Vous ignorez donc mille traits curieux, répandus dans différens Auteurs, & qui prouvent le pouvoir, l’énergie, la sublimité des gestes ? […] Ils inspiraient par leurs gestes, par leurs regards, la joie ou la crainte, la pitié ou la fureur. […] Vous dites donc que le Geste n’est rien sans la parole ? […] Dans un Ouvrage considérable, que j’ai dessein de publier quelque jour, je donnerai des règles sur le Geste dramatique, tant comique que sérieux. […] Ne vous disputez que par gestes ....
La pantomime ne peut exprimer que l’instant présent ; le passé, et le futur ne peuvent se peindre par des gestes. Les maîtres de ballets qui qui veulent triompher de ces obstacles donnent dans le Galimatias ; dèslors les gestes sont insignifiants, et le langage qu’ils adoptent n’est entendu que par eux seuls ; cette multiplicité des gestes n’offre qu’un papillotage dont les effets se bornent à fatiguer l’esprit et les yeux. […] Ces ombres dont l’éloquence ne résidoit que dans les gestes, et dans le jeu varié de la main et des doigts, me répondirent dans leur langage ; je ne compris rien aux mouvemens de leurs bras, et de leurs mains ; je m’apperçus de la trivialité, et de l’insignifiance de leurs gestes. […] Mais le tatillonage de ces gestes, lui repondis-je, ce mouvement accéléré des doigts, ce jeu perpétuel des bras pouvoient-ils être apperçus, et sentis dans des théâtres aussi vastes et aussi spacieux que ceux, qui éxistoient à Rome ? […] Je compare les gestes des mimes, ou plutôt les mouvemens accélérés de leurs mains, et de leurs bras à ceux que l’ingénieux Abbé de l’Epée a imaginés en faveur des sourds muets.
Il y a de même dans les mouvements du visage et du corps, des gestes de tous ces caractères ; les uns ont été les sources primitives du Chant, et les autres de la Danse. […] Ces sons inarticulés qui étaient une espèce de chant ; et (si on peut s’exprimer ainsi) la Musique naturelle, en se développant peu à peu, peignirent d’une manière non équivoque, quoique grossière, toutes les différentes situations de l’âme, et ils furent précédés et suivis à l’extérieur de gestes relatifs à toutes ces diverses situations. […] On voit par là que le Chant et la Danse, que quelques Auteurs et le vulgaire ont cru des expressions outrées, nous sont cependant aussi naturels que le geste même et la voix. […] Les différentes affections de l’âme sont donc l’origine des gestes, et la Danse qui en est composée, est par conséquent l’Art de les faire avec grâce et mesure relativement aux affections qu’ils doivent exprimer. Aussi a-t-elle été définie par les Philosophes qui l’ont le mieux connue, l’Art des gestes.
Preuves de la possibilité de la Danse en action La parole n’est pas plus expressive que le geste. […] [Voir Geste, Geste (Danse), Geste (Chant du Théâtre)] Mais la Peinture n’a qu’un moment qu’elle puisse exprimer.