La figure qui soutient un fardeau, placé hors de la ligne centrale de sa propre gravite, doit distribuer autant du poids accidentel que du sien propre vers la partie opposée, de manière à établir un équilibre autour de la ligne centrale perpendiculaire, qui s’élève du pied qui est posé, et qui divise également le poids que les pieds soutiennent. […] Mais la figure qui marche contre le vent, dans quelque sens que ce soit, ne maintient point son centre de gravité avec une disposition exactement égale sur la ligne du point qui la soutient.
Vous briseriez cette ligne de l’arabesque, la plus émouvante qu’ait réalisée la pensée classique, cette ligne qui va de la pointe de la jambe ramenée en arrière jusqu’à la pointe des doigts de votre main à plat, portée en avant. Cette ligne droite grandiose autour de laquelle jouent des courbes charmantes et qui coupe sous un angle variable le plan vertical de l’aplomb, respectons-la, car elle est un triomphe aussi grand de l’esprit humain que les contreforts d’une cathédrale gothique ou la colonnade du Parthénon.
Page. ligne. […] Page. ligne.
Son torse très droit, voire un peu rigide, répugne à continuer, en se portant en avant, la ligne grandiose, vibrante comme une corde de harpe, qui va de la pointe tendue en arrière jusqu’au bout des doigts de la main tendue en avant ; comme chez Mlle Zambelli, l’attitude est chez elle infiniment plus complète, plus aiguë que l’arabesque. Et c’est le fait de la plupart des danseuses françaises, ou plutôt latines, l’attitude où la verticale de l’aplomb, passant par la jambe d’appui, est barrée par l’horizontale du bas de la jambe croisée, doit sa beauté tectonique au jeu des angles et des lignes brisées. Quant à l’arabesque, elle se ramasse en une ligne unique, flèche qui vire sur un pivot très court.