Robinet, lettres du samedi 20 juin 1671 […] En achevant ce mien Ecrit, J’aprens de Personne d’Esprit Ce qu’il faut, donc, que je publie, Que la Concorde est rétablie, Entre Messieurs de l’Opera, Et qu’hier, méme, il opéra, En reproduisant sa Pomone, Plus vermeille qu’une Anémone, Et qu’on reverra, pour certain, Encor, au méme Lieu, demain, Ainsi que tout du long de l’aune, L’annonce leur Affiche jaune.
Lettre xvii Je vous ai annoncé dans mon avant-dernière lettre, Madame, que je ne vous nommerois que ceux des danseurs et danseuses qu’on peut regarder comme les modèles de leur art ; cependant ceux qui s’efforcent de les copier, ne sont pas sans mérite et je ne hazarderai rien, en avançant que dans le nombre des sujets qui contribuent aux charmes et à la magie des ballets, on en trouverait une douzaine au moins, capables de remplir avec succès les premières places dans les plus beaux théâtres de l’Europe, et qu’ils en feraient les délices et l’ornement. […] Il est pénible pour moi, Madame, de me trouver dans l’impossibilité de vous parler d’une foule de danseuses dont la majeure partie mériteroit un éloge séparé, et dont l’autre annonce de grandes dispositions ; talent malheureusement rare, celui d’être intéressante dans tous les genres, mais des accidens et une douleur fixée dans les genoux, l’ont forcée dans plusieurs circonstances de suspendre ses travaux habituels, et cet état d’inaction lui a procuré beaucoup plus d’embonpoint qu’il n’en faut au théâtre et dans un genre surtout qui exige de belles proportions. […] Il est pénible pour moi, Madame, de me trouver dans l’impossibilité de vous parler d’une foule de danseuses dont la majeure partie mériteroit un éloge séparé, et dont l’autre annonce de grandes dispositions ; mais pour donner à chacune d’elles la portion d’encens qu’elle mérite, il faudroit que je les visse souvent pour les bien apprécier.
Votre titre n’annonce que la danse, et vous donnez de grandes lumières sur tous les arts ; Votre style est aussi éloquent que vos ballets ont d’imagination ; vous me paraissez si supérieur dans votre genre, que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui vous ont fait porter ailleurs vos talens ; vous êtes auprès d’un Prince qui en sent tout le prix.
Un bruit d’instrumens militaires interrompt ces jeux et annonce l’arrivée du Sophi. […] Ce Prince balance, et dans l’instant où il va dévoiler le mystère, qui percera le cœur de Zélis, le chef des Eunuques paroît et lui annonce l’arrivée de la nouvelle épouse ; Zélis tombe mourante aux genoux du Sophi : les autres Sultanes expriment les divers mouvemens dont elles sont agitées. […] Le silence succède au bruit éclatant de la musique : le Sophi pose la main sur le livre de la loi ; les assistants tombent à genoux ; il met ensuite le diadême sur la tête de Zulmire ; il la montre au peuple comme l’épouse qu’il a adoptée et que son cœur a choisie ; il la place sur son trône : dans ce moment on se prosterne la face contre terre : le bruit de l’artillerie, celui des instrumens militaires, tout annonce un instant précieux aux vœux du Souverain et à la satisfaction de ses sujets ; on se relève ; on exprime l’allégresse et la joye ; la danse en étant le symbole, on s’y livre avec transport ; chacun exprime la gaieté suivant le costume de ces climats.