Il se représenta la danseuse comme une sorte d’apparition étrangère à la terre, toujours prête à remonter dans les airs d’où elle n’est descendue que pour un moment : il voulait qu’elle fût portée par des ailes invisibles, que toute sa personne parût affranchie des lois de la pesanteur, que ses mouvements eussent l’aisance de ceux de l’oiseau, que dans toutes ses poses, dans toutes ses attitudes, elle fût comme baignée de clartés indécises qui atténueraient ce qu’elle pouvait avoir de matériel et de terrestre. Combien il s’éloignait ainsi de la danse classique où tout était précis et palpable, où la danseuse, au lieu de fuir la terre, semblait y revenir sans cesse avec le désir d’en goûter les charmes pour elle-même et de les augmenter pour les autres ! […] Il y a dans toute sa personne une souplesse remarquable, dans tous ses mouvements une légèreté qui l’éloigne de la terre ; si l’on peut s’exprimer ainsi, elle danse de partout comme si chacun de ses membres était porté par des ailes70. » Ce fut surtout Théophile Gautier qui, en sa qualité de protagoniste du romantisme, célébra dans le succès de la Sylphide la victoire, au sanctuaire de la danse française, de la forme d’art qui lui était chère : « Ce ballet, dit-il, commença pour la chorégraphie une ère toute nouvelle et ce fut par lui que le romantisme s’introduisit dans le domaine de Terpsichore. […] Quand elle prend son vol, les regards soucieux Semblent la retenir au sol qu’elle abandonne, Comme si le lutin que l’Ecosse nous donne Quittait la terre pour les cieux82.
On avait étendu des tapis par terre, et tout était prêt pour recevoir le souverain. […] Les hommes s’agenouillaient, touchaient la terre de leur front, puis se relevaient tous ensemble, et le rythme était aussi impressionnant que la ligne.
Quand à ceux qui n’ont l’esprit qu’au bout des pieds, ils ne peuuent pas auoir les considerations releuees iusques où ie les voudrois, pour leur faire trouuer quelque goust en ces aduis, ils sont trop ahurtez à la bonne opinion qu’ils ont d’eux mesmes, qu’ils s’y tiennent donc tant qu’il leur plaira, & qu’ils exercent à souhait leur iugement terre à terre, ie ne leur enuieray iamais la gloire qu’ils en rapporteront, il suffit que i’aye rendu ce tesmoignage du ressentiment qu’vne consideration publique me donne de ce qu’ils sont tels, & du contentement que i’aurois pour la mesme raison qu’ils fussent dignes d’vne recommandation veritable.
La balle le perce sans doute ; mais la colonne la repousse contre vous : vous tombez l’un et l’autre frappés du même coup, et vous restez à terre, pour y être foulé aux pieds de la multitude, dont vous auriez tôt ou tard fixé l’admiration, et qui vous méprise.
On assistait ensuite aux efforts stériles du Titan pour instruire les hommes dans l’art de construire des habitations et de cultiver la terre. […] Prométhée ayant allumé un brandon au char du soleil retombait sur la terre et au troisième acte, en faisait présent aux hommes. […] À son retour sur la terre, au 3e acte, Thia s’empressait d’ouvrir le premier vase. […] Les Titans alors surgissent des entrailles de la terre et reprennent la lutte contre les dieux.
Qu’il passe de là au mouvement de l’Île de Délos, aux couches miraculeuses de Latone, à la défaite du serpent Python, au vol des Aigles, par le moyen desquels on a découvert le milieu de la terre, au déluge de Deucalion, à l’Arche où furent conservés les restes malheureux du genre humain.
