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2. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre II. Division de la Danse Théâtrale »

Division de la Danse Théâtrale Nous avons vu140, que le défaut d’action était le vice constant du grand Ballet. […] Tout ce qui est sans action est indigne du Théâtre ; tout ce qui n’est pas relatif à l’action devient un ornement sans goût, et sans chaleur. […] Le combat des Soldats sortis du sein de la Terre dans Cadmus, devait être, selon ses vues, une action de danse. […] Dans l’enchantement d’Amadis par la fausse Oriane, il a été mieux entendu, et cette action épisodique paraîtra toujours, lorsqu’elle sera bien rendue, une des beautés piquantes du Théâtre Lyrique. […] Il n’est point d’ouvrage de cet esprit créateur, dans lequel on ne voie, si l’on sait voir, l’indication marquée de plusieurs Ballets d’action très ingénieux et tous liés au sujet principal.

3. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre XII. Règles générales à observer dans les actions de Danse »

Si quelqu’une de ces trois parties est défectueuse, l’action théâtrale est imparfaite. Si elles sont toutes les trois dans les proportions convenables, l’action est complète, et le charme de la représentation infaillible. […] Or, chaque Acte, chaque Scène doit avoir son exposition, son nœud et son dénouement, tout comme l’action entière dont ils sont les parties. […] Les trois parties dont on parle, sont, le commencement, le milieu et la fin, qui constituent tout ce qui est action. […] Les deux Athlètes, en se défiant exposaient très bien le sujet : leur combat formait le nœud de cette belle action ; mais comment se dénouait-elle ?

4. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Methode povr les cavaliers. » pp. 25-51

Mais à cause qu’il y a de la difference entre les pas & les actions d’vn Caualier, & ce qu’il faut qu’vne Dame face : & aussi qu’il y auroit de la confusion d’instruire l’vn & l’autre ensemble, il m’a semblé bon de commencer par le Caualier, auquel ie conseillerois volontiers qu’il n’attendit pas à vn aage trop aduancé, pource qu’estant alors moins maniable, il aura plus de difficulté à s’aquerir la perfection qui luy seroit aisee à vn temps plus commode ; ce bon-heur neanmoins se peut recouurer par vne peine volontaire, qu’vn enfant manque de discretion ne peut auoir, toutesfois pource qu’il y a de certaines actions plaines de graces, qu’il est impossible d’escrire, (comme il me souuient d’auoir dit en quelque lieu) qu’il se garde bien de se mettre entre les mains d’vn ignorant, ny mesme s’il est possible, de celuy qui outre l’excellence de sa methode, ne sçache encore executer ce qui est par dessus la voix & l’escriture : car l’vn ne pourra iuger d’vne belle action ne la cognoissant pas, moins encore la remettre en son entier si elle est corrompuë, & quelque habile homme que soit l’autre, il se tourmenteroit en vain sur l’intelligence d’vne chose qui conciste plus en vsage qu’en artifice ; si mes actions doiuent prendre loy de celles de mon Maistre, & qu’il ne sçache effectuer ce qu’il veut que ie face, i’aymerois autant qu’on me fit ioüer le personnage d’vne Idole ; c’est vne maxime trop aueree, qu’en cecy la Pratique & la Theorie doiuent estre deux accidens inseparables. […] DES ACTIONS PLVS NECESSAIRES QVI DOIVENT ESTRE OBSERVEESà la Courante. […] Defauts qui se trouuent ordinairement en plusieurs, qui ne laissent d’estre estimez bons danseurs : mais c’est de ceux qui pour gratifier leur courtoisie ne se soucient d’offencer leur iugement de telles actions les Maistres ne sont nullement blasmables, comme ceux qui les choisissent, & bien souuent ces deffauts viennent des Escoliers qui peruertissent les bonnes actions qu’on leur donne, les vns pour y apporter trop d’affecterie, les autres trop de negligence, & tous ensemble pour ne sçauoir iuger où telles actions se doiuent approprier. […] Et bien qu’il semble que Caprioler ou aller par haut soit vne action fort violente, penible, & tres-malaisee à acquerir, si est-ce que s’y exerçant, comme il est requis, & y obseruant ce que i’en diray cy apres, on se la pourra rendre aussi facile que les moindres actions qui se pratiquent en la danse. […] Il y a au reste certaines actions qu’on mesle parmy les ceremonies ou complimens, qu’vne, visite, abort, ou reception d’vne compagnie oblige faire, qui pour estre quelquefois trop ennuyeuses, ou importunes, pourueu qu’on les oublie par discretion, non par erreur, on n’en à pas moins de grace.

5. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IV. Vices du grand Ballet »

Or la Danse théâtrale, ainsi que la Poésie dramatique, doit toujours peindre, retracer, être elle-même une action. […] Il n’est donc pas possible de faire du grand Ballet un Spectacle susceptible de l’intérêt théâtral ; parce que cet intérêt ne peut se trouver que dans la représentation d’une action suivie. […] C’est cet attachement que l’art du Théâtre inspire ; c’est cette attention suivie et involontaire qu’il fait naître, qu’on ai nommé intérêt, et il a autant de caractères plus ou moins vifs, qu’il y a de genres d’actions propres au théâtre. Dans le grand Ballet, il y a beaucoup de mouvement, et point d’action. […] Dans une action, au contraire, où la Vengeance et les Euménides voudraient inspirer les transports qu’elles ressentent à un personnage principal, tout l’art de la Danse employé à peindre par gradation et d’une manière successive, l’intention de ces barbares Divinités, les combats de l’Acteur, les efforts des Furies, les coups redoublés de pinceau, toutes les circonstances animées, en un mot, d’une pareille action demeureraient gravées dans l’esprit du Spectateur, échaufferaient son âme par degrés, et lui feraient goûter tout le plaisir que produit au Théâtre le charme de l’imitation.

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