Les Prêtres alors se croyaient vraiment inspirés : les Peuples recueillaient leurs discours comme des oracles, et quelques événements amenés par le hasard avaient suffi pour établir l’extravagante crédulité des uns, et la sotte superstition des autres. Les Perses et les Indiens qui adoraient le Soleil, les Gaulois, les Allemands, les Anglais, les Espagnols qui avaient leurs Dieux particuliers, tous les Peuples enfin du Monde connu, à quelque idole qu’ils aient sacrifié, ont toujours fait de la Danse l’objet principal de leur culte, et leurs Prêtres ont tous été danseurs par état.
Peuple. […] Cette témérité imposante surprend tout le peuple. […] Le peuple épouvanté fuit de toute part. […] A cette victoire tout le peuple accourt ; il témoigne son admiration, sa joye, sa reconnoissance. […] Le peuple de Témesse rend hommage à l’amitié.
Le site du cinquième acte représentoit une place publique au milieu de la quelle s’élevoit un bûcher ; les deux époux, en robes de victimes et couronnés de fleurs, étoient devancés et suivis par des soldats ; une foule de peuple s’assembloit dans cette place ; mais la résignation d’Hypernmese et de Lyncée, leur fermeté et leur constance, les embrassemens qu’ils se prodignoient et les adieux éternels qu’ils se faisoient, subjugnoient le peuple et l’intéressoient en leur faveur. […] Dans ce moment le peuple se révoltoit et poussoit des cris d’indignation, (prononcés par des choeurs cachés) ; les troupes, par un mouvement spontané mettoient bas les armes ; Danaiis saisi de frayeur et outré de colère s’élançoit sur Hypermnestre l’entrainoit et levoit son poignard pour le lui plonger dans le sein au premier mouvement ou l’on tenteroit de venir à son secours. […] Cette représentation fit une telle impression sur une partie du peuple, qu’en voyant les Danaïdes, les spectres, la mort et les parques, elle prit la fuite. […] Clytémnestre emploie à son tour, les moyens que la fausseté fournit aux âmes criminelles, tant pour séduire le peuple que pour dissiper ses soupçons. […] Au signal donné parle grand prêtre, tout le peuple tombe a génoux, ainsi que Clytéimnestre, Egiste et leur suite : Le corps humblement combé et les yeux attachés vers la terre, ils ne sortent de cette attitude respectueuse que pour élever les bras vers le ciel ; mais dans cet instant, le dieu du Tonnére Lance ses foudres ; les portes du tombeau s’ouvrent avec fracas, son intérieur est embrasé.
Ce fut celui de Lycurgue ; et voilà le principe secret de quelques-unes de ses Lois, que faute d’attention on trouve quelquefois bizarres, et qui firent cependant, du peuple le plus pauvre du monde, le Peuple le plus redoutable et le plus heureux.
La décoration représente l’intérieur du Temple d’Isis ; tout y est préparé pour l’union des Danaïdes et des fils d’Egyptus ; un autel consacré à l’Hymen et à l’Amour est élevé au milieu de cet édifice ; les prêtres, les prêtresses et les sacrificateurs entourent cet autel ; les nouveaux époux sont rangés près d’eux ; Hypermnestre et Lincée forment le couple le plus distingué ; Danaüs accompagné d’une suite nombreuse est placé à la droite ; une foule de peuple, témoin de celle cérémonie, est dispersé dans les différentes parties de cet édifice. […] La décoration représente une grande place publique de la ville d’Argos ; un bucher est élevé au milieu de cette place ; dans le fond on apperçoit une partie des fortifications intérieures de la ville ; une foule de peuple est rangée dans cette place, pour être témoin de l’execution qui doit s’y faire. […] On amene Lincée paré d’ornemens funéraires ; du coté opposé on conduit Hypermnestre enchaînée ; ici ces deux epoux, prêts à être désunis pour toujours, volent l’un à l’autre, malgré la résistance de leurs gardes, et se donnent en présence de tout le peuple des témoignages de leur mutuelle tendresse : le peuple attentif à l’action de ces amans, s’y intéresse ; le parti de Lincée saisit cet instant pour se soulever contre un Roi Tyran ; la persuasion gagne de proche en proche, et le peuple aussi attendri que convaincu de l’innocence de ces infortunés, se déclare en leur faveur ; la faction s’accroit ; les gardes sont renversés ; le bucher est détruit ; on élève un trône à sa place ; on dépouille Lincée de ses ornemens funéraires ; on lui donne des armes ; on le place sur le trône avec Hypermnestre ; on le proclame Roi d’Argos, et on lui prête d’une commune voix le serment de fidelité.
Un simple particulier à Paris, qui sait unir le goût à l’opulence, est le maître de rassembler chez lui plus de commodités, d’agréments et de plaisirs que n’en ont imaginé la délicatesse d’Athènes, ou le luxe de Rome, et sur ce point les peuples contemporains les plus polis de l’Europe sont encore à notre égard, ce qu’ont été les Grecs et les Romains. […] Ces saillies vives, ces traits légers, ce badinage élégant, qui sont l’âme aujourd’hui de nos Fêtes de tous les jours, furent constamment inconnus aux peuples jadis les plus polis et les mieux instruits de la terre.
La danse, comme je la conçois, est toute autre chose ; son but doit être de parler aux yeux par le geste, de substituer des mouvements aux paroles, de représenter par des personnages vivants des actions intéressantes, enfin d’introduire sur la scène des comédiens muets, qui, sans le secours de la déclamation, fassent passer dans l’âme des spectateurs les impressions agréables qu’ils vont chercher aux théâtres ; je veux parler enfin de cette pantomime expressive, art connu, si chéri des Romains, et que ce peuple préférerait à tous les autres amusements. […] Mais est-il nécessaire d’avoir recours aux peuples de l’Antiquité, tandis que nous pouvons citer de nos jours une foule de ballets qui ont eu un succès éclatant et mérité ? […] Ils ont créé une danse toute nouvelle, majestueuse, forte et pathétique ; en un mot, les ballets, sous l’ascendant de leur génie, sont devenus une peinture vivante des passions, des mœurs, des cérémonies et des costumes de tous les peuples.
C’est, ce que l’on ignore absolument mais, ce qui n’est point conjectural, c’est que ce peuple d’artistes et de savans quitta l’Egypte, et se réfugia à Athènes, qui devint la ville favorite des arts, et des sciences. […] Ces progrès, et cette perfection sublimes furent encouragés pendant deux siècles ; les récompenses, les