Tandis que le Nouveau-Monde vous adoptait, tandis que les feuilletons de New-York chantaient si plaisamment votre gloire par delà les mers, Taglioni dansait chez nous ; Taglioni, votre reine à toutes, effaçait vos moindres traces, non dans l’air, mais sur la terre. […] Mais Taglioni a démontré qu’elle n’était pas condamnée à se mouvoir exclusivement dans le royaume des airs et qu’elle pouvait empiéter sur le domaine de Fanny, tandis que celle-ci avait sa sphère aux limites infranchissables. « De ce que Mlle Elssler ne saurait s’enlever, de ce que les ailes lui manquent, il ne s’ensuit pas que Taglioni ne doive pas descendre sur la terre, si c’est son caprice. […] Que voulez-vous que me fassent les anges au ciel, quand j’ai vu pareille danse sur la terre ? […] Un journal traduisit leur impression dans cette formule : « Taglioni, c’est l’air ; Elssler, c’est la terre combinée avec le feu144 ». […] « Terre, ne pèse pas sur elle ; elle n’a pas pesé sur toi. » 139.
J’en ai dit assez pour vous persuader de toutes les difficultés d’un Art qui n’est aisé que pour ceux qui n’en saisissent que les parties superficielles & qui imaginent que l’action de s’élever de terre d’un pouce plus haut que les autres, ou l’idée de quelques moulinets ou de quelques ronds doivent leur attirer tous les suffrages. […] L’empressement qu’il a d’abord témoigné a fait prendre le change & en a imposé aux Misogyniens ; ils ont cru voir en lui du zele, & un attachement inviolable à leur Loi ; cependant Clairville & Constance (c’est le nom des deux Amants) abordent à terre ; la mort est peinte sur leur visage, leurs yeux s’ouvrent à peine, des cheveux hérissés annoncent leur effroi. […] Un nouvel autel paroît & prend la place de celui qui vient d’être détruit, il est de marbre blanc ; des guirlandes de roses, de jasmins & de myrtes ajoutent à son élégance ; des colonnes sortent de la terre pour orner cet autel, & un baldaquin artistement enrichi & porté par un grouppe d’Amours descend des cieux ; les extrêmités en sont soutenues par des Zéphyrs qui les appuient directement sur les quatre colonnes qui entourent l’autel ; les arbres antiques de cette Isle disparoissent pour faire place aux myrtes, aux orangers & aux bosquets de roses & de jasmins.
Quand il se voit libre et sans témoins, il lève tantôt les yeux au ciel pour marquer son admiration et sa confiance, et tantôt il les baisse vers la terre pour confesser son indignité. […] En se prosternant en terre, il commence à exécuter l’arrêt qui le condamne à retourner en poudre.
Il crie à son Jokey : Villiams, je suis le soleil, la terre tourne autour de moi. Un instant après il devient plus ivre ; il perd son chapeau, abandonne ses étriers, il galope, frappe son cheval, le pique de ses éperons, casse son fouet, perd ses gands, et arrive aux murs de son parc ; il n’en trouve plus la porte, il veut absolument que son coursier dont il déchire la bouche, entre par la muraille ; l’animal se débat, se cabre, et jette mon vilain à terre. » Après cet exposé, Garrick commença ; il mit successivement dans cette scène, toutes les gradations dont elle étoit susceptible ; il la rendit avec tant de vérité, que lorsqu’il tomba de cheval Prévillo poussa un cri d’effroi ; sa crainte augmenta encore lorsqu’il vit que son ami ne répondait à aucune de ses questions.
Le bourdon de Notre-Dame, un tremblement de terre, le jugement dernier !
III Markouski est l’être le plus jovial de la terre. — Il est le seul de ses salons de la rue Buffaut qui soit réellement digne d’étude.
Mais sans entrer dans la discution de ces sentimens, je me contenterai de dire que si on s’en rapporte à l’Ecriture-Sainte, on y trouvera quantité d’éxemples qui peuvent persuader que les Anges sont les Ambassadeurs de Dieu, desquels il se sert quelquefois pour nous annoncer ses volontez sur la terre, par l’usage de la voix ordinaire, ou mélodieuse, comme celle que l’on entendit dans les airs, lors de la naissance de Jésus-Christ, & tant d’autres éxemples dont l’Ecriture est remplie.
Les chœurs remplissent le théâtre, et forment ainsi un fort agréable coup d’œil ; mais on les laisse immobiles à leur place : on les entend dire quelquefois que la terre s’écroule sous leurs pas, qu’ils périssent, etc. et pendant ce temps ils demeurent tranquilles au même lieu, sans faire le moindre mouvement.
