anglais m’a prêté des beautés très propres à l’action pantomime. Je croirois, Monsieur, n’avoir rempli qu’imparfaitement ma carrière, si j’abandonnois le théâtre, sans donner un ballet tiré de la Henriade ; c’est cette entreprise qui doit couronner mes travaux, et les beautés que j’y moissonnerai prêteront à ma composition cette énergie et ce sublime, qui brillent dans votre divin poème. […] Ici, Monsieur, le chant finit par ce qu’il devoit finir ; mais un ballet aussi varié que celui-ci, ne peut se terminer par le désespoir de la belle Gabrielle et les larmes de l’Amour : Un coup de poignard produiroit sans doute le plus grand effet ; mais ce moyen blesseroit tous ceux qui connoissent l’histoire, et qui préfèrent la vérité au vraisemblable. […] Comme la Rage et le désespoir sont les ressorts de ce ballet, qu’elles déterminent l’Amour à seconder leurs projets en blessant le coeur du héros ; comme le lieu de la scène est embélli par ce Dieu, et que ce que la volupté a de plus séduisant s’y trouve rassemblé ; ne seroit-il pas possible, au départ de Henry, dans l’instant qu’il est aux genoux de sa maîtresse, et qu’il ne peut s’en détachér ; de faire paroitre la Gloire accompagnée de toutes les vertus qui font la renommée des Princes ?

133. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 12 février. Pour un répertoire. »

L’Opéra, nous dira-t-on, n’a que faire d’un ballet en trois actes ! […] Ceci dit, constatons qu’un répertoire de ballet n’existe pas à l’Opéra. […] Le ballet a ses classiques comme la comédie, comme la poésie.

134. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 22 octobre 1667 »

Ce qu’on danse sont huit Entrées, Qui sont les plus considérées Du Ballet de l’Hiver dernier, Ainsi que je l’appris hier ; C’est à savoir, celle des BASQUES, Dont, comme eux, les Pas sont fantasques, Des BERGERS et des BOHÉMIENS, La plupart étranges Chrétiens, Des DÉMONS, Gens fort laids et haves, Des PAYSANS et des ESCLAVES, Des MAURES et des ESPAGNOLS, De nos Progrès pires que Fols, Et qui, dedans leur Décadence, N’ont guère le cœur à la Danse. […] […] Grande HÉROÏNE à qui j’écris, Vous savez tout ce que je dis, Car, en qualité de Bergère, Vous avez, dedans le Ballet, Votre Entrée et votre Rôlet, Où vous semblez une Déesse Bien plutôt qu’une humaine ALTESSE ; Mais, sous votre Permission, Je fais cette Narration.

135. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre II. Division de la Danse Théâtrale »

Division de la Danse Théâtrale Nous avons vu140, que le défaut d’action était le vice constant du grand Ballet. […] Dans le Ch. 4. du Liv. 3. [« Vice du Grand Ballet »] 141. […] Il n’est point d’ouvrage de cet esprit créateur, dans lequel on ne voie, si l’on sait voir, l’indication marquée de plusieurs Ballets d’action très ingénieux et tous liés au sujet principal.

136. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 12 février. Pylade chez Roscius. »

Mais notre tradition comporte une lacune, nous manquons, pour le spectacle de danse d’un langage mimique, car la pantomime conventionnelle du ballet n’est qu’une grammaire pour sourds-muets. […] Car Taïroff n’a eu pour se guider dans sa recherche du comédien intégral, qui sache couler son émotion dans une forme impeccable et solide, qu’un seul exemple salutaire : celui du ballet. […] N’est-ce pas, d’ailleurs, d’un Russe déçu Phèdre que me vient cette formule irrésistiblement drolatique : le Kamerny, ce ballet de Lénine ?

137. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Première partie] »

[Première partie] [1] Le Spectacle que je présente au Public est un Ballet Pantomime dans le goût des Anciens. […] Apulée nous a laissé la description d’un Ballet Pantomime qui représentait Le jugement de Paris. […] Ces qualités sont plus que suffisantes pour la traiter en Ballet Pantomime. […] Si le Public ne veut pas se priver des plus grandes beautés de notre Art, il doit s’accoutumer à s’attendrir et à pleurer à nos Ballet.

138. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Avertissement. » pp. -1

J e vais parler librement et avec franchise des soi-disans maîtres des ballets ; ce n’est point contre ceux qui se distinguent dans cet art difficile, et qui embellissent par leurs productions les théatres sur les quels ils exercent leurs talens, que mes observations sevéres sont dirigées. Ma critique ne porte donc que sur cette masse monstrueuse de danseurs et de figurans médiocres, qui ont usurpé le titre de maîtres de ballets.

139. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 20 mai. Le retour des « Ballets russes ». »

Le retour des « Ballets russes ». […] Je hais par-dessus tout la gloriole nationale, mais pourquoi ne dirai-je pas que la Tréfilova a été, là-bas, une des plus pures gloires du ballet impérial. […] Suivent Mme Egorova, au métier si délicat et si noble ; Nemtchinova, danseuse de toute sûreté, mais sans personnalité marquée ; Oghinska, qui a vingt ans, sort à peine de l’école de Pétrograd et dénote déjà certaines qualités de ces Polonaises de race qui ont, de tout temps, participé aux plus hauts faits du ballet russe ; Tchernicheva a la belle prestance décorative ; Schollar et Doubrovska, qu’on revoit avec plaisir.

140. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 12 juin. « Shéhérazade ». — Le pas de deux de la « Belle ». »

Mlle Nijinska, infatigable, est le boute-en-train du corps de ballet qu’elle stimule par sa fougue. Voilà donc cette Shéhérazade qu’on dénomme improprement ballet et qui est un merveilleux décor animé. […] Par ce geste symbolique, le ballet russe était définitivement affranchi ; sa suprématie devenait indiscutable et bientôt indiscutée.

141. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre VI. Des Mascarades »

Jodelle, Passerat, Baïf, Ronsard, Benserade, signalèrent leurs talents en France dans ce genre, qui n’est qu’un abrégé des grands Ballets, et qui me paraît avoir pris naissance à notre cour. Il y en a une troisième, qu’on imagina en 1675 qui tenait aussi du grand Ballet, et qui, en allongeant la Mascarade déjà connue, ne fit autre chose que d’en changer l’objet principal en substituant maladroitement le Chant à la Danse.

142. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 décembre. La querelle des Anciens et des Modernes. Le procès de Miss Duncan. — Les têtes de l’hydre. — Chopin chez la Goulue. — Mon courrier. »

Il n’y a pas de scène ; le spectateur est à niveau des danseurs ou bien son regard plonge des estrades élevées dans l’écume fraîche du corps de ballet. […] Sandrini qui a réglé les évolutions d’un corps de ballet jeune et actif que certains théâtres subventionnés ou municipaux ont tout lieu de lui envier. […] Celle d’un ballet classique qui s’épanouit dans cette salle de bal houleuse, dans cette atmosphère fauve de poussière et de sueur. […] J’y ai vu les ballets fantastiques de Matray qui supplée par l’invention grotesque, par le bon goût des décors (amalgame de procédés cubistes avec la saveur des images populaires) à ce qui pourrait lui manquer d’autorité comme danseur. […] On m’a vu perdu d’admiration devant le ballet cambodgien ; les danseuses populaires, espagnoles ou bamboulas, m’empoignent — et je ne suis aucunement insensible à cette maxixe qu’exécute le poney noir du clown Pepino.

143. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre première. » pp. 8-13

Alors vous auriez été convaincu, Monsieur, qu’en Italie, les personnes riches ne sont pas les seules qui cultivent la musique ; que le goût de cet art y est généralement plus pur, plus répandu, plus éclairé qu’à Paris ; et que les paroles n’y sont pas plus négligées qu’en France, ou le plus bel opéra ne se soutient que par la perfection du poëme, l’empire de la musique, des décorations et des ballets : quant aux paroles, on ne les entend point et la plupart de nos chanteurs et de nos chanteuses se sauvent par les cinq voyelles. […] On vous a trompé, ou vous vous êtes trompé : dans les grandes villes, on donne deux opéras-buffa, et quatre grands ballets pendant l’Automne ; dans le Carnaval, deux opéras sérieux et six ballets en action. […] Il est bon de savoir qu’à Alexandrie, Bergame, Reggio, etc. on réprésente encore aux époques des foires, de grandes opéras ornés de ballets.

144. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 17 avril. « En bateau ». — Le préjugé du rythme. »

D’ailleurs le renouveau du spectacle de danse français se produit sous l’influence évidente des ballets russes. […] Dethomas, ou bien celle de Daphnis par Fokine, ce sont là les étapes d’une renaissance — qui du reste, est retardée par deux faits graves : l’absence d’une conception élaborée et stable de ce que doit être, à l’Opéra, le spectacle de danse ; l’absence d’un maître de ballet qui aurait l’autorité nécessaire pour faire aboutir une telle conception. […] Et ce n’est pas de Hellerau que viendra la renaissance du ballet parisien !

145. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XI. » pp. 67-69

Les grands corps de ballet n’excédoient pas le nombre de seize danseurs et danseuses ; les autres étoient composés de huit ou de douze personnes, et les chœurs chantans n’étoient pas plus nombreux. […] Ces vêtemens offroient par leur vétusté l’image d’une batterie de cuisine ; le cuivre et l’étain se montroient partout, et cette prodigalité devenoit complette, lorsque le corps de ballet, vêtu dans le même genre se réunissoit aux chœurs.

146. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Table des principaux sujets traités par ordre alphabétique » pp. 121-124

Ballets, leur origine, quand connus en France, 7, 39. […] N Noverre, grand compositeur de ballets, a écrit dans l’Encyclopédie, 9, 34.

147. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVII. » pp. 173-184

Ce costume s’est malheusement introduit à l’opéra surtout dans les ballets. […] Les décorations étant aux représentations dramatiques ce que la toile est au tableau ; elles doivent être préparées à recevoir les personnages que le poète ou le maître de ballets y distribuent. […] C’est à l’imagination du maître de ballets à se transporter chez les peuples différens de nous : S’il ne pont nous montrer le vrai, il nous montrera au moins le vraisemblable. […] J’entends par convenances l’accord et l’harmonie que toutes les parties d’un ballet doivent avoir partiellement pour former un tout sage et un ensemble bien entendu. […] C’est cette convenance qui doit être la boussole du maître des ballets ; le guider dans le choix de la scène ou des décorations, des bâtimens, des jardins et des accessoires.

148. (1921) Le Ballet de l’Opéra pp. 191-205

Le Ballet de l’Opéra, par Victor Du Bled Comme la cour des rois, comme la cour du roi des rois, comme toute administration, comme tout empire, comme toute république, le ballet de l’Opéra a sa hiérarchie, son étiquette, hiérarchie dont les sujets gravissent les échelons, lentement, péniblement, au prix d’un travail forcené. […] Dans le Ballet de la Neige du Prophète, figure le fameux pas des patins, pas difficile pour lequel ces demoiselles recevaient une gratification exceptionnelle de cinq francs. […] L’organisation du corps de ballet a peu changé depuis vingt ans, Ce sont toujours des étoiles, des grands et des petits sujets, des coryphées, des quadrilles paraissent sur la scène. […] Les traitements des étoiles n’ont pas augmenté, ils ont même plutôt diminué ; ceux des autres membres du corps de ballet et des employés de l’Opéra ont sensiblement progressé, si bien qu’aujourd’hui chaque représentation coûte 40 580 francs, tandis que la recette moyenne de 1920 ne dépasse pas 25 000 francs. […] « Dans la Révolte au Sérail, conte Véron, pendant les manœuvres militaires du corps de ballet, il se formait sur la scène un conseil de guerre composé des officiers supérieurs de l’armée ; le livret n’en disait pas plus.

149. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 23 octobre. Valses. Chopin à l’opéra. — Le sang viennois. »

Mais aussi quelle tentation pour un maître de ballet que de puiser à cette source de vie rythmique indiciblement généreuse et diverse, que d’en transposer l’enchantement alangui, orgueilleux et déchirant ! […] Elle tourne volontairement le dilemme qui, de tout temps, menace le ballet en tant que genre théâtral : le dualisme inéluctable, l’antinomie patente de l’action et de la danse, de la mimique et de l’orchestrique. […] Aussi, je dus subir le ballet. […] Enfant prodigue du ballet, elle le déserta pour suivre Isadora.

150. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre XI. Des Usages de quelques Peuples, et de certaines Lois de Lacédémone. »

On les exerçait en même temps à la Danse sur les modes de Philoxène et de Timothée, et tous les ans pendant la fête des Orgies, ils exécutaient sur des théâtres publics, des Ballets composés avec autant d’Art que de magnificence. [Voir Dessauteur] Les entrées de ces Ballets étaient proportionnées à l’âge, aux talents, aux forces, aux progrès de chacun des Acteurs.

151. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 27 mai. Les Ballets russes »

Les Ballets russes J’ai revu Le Mariage d’Aurore ; depuis la première, l’exécution s’est équilibrée ; elle est actuellement d’une homogénéité parfaite dans les ensembles. […] Mme Tréfilova est la protagoniste des deux ballets.

152. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 22 février 1670 »

Robinet, lettre du 22 février 1670 Lundi, veille de Mardi gras, Jour de Crapule, et de grand Repas, De Bacchanales, et d’Orgies, De Bals, Ballets, et Momeries, Le Divertissement Royal Fut, encor, le digne Régal De notre belle Cour Française : Et j’ay su de Gens plus de seize, Que ce Spectacle si brillant, Si beau, si pompeux, si galant, Etait fourmillant de merveilles, Par qui les Yeux, et les Oreilles Etaient charmés également, Et surpris à chaque moment. […] Or, parmi ce Ballet charmant, Se jouait, encor, galamment, Petite, et grande Comédie, Dont l’une était en mélodie ; Toutes deux ayant pour Auteur, Le comique et célèbre Acteur, Appelé Baptiste Molière, Dont la Muse est si singulière : Et qui le Livre a composé, Demi-rimé, demi-prosé, Qu'à l’illustre de Bensérade, Près d’Apollon, dans un haut Grade, J'ai, bonnement, attribué, Sur ce que ce grand Gradué, Fait ces livres-là, d’ordinaire, Etant du Roi, Pensionnaire.

153. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre III. De la Danse théâtrale des Romains »

Le premier imagina les ballets tendres, graves, et pathétiques. […] [Voir Ballet] Il y eut alors deux théâtres rivaux qu’une émulation utile soutint, instruisit, anima, et qui partagèrent longtemps les applaudissements de la Capitale du Monde. […] Dans l’état où est la Danse de nos jours, les Danseurs et les Compositeurs de Ballets même, ne connaissent, n’ambitionnent, ne cultivent que la partie mécanique de l’Art.

154. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 10 juillet. Le répertoire : « Sylvia » »

Aussi dès le xviiie  siècle le ballet s’était emparé de ce sujet et l’on vit, vers 1768, à Fontainebleau, Sylvia, affublée de lourds paniers que le fameux Louis Boquet imagina pour elle, menacer de sa flèche dorée Aminta au masque rosé sous la perruque bouclée. […] Constatons sans aigreur que dans cette œuvre de longue haleine, très abondante, se trouvent des choses anodines, sans grande originalité ; certains ensembles, des danses de satyres qui font rêver avec mélancolie, au premier acte du Narcisse de Fokine, un pas d’Éthiopiennes d’un exotisme pauvret ; constatons encore une certaine indécision dans le choix d’un style défini, l’usage trop prudent des ressources de la danse classique dans les « ballabili » ; ceci posé, admirons sans restrictions les trouvailles heureuses, la bonne et honnête besogne accomplie par le maître de ballet. […] Dans le ballet de Sylvia, les protagonistes absorbent presque tout l’intérêt ; Mlle Daunt (Diane), Mlle de Craponne (Amour) en sont réduites à des figurations peu importantes ; la promenade rythmée de Mlles  Delsaux et Franck, Thalie et Terpsichore, qui traversent ensemble le proscénium, est bien harmonieuse, mais ce n’est qu’un instant.

155. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 5 décembre 1666 »

Robinet, lettre du 5 décembre 1666 À présent la Réjouissance Est grande dans la COUR de FRANCE Et l’on en chasse tout à fait Le Chagrin par un grand BALLET.

156. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VIII. Ballerines étrangères. » pp. 176-189

