Le besoin et la nécessité peuvent être regardés comme deux sources où les hommes puisèrent leur industrie, leurs connoissances et leurs talens. […] C’est donc au besoin et à la nécessité que l’on doit attribuer le goût des Allemands pour la musique, et les progrès qu’ils ont faits successivement dans cet art depuis plusieurs siècles ; car ils composoient savamment à l’époque où toutes les nations apprenoient à solfier. […] Vous en voyez la raison ; c’est que cet art est un besoin pour ces peuples, comme le commerce en est un pour les Anglais ; c’est qu’elle remplace chez les Allemands ces grandes spéculations commerciales qui occupent les nations voisines, et aux quelles la disposition des lieux ne leur permet pas de se livrer.
Ils ont donc besoin d’une histoire qui fixe leurs incertitudes, d’une lumière pure qui leur montre les erreurs, le danger, le mauvais goût de leurs habitudes ; d’un fond assez riche, pour rendre utiles ces mêmes caprices que l’ignorance rend presque toujours nuisibles. […] Ainsi un Traité qui corrigerait les abus, et qui aiderait les progrès de l’Art, leur deviendrait par contrecoup infiniment utile, sans même qu’il fût besoin qu’ils se donnassent la peine de le lire.
Loret, lettre du 11 décembre 1660 Enfin, il faut que je le die, Les Ballets et la Comédie Se pouvaient nommer, sur ma foi Un divertissement de Roi : Mais, à parler en conscience, J’eus bien besoin de patience : Car moi, qui suis Monsieur Loret Fus sur un siège assez duret, Sans aliment et sans breuvage, Plus d’huit heures et davantage.
Nous avons donc trop de puissances pour nos besoins. […] Ainsi, les moyens de relation de la vie, nos sens, nos membres articulés, les images et les signes qui commandent nos actions et la distribution de nos énergies, qui coordonnent les mouvements de notre marionnette, pourraient ne s’employer qu’au service de nos besoins physiologiques, et se restreindre à attaquer le milieu où nous vivons, ou à nous défendre contre lui, de manière que leur unique affaire consistât dans la conservation de notre existence. […] Mais tous ces divertissements animaux peuvent s’interpréter comme des actions utiles, des poussées impulsives dues au besoin de consumer une énergie surabondante, ou de maintenir en état de souplesse ou de vigueur des organes destinés à l’offensive ou à la défensive vitale. […] Ainsi, la création artistique n’est pas tant une création d’œuvres qu’une création du besoin des œuvres ; car les œuvres sont des produits, des offres, qui supposent des demandes, des besoins. […] Dans celui-ci, notre être se réduit à la fonction d’un intermédiaire entre la sensation d’un besoin et l’impulsion qui satisfera ce besoin.