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2. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IV. » pp. 25-31

Oui, Monsieur, il est honteux que la danse renonce à l’empire qu’elle peut avoir sur l’âme, et quelle ne s’attache qu’a plaire aux yeux. […] En habituant notre âme à les sentir, la difficulté de les exprimer s’évanouira ; alors la physionomie recevra toutes ses impressions de l’agitation du cœur ; elle se caractérisera de mille manières différentes ; elle donnera de l’énergie aux mouvemens extérieurs, et peindra avec des traits de feu, le désordre des sens, et le tumulte qui règnera au dedans de nous-mêmes. […] Si leurs gestes et leurs physionomies sont sans cesse d’accord avec leur âme, l’expression qui en résultera sera celle du sentiment, et vivifiera votre ouvrage. […] On ne réussit dans les compositions théatrales qu’autant que le cœur est agité, que l’âme est vivement émue, que l’imagination est embrâsée. […] votre âme est elle insensible ?

3. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

… Mon âme n’est plus qu’un songe que fait la matière en lutte avec elle-même ! […] — Elles entrent comme des âmes ! […] PHÈDRE Notre Socrate n’a de cesse qu’il n’ait saisi l’âme de toute chose : sinon même, l’âme de l’âme ! […] — Il suffit que l’âme se fixe et se refuse, pour ne plus concevoir que l’étrangeté et le dégoût de cette agitation ridicule… Que si tu le veux, mon âme, tout ceci est absurde ! […] Il veut jouer à l’universalité de l’âme !

4. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XXII, gab » pp. 250-

Ame des fleurs, âme du ciel, âme du feu, Loïe Fuller nous les a données. D’aucunes sertissent des mots ou des formes, elle créa l’âme de la danse, car jusqu’à Loïe Fuller la danse n’avait pas d’âme. […] Rigide, majestueuse, un peu « protocolaire », elle n’eut pas d’âme sous le Grand Roi. Elle n’eut pas d’âme lorsqu’elle put en avoir. […] L’âme de la danse devait naître dans ce siècle douloureux et fiévreux.

5. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Observez que je parle ici de l’âme d’un homme de génie ; parce que j’entends par le mot génie, l’aptitude naturelle à recevoir, à sentir, à rendre les impressions du tableau supposé. […] L’imagination reçoit le dessein rapide du tableau qui est présenté à l’âme, et c’est sur cette première esquisse que le génie distribue les couleurs. […] Or il est dans la nature que l’âme n’éprouve point de sentiment, sans former le désir prompt et vif de l’exprimer ; tous ses mouvements ne sont qu’une succession continue de sentiments et d’expressions ; elle est comme le cœur, dont le jeu machinal est de s’ouvrir sans cesse pour recevoir et pour rendre : il faut donc qu’à l’aspect subit de ce tableau frappant qui occupe l’âme, elle cherche à répandre au-dehors l’impression vive qu’il fait sur elle. […] La vanité n’est le grand ressort que des petites âmes ; le génie en suppose toujours une supérieure. […] La cause de cette sorte de phénomène est dans l’âme de l’acteur et du spectateur.

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