Robinet, lettre du 18 octobre 1670 Mardi, Ballet, et Comédie,135 Avec très bonne Mélodie, Aux autres Ebats succéda, Où, tout, dit-on, des mieux alla, Par les Soins des deux grands Baptistes,136 Originaux, et non Copistes, Comme on sait, dans leur noble Emploi, Pour divertir notre Grand Roi, L'un, par sa belle Comédie, Et l’autre, par son Harmonie.
Ce fut alors que les hommes devinrent imitateurs ; la marche régulière des astres, le renouvellement périodique des saisons, et l’ordre incompréhensible qui régne dans l’univers, leur apprirent combien il étoit nécessaire d’établir des règles, des principes de l’harmonie, et de l’ordre dans leurs imitations. […] Soit quelle paraisse isolée, soit quelle sorte du sein de l’harmonie, et du fracas musical, elle se montre avec la simplicité touchante du sentiment et des graces ; elle charme l’oreille, et en parlant au goût, elle remue et berce pour ainsi dire le coeur. La mélodie est à l’harmonie, ce qu’un tems serein et calme est à la suite d’un violent orage, si le souffle des zéphirs tempère la chaleur d’un jour brulant, et nous procure une jouissance douce après la quelle nous soupirions ; de même la mélodie repose agréablement l’oreille après le Fracas éclatant de l’harmonie. […] Car si l’on étendoit vaguement et au hasard des couleurs sur une planche, et qu’elles ne fussent point arrêtées par les traits qui fixent les contours, ces couleurs, ou ces teintes prodiguées sans intention sans goût et sans harmonie, ne présenteroient qu’un barbouillage informe, et seroient l’image de la palette d’un peintre après quelques heures de travail.
De même que l’harmonie naturelle révèle sans masque le génie sensible du musicien, l’arabesque sonore et son rythme libre expriment son esprit.
V Il est un grand rythme, qui est au rythme banal ce que l’harmonie des vrais musiciens est à la mélodie des autres.