Il est vray, ce n’est pas mon mestier que la danse, ny certes ma resolution de mourir en l’exerçant, mais en vn temps & en vn pays où ie me trouue engagé de mettre en pratique ce que poussé de mon inclination i’auois autre fois appris pour mon contentement particulier, & par maniere d’exercice, c’est ma gloire de m’en pouuoir aquitter sciemment, & contenter ensemble ceux qui m’imitent, & cest essay me seruira de garand que la vanité ne me donne point ces paroles, car quiconque entrera en quelque experience de son vtilité, il n’y rencontrera que des actions, ou la bien seance se remarquera tousiours, comme en son element plus necessaire.
Et il y a plus d’un demi-siècle, Bournonville, missionnaire de la danse française, in partibus infidelium ou, sans métaphores, maître de ballet à Copenhague, recommande aux danseurs dans la préface de ses Exercices chorégraphiques de ne point se laisser rebuter par l’injustice de certains critiques qui, ne tenant aucun compte des qualités et du talent des danseurs, s’attaquent à la danse masculine en bloc.
Par la vertu de cette discipline, par l’exercice gradué de cette savante gymnastique basée sur l’intelligence pénétrante du muscle, tout élève, s’il n’est pas cependant affligé d’infirmités ou de difformités irrémédiables, accède, en un délai pouvant aller de six à huit ans, à la dignité d’un danseur apte à briguer une place dans l’ensemble d’une troupe chorégraphique.
— S’il n’est pas doué d’une figure agréable, qu’il se garde bien d’entreprendre l’exercice d’un talent qui exige tant de grâce.