Si l’on me consultoit sur la construction d’une salle de spectacle, je conseillerois dabord de ne point sacrifier aux beautés de l’art, les choses absolument essentielles aux charmes de la représentation, à la sureté du public, et à celle du service, qui en raison de la variété et de la multiplicité des mouvemens, doit se faire d’une manière facile. […] Il me sera facile de faire sentir et de démontrer cette vérité. […] Rien de plus facile que d’interrompre toute continuité. […] D’après mes idées, les frises où les plafonds offrant un plus grand espace entre eux, il seroit facile de les éclairer en couvrant les tringles qui porteroient les lumières, d’un fer blanc battu et poli, courbé en quart de cercle et propre à réfléchir les rayons de la lumière sur le théatre. […] Le machiniste enfin n’aura plus d’obstacles à combattre ni de difficultés à vaincre ; ce qui paroissoit impossible deviendra facile à opérer ; la manœuvre du théâtre s’exécutera sans bruit, sans confusion, sans désordre, et cette partie brillante et magnifique de la scène (malheureusement trop négligée) reparoîtra avec éclat, et se montrera sous les formes les plus enchanteresses et les plus multipliées.
Les Mœurs ordinaires des contemporains, que la pénétration, la gaieté, et la vivacité grecque, saisissaient toujours du côté ridicule ; l’esprit épigrammatique si naturel aux Athéniens, la liberté de leur gouvernement, l’influence que chacun des Citoyens avait dans les affaires publiques, le moyen facile dans des représentations imitatives, de peindre, avec les couleurs les plus défavorables, des Rivaux qu’on avait toujours un intérêt éloigné ou prochain de dégrader ; tous ces objets saisis vivement par des Esprits susceptibles de la plus grande chaleur, produisirent en peu de temps la Comédie.
En les mettant sous sa Juridiction immédiate, en interdisant aux Préteurs celle qu’ils avaient naturellement sur eux, ainsi que sur le reste du Peuple, il les mit au-dessus des Citoyens ordinaires, et se conserva d’ailleurs par là des moyens faciles de porter l’art à la plus grande perfection et de le faire servir à ses vues.
Elle en a une aujourd’hui et je me rends compte du travail courageux qu’il a fallu pour s’astreindre, après tant de succès éclatants et faciles, à une discipline implacable et ardue.