Le ballet bien composé est une peinture vivante des passions, des mœurs, des usages, des cérémonies et du costume de tous les peuples de la terre : conséquemment il doit être pantomime dans tous les genres, et parler à l’âme par les yeux ; est-il dénué d’expression, de tableaux frappants, de situations fortes, il n’offre plus alors qu’un spectacle froid et monotone.
Le Ballet bien composé est une Peinture vivante des passions, des mœurs, des usages, des cérémonies, & du costume de tous les Peuples de la terre ; conséquemment, il doit être Pantomime dans tous les genres, & parler à l’ame par les yeux.
Il ne lui faut que lever sa béquille ou frapper la terre de son ergot fourchu pour réaliser des Alhambras et des Généralifes. […] Le diable rit de sa distraction, fait un signe, et tous les démons, — car vous vous doutez bien que ces domestiques ne pourraient montrer de certificats d’un autre maître que de Satan, — laissent tomber qui son bec, qui son museau, qui son groin, et prennent une physionomie humaine, sinon plus honnête, du moins plus présentable.— Une table chargée de vaisselle plate, de fruits, de vins et de mets qui, pour avoir été cuits sur un fourneau de l’enfer, n’en paraissent pas moins savoureux, sort subitement de terre. — Don Cléofas, que rien ne surprend plus, s’assied tranquillement et se met à manger. […] Cléofas est un peu sceptique, nous l’avons dit, et quoiqu’il n’ait pas lieu de douter de la bonne foi du diable, il veut mettre à l’épreuve la vertu du talisman ; il agite la sonnette, et la petite langue d’argent n’a pas plutôt fait entendre sa voix, qu’Asmodée, qui avait disparu, jaillit soudainement de terre, quoiqu’il fût déjà aux antipodes ou plus loin.
Cette meme machine remontoit vers le ciel, et étoit remplacée par un autre palais qui, en sortant de terre, s’élevoit gradativement vers le ceintre ; la richesse des vêtemens, la beauté des voix, l’exécution précise et brillante de deux cens musiciens, tant de belles choses réunies offrirent un spectacle digne de la circonstance pour la quelle il avoit été composé, et digne encore de la grandeur et de la magnificence de Louis quatorze. […] M. de Sourdéac possesseur de la terre et du Château de Neubourg situés en Normandie, y donna un spectacle étonnant par sa nouveauté, et magnifique par ses détails et son ensemble.
Trois jeunes filles d’une beauté ravissante, accoutumées à orner de bouquets et de guirlandes le lit de leur mère, paroissent et sont occupées du soin de chercher et de cueillir des fleurs ; elles apperçoivent que la terre en est couverte à l’endroit où repose l’amour ; elles y volent avec empressement. […] Dans le même instant un temple et un autel consacrés aux Graces s’élèvent de dessous terre.
Semblable à ces navigateurs intrépides qui affrontent les orages et les tempêtes pour découvrir des terres inconnues d’où ils rapportent des objets précieux propres à enrichir les sciences et les arts, le commerce et l’industrie, mais que des obstacles invincibles arrêtent au milieu de leurs courses ; j’avoue que comme ceux j’ai été forcé de suspendre la mienne.
Elle se couchait par terre, le visage tourné du côté du parquet, et les jambes étendues horizontalement.
Fanny, qui n’a jamais quitté la terre, a dansé devant le voluptueux Sardanapale, et dans les fêtes olympiques de la Grèce. […] On lui appliqua le mot de Tieck : « C’est un de ces chants suaves qui ne touchent point la terre, qui passent d’une marche ailée dans l’or du crépuscule et de là-haut saluent le monde. » D’autres soupiraient un vers italien : E passato il tempo che Fanni ballava. […] Dans son article, il comparait Fanny Elssler au paillasse des Funambules, Debureau, ce qui, disait-il, n’avait rien d’injurieux pour elle, car il considérait Debureau comme le plus grand mime de la terre. […] Leur principal organe, la Gazette des Théâtres, dit : « La reprise de la Sylphide est une erreur d’une danseuse de beaucoup de talent ; nous n’avons plus de sylphide à Paris, elle a pris son vol vers les glaces du Nord, et pour nous consoler de son départ, il nous est resté une séduisante mortelle, bien faite pour charmer les yeux et les cœurs, mais non pas pour nous faire oublier sur la terre ce ciel auquel il ne lui est pas permis de s’élever. » Le public sembla partager l’opinion des taglionistes. […] Gœthe l’avait signalé, dans les Années de voyage de Wilhelm Meister, comme une terre d’activité féconde et de progrès social.
