Je n’entends point au reste par le mot d’action, celle qui ne consiste qu’à se remuer, à se donner de la peine, à faire des efforts et à se tourmenter comme un forcené, pour sauter, ou pour montrer une âme que l’on n’a pas. […] Le geste est un trait qui part de l’âme ; il doit faire un prompt effet et toucher au but, lorsqu’il est vrai. […] Selon lui, dit Quintillien, l’art du pantomime consiste dans la bonne grace, et dans l’expression naïve des affections de l’âme ; elle est au dessus des règles et ne se peut enseigner ; la nature seule la donne. […] Les arts sont de tous les pays ; qu’ils empruntent la voix qui leur est propre, ils n’auront pas besoin d’interprêtes, et ils affecteront également et le connoisseur et l’ignorant : leur effet ne se borne-t-il au contraire qu’à frapper les yeux sans toucher le cœur, sans remuer les passions, sans ébranler l’âme, ils cessent dèslors d’être aimables et de plaire : la voix de la nature et l’expression fidelle du sentiment porteront toujours l’émotion dans les âmes les moins sensibles ; le plaisir est un tribut que le cœur ne peut refuser aux choses qui le flattent et qui l’intéressent. […] Si notre âme détermine le jeu et l’action de nos ressorts, dès lors, les pieds, les jambes, le corps, la physionomie et les yeux seront mus dans des sens justes, et les effets résultants de cette harmonie et de cette intelligence, intéresseront également le cœur et l’esprit.
Le dialogue de L’âme et la danse est un exemple de cette « obscure clarté ». […] Quels sont-ils, les temps de pirouette en quoi exulte et se déchire l’âme frénétique ? […] » Qu’importe, après tout, ô Athikté, chère âme, petit enfant, petit oiseau ? […] L’âme émue dicte au muscle incité un langage toujours et partout le même. […] [NDE] C’est une citation de Valéry (L’âme et la danse) mais Levinson ne met pas de guillemets.
La Pucelle de Saint-Simon, Fille d’un Duc, de grand renom, Et d’une Mère fort charmante, Fille, dont la beauté naissante, Se rend digne, de jour en jour, D’admiration et d’amour, Fille, enfin, le rare modèle D’une âme si noble et si belle, Qu’on peut nommer l’âme et le corps, Deux incomparables trésors.
[7] Celui qui aura mis en usage ces conseils, sera en droit de plaire et possédera tout le charme de son art qui consiste à intéresser le spectateur, en lui faisant éprouver de douces émotions et en livrant son âme au plaisir et à la joie. […] « L’illusion la suit ; éloquente et muette, « Elle est des passions la mobile interprète29 : « Elle parle à mon âme, elle parle à mes sens, « Et je vois dans ses yeux des tableaux agissants. […] « Les gestes et les pas, d’un mutuel accord, « Peignent (de l’âme) la même ivresse et le même transport. » Dorat. […] La musique d’un pas ou d’un ballet doit avoir encore plus de cadence et d’accent que la musique vocale, parce qu’elle est chargée de signifier plus de choses ; que c’est à elle seule d’inspirer au danseur, au mime, la chaleur et l’expression que le chanteur peut tirer des paroles, et qu’il faut de plus qu’elle supplée dans le langage de l’âme et des expressions tout ce que la danse ne peut dire aux yeux du spectateur (J. […] La pantomime exprime avec rapidité les mouvements de l’âme ; elle est le langage de tous les peuples, de tous les âges, de tous les temps ; elle peint même mieux que la parole, une douleur extrême, ou une joie excessive.