Lucile Grahn Cette blonde fille du Danemark entrait à l’Opéra, au mois de juillet 1838, — par la porte vermoulue d’un ancien ouvrage démodé, le Carnaval de Venise… Là-bas, à Copenhague, — la vieille et sainte ville, enfouie au fond du Nord, qui vous apparaît avec son gothique entourage de basiliques romanes et de maisons pointues, — elle s’était montrée, à l’âge de quatorze ans, dans le rôle de la princesse Astride, de Waldemar, et dans le principal personnage de Hertha, deux ballets empruntés aux chevaleresques traditions et à la mythologie scandinaves… Et ses compatriotes avaient fait fête à l’envi à ce prodige enfantin, dont toutes les convoitises se portaient vers la France, — cette France qui donne, quand il lui plaît, aux comédiens et aux danseuses de grandes et sublimes leçons ! […] Ses débuts eurent lieu dans Betty, un ballet que Mazillier avait fabriqué avec la Jeunesse d’Henri V, d’Alexandre Duval, et dont Ambroise Thomas avait composé la musique. […] On lui commanda le ballet de la Fille de Marbre. […] Trois ans plus tard, madame Rosati, qui, comme Cerrito, prenait sur l’affiche la qualité de madame, — contrairement à toutes les traditions du corps de ballet, où il n’y a que des demoiselles, — madame Rosati, dis-je, nous revenait dans Jovita, de Mazillier et Delabarre, et elle y allait alle stelle. […] Tous les personnages de ce ballet hindou, avaient des noms en a. ainsi qu’il convient à des gens qui ont figuré dans le Ramayana et dans le Mahâbhârata.

157. (1845) Notice sur Le Diable boiteux pp. 3-31

Ballet pantomime en trois actes par MM.  […] Le ballet du Diable boiteux, outre tous les agréments qu’il renferme, a l’avantage de montrer l’adorable danseuse sous son double aspect. […] Le brave démon a bien ses motifs pour agir de la sorte : Paquita, sa protégée, doit venir justement tout à l’heure demander à être admise dans le corps de ballet. […] La rage lui mord le cœur : elle exige du maître de ballets des modifications, des coupures, auxquelles celui-ci refuse de consentir, — car on se souvient qu’il n’est autre qu’Asmodée. […] Cette faveur accordée au maître de ballets excite la jalousie de Cléofas, qui, en sortant de sa cachette, le déclare très nettement à Florinde. « Quoi !

158. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la musique ancienne »

Voyez Ballet, Chœurs, Danse.

159. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 20 février 1667 »

Robinet, lettre du 20 février 1667 On a, depuis le Treizième, Dansé trois fois ce Ballet même Qui, changeant encor beaucoup plus De visages que PROTHEUS77, Avait lors deux autres ENTRÉES, Qu’on a beaucoup considérées, Savoir des MORES et MAHOMS, Deux très perverses Nations.

160. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIII. » pp. 362-395

La Danse & les Ballets prendroient sans doute une nouvelle vie, si des usages établis par un esprit de crainte & de jalousie, ne fermoient en quelque sorte le chemin de la gloire à tous ceux qui pourroient se montrer avec quelque avantage sur le Théâtre de la Capitale, & convaincre par la nouveauté de leur genre que le génie est de tous les pays, & qu’il croît & s’éleve en Province avec autant de facilité que par-tout ailleurs. […] Si les Ballets sont des tableaux vivants ; s’ils doivent réunir tous les charmes de la Peinture, pourquoi n’est-il pas permis à nos Maîtres d’exposer sur le Théatre de l’Opéra trois morceaux de ce genre, l’un tiré de l’Histoire, l’autre de la Fable, & le dernier de leur propre imagination ? […] Vous observez dans les Ballets des marches, des contre-marches, des repos, des retraites, des évolutions, des grouppes ou des pelotons. […] La conduite & la marche d’un grand Ballet bien dessiné exige, Monsieur, des connoissances, de l’esprit, du génie, de la finesse, un tact sûr, une prévoyance sage & un coup d’œil infaillible, & toutes ces qualités ne s’acquiérent pas en déchiffrant & en écrivant la Danse chorégraphiquement ; le moment seul détermine la composition ; l’habileté consiste à le saisir & à en profiter heureusement. […] Il seroit beau de voir un Maître de Ballets de l’Opéra un in-folio à la main, se casser la tête pour remettre les Ballets des Indes galantes ou de quelque autre Opéra chargé de Danses ; que de chemins différents ne faudroit-il pas écrire pour un Ballet nombreux !

161. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 7 février 1671 »

Robinet, lettre du 7 février 1671 Le fameux Ballet de Psiché, Qu’assez bien, l’on trouva touché, Dans ma pénultième Epître, Où j’en fis un fort long Chapitre, Ce spectacle, plein de beautez, Est, encor, de Leurs Majestez, Le cher Ebat Carnavaliste, Et le principal, sur la Liste, Des autres Divertissements.

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