) que l’ange ayant sonné de la cinquième trompette, le puits de l’abîme s’ouvrit, qu’il s’éleva du puits une fumée semblable à celle d’une fournaise, qu’il sortit de cette fumée des sauterelles qui se répandirent sur la terre, et qui reçurent un pouvoir tel que l’ont les scorpions de la terre, qui est de piquer ; que ces espèces de sauterelles étoient semblables à des chevaux préparés pour le combat ; qu’elles avoient sur la tête comme des couronnes d’or, des cheveux de femme, et des dents comme des dents de lion : et voici l’explication morale que ce saint archevêque donne à cet endroit de l’Apocalypse, en en faisant usage contre les danses : « Ces sauterelles, dit-il, sont les personnes qui dansent.
Leur adresse à les parer étant égale, ils jettent loin deux ces inutiles instrumens de leur vengeance et de leur rage ; et s’élançant avec impétuosité les uns sur es autres, ils luttent avec un acharnement qui tient du délire et du désespoir ; ils se saisissent, se terrassent, s’enlevent de terre, se serrent, s’étouffent, se pressent et se frappent ; et le combat n’offre pas un seul instant qui ne soit un tableau. […] Leurs compagnes sensibles à la honte et à l’abattement des vaincus, laissent tomber à leurs pieds celles qu’elles leur destinoient : ceux-ci dans une attitude qui peint ce que la douleur et l’accablement ont de plus affreux, sont immobiles ; leur tête est abattue, leurs yeux sont fixés sur la terre.
Leur adresse à les parer étant égale, ils jettent loin d’eux ces inutiles instruments de leur vengeance & de leur rage, & s’élançant avec impétuosité les uns sur les autres, ils luttent avec un acharnement qui tient du délire & du désespoir ; ils se saisissent, se terrassent, s’enlevent de terre, se serrent, s’étouffent, se pressent & se frappent, & ce combat n’offre pas un seul instant qui ne soit un tableau. […] Leurs compagnes sensibles à la honte & à l’abattement des vaincus laissent tomber à leurs pieds celles qu’elles leur destinoient ; ceux-ci dans une attitude qui peint ce que la douleur & l’accablement ont de plus affreux sont immobiles ; leur tête est abattue, leurs yeux sont fixés sur la terre.
Le prédécesseur de celui qui exerce actuellement s’est retiré dans son pays et a acheté des terres.
Mais qu’il soit permis de citer ici un ou deux passages du Discours que vient de prononcer à l’Académie Française M. de Lamoignon de Malesherbes : « Le Public s’est élevé un Tribunal indépendant de toutes les Puissances, & que toutes les Puissances respectent, qui apprécie tous les talens, qui prononce sur tous les genres de mérite ... cette vérité que j’expose dans l’assemblée des Gens de Lettres, a déjà été présentée à des Magistrats, & aucun n’a refusé de reconnaître ce Tribunal du Public, comme le Juge Souverain de tous les Juges de la terre ».
Pylade parut ensuite, et sans avoir recours à de si petits moyens, il se présenta en roi occupé des projets les plus vastes et les plus importants ; des plans d’attaque et de déffense occupoient sa pensée : tantôt il levoit les veux vers le ciel, tantôt il les fixoit sur la terre ; mais se rappellant tout à coup l’oracle de Calchas, il frémit et tremble sur le sort inévitable dont Iphygénie est menacée, il l’avoit conduite à l’autel, il apperçoit le fatal couteau prêt à trancher les jours de sa fille chérie, il court et vole pour l’arrêter.
Le tonnérre gronde, les éclairs percent la nue, les flots de la nier s’élèvent avec fracas, le ciel s’obscurcit, la terre tremble, un bruit souterrain se fait entendre ; la tombe s’ouvre, l’ombre de Lybas se lève, fait un geste menaçant, accépte le combat et descend de son tombeau.
Le docteur-directeur Véron l’a raconté ainsi : « A la suite de l’admirable trio qui sert de dénoûment, Bertram devait se jeter seul dans une trappe anglaise pour retourner vers l’empire des morts ; Nourrit, converti par la voix de Dieu, par les prières d’Alice, devait, au contraire, rester sur la terre pour épouser enfin la princesse Isabelle ; mais cet artiste passionné, entraîné par la situation, se précipita étourdiment dans la trappe à la suite du dieu des enfers. […] On entend par vols, au théâtre, ces suspensions dans le vide qui simulent un personnage en train de planer entre ciel et terre, entre les frises et le plancher. […] Lorsqu’elle paraît avec son sourire d’enfant, son œil étonné et ravi, ses poses d’oiseau qui cherche à prendre terre et que ses ailes emportent comme malgré lui, des bravos unanimes éclatent dans tous les coins de la salle.
Elle a su mettre le directeur dans sa manche, les autres, au contraire, s’en sont fait un ennemi et que peut hélas un pot Je terre contre un pot de fer !
Les Danaïdes restent immobiles à la vue de leur cruel attentat ; ici sortent du lieu du massacre des spectres horribles ; Tisiphone, Alecto, Mégère les accompagnent ; le Crime, la Trahison, la Perfidie et le Remords les suivent ; cette troupe infernale s’empresse à présenter aux Danaïdes les tableaux effrayans de leurs crimes ; les images, qui leur sont retracées par les enfers, leur déchirent l’ame, et leur causent à chaque instant de nouvelles épouvantes ; elles veulent fuir ; mais elles sont sans cesse arrêtées dans leur fuite par les grouppes horribles, qui les dévancent ou qui les poursuivent ; le Crime, le Remord, la Trahison et la Perfidie, conduits par les Furies, les enchaînent, pour ne les plus abandonner ; en vain veulent-elles échapper à la punition, qui les attend ; la terre s’entr’ouvre, il s’en exhale une vapeur épaisse mêlée de flammes ; un bruit sourd et confus ajoute à cette horreur ; un spectre hideux armé d’une faulx, sort à pas lents du souterrain ; son apparition glace d’épouvante l’ame des Danaïdes ; la pâleur de la mort se répand sur leurs traits ; le spectre leur montrant d’une main menaçante la route qu’il vient de leur frayer, leur ordonne d’y descendre ; c’est inutilement qu’elles tentent de se soustraire à sa puissance ; elles sont entrainées par la troupe infernale et les spectres armés de torches funéraires et lugubres les précipitent dans l’empire des morts.
Cette Dolorès était Dolorès Serrai, l’étoile de la troupe, qui se montra pendant plusieurs années sur diverses scènes parisiennes, et dont Théophile Gautier donnait cette pittoresque description : « Son talent a un caractère tout particulier : dans les écarts les plus excessifs de cette danse si vive et si libre, elle n’est jamais indécente ; elle est pleine de passion et de volupté, et la vraie volupté est toujours chaste ; on la dirait fascinée par le regard de son cavalier ; ses bras se dessinent, pâmés d’amour ; sa tête se penche en arrière, comme enivrée de parfums et ne pouvant supporter le poids de la grande rose au cœur vermeil qui s’épanouit dans les touffes noires de ses cheveux ; sa taille ploie avec un frisson nerveux, comme si elle se renversait sur le bras d’un amant ; puis elle s’affaisse sous elle-même en rasant la terre de ses bras, qui font claquer les castagnettes et se relève vive et preste comme un oiseau, en jetant à son danseur son rire étincelant105. » Le Diable boiteux, qui transportait les spectateurs en Espagne, au pays de Gastibelza, l’homme à la carabine, de l’Andalouse au sein bruni, de Dolorès Serral, arrivait donc à son heure. […] Vous savez tous comme elle arrive, calme, sérieuse, décente ; d’abord elle touche la terre, puis elle s’élève sans y penser et sans efforts, puis enfin la voilà dans son atmosphère accoutumée ; puis enfin encore, quand elle est tout à fait là-haut qui s’abandonne à sa chaste et naïve passion, le public la reconnaît et s’écrie : C’est elle ! […] certes, c’est là une émotion bien simple et bien inconnue dans les royaumes enivrants de la danse vulgaire, une émotion au delà des sens, parce qu’elle n’est pas venue de la terre.
) « Tout dans vos noces, dit-il, devroit être plein de tempérance, de modestie, de gravité et d’honnêteté ; et j’y remarque tout le contraire, y voyant des gens qui sautent comme des chevreaux et des mulets… Dans toutes vos actions vous avez soin de séparer le mauvais du bon ; comme quand vous voulez ensemencer vos terres, ou que vous faîtes vos vendanges, vous ôtez tous les mauvais grains ; de même, si vous composez quelque parfum, vous prenez bien garde qu’il n’y tombe rien qui soit de mauvaise odeur.
Les Dieux Marins & les Déesses Marines se pressent de la voir ; les Vents arriverent au bruit ; Eole qui craint les désordres qu’ils ont coutume de faire, les resserre dans leur caverne ; Castor & Pollux assurent qu’en faveur de cette naissance, la navigation sera désormais heureuse : des Capitaines de Navires, des Marchands & des Matelots se réjouissent à leur vûe ; les Zéphirs qui avoient quitté les autres vents pour porter sur terre cette heureuse nouvelle, en font la premiere part au Printems, aux jeux, aux ris, & tous ensemble se devouent à cette nouvelle Divinité. […] L’Auteur feignit que l’Amour qui a toujours un bandeau sur les yeux, s’ennuyant d’être ainsi comme aveugle dans le monde, appelle la lumiere à son secours, & la prie de se répandre sur les Astres, sur le Ciel, sur l’air, sur l’eau, sur la terre, & généralement sur toutes choses, afin que leur donnant un nouvel éclat & mille beautez différentes par la variété des couleurs, il puisse choisir celle qui lui agréera le plus.
J’en ai dit assez pour vous persuader de toutes les difficultés d’un art qui n’est aisé que pour ceux qui n’approfondissent rien, et qui imaginent que l’action de s’elever de terre d’un pouce plus haut que les autres, ou l’idée de quelques moulinets, ou de quelques ronds doivent leur attirer tous les suffrages. […] Il est de marbre blanc ; des guirlandes de roses, de jasmins et de myrthes ajoutent à son élégance ; des colonnes sortent de la terre pour orner cet autel, et un baldaquin artistement enrichi, et porté par un groupe d’Amours, descend des cieux.
Oreste, qui seconde les fureurs d’Electre, lui jure qu’il ne portera que des coups assurés, qu’il brisera ses chaînes et qu’il purgera la terre d’un monstre excérable. […] Oreste furieux s’abandonne à l’horreur qui le déchire : son action peint avec l’égarement et l’effroi, tout ce que le Crime, le Remords et le désespoir lui retracent d’horrible ; il fuit, mais la terre s’entrouve sous ses pas.
Le maître des ballets, souvent homme-machine, bien plus accoutumé à parler aux jambes qu’à l’esprit, plus habitué aux mouvemens des pieds qu’à ceux des passions, fera agir et danser dans le même sens et de la même manière, tous les peuples de la terre.
L’empereur qui voyait les objets en citoyen du monde, et qui était fort loin de croire que tout ce qui était bon sur la terre fut à sa cour, les engagea les uns et les autres à une espèce de combat de chant, dont il voulut être le juge ; et il prononça en faveur des Romains. […] En 1727 on y donna avec succès la cantate du Retour des dieux sur la terre, dont les paroles sont de M. […] Tout ce que la magie a de redoutable ou de séduisant, les tableaux de la plus grande force, les images les plus voluptueuses, des embrasements, des orages, des tremblements de terre, des fêtes brillantes, des enchantements délicieux ; voilà ce que Quinault demandait dans cet acte : c’est là le plan qu’il a tracé, que Lully aurait dû suivre, et terminer en homme de génie par un entr’acte, dans lequel la magie aurait fait un dernier effort terrible, pour contraster avec la volupté qui devait régner dans l’acte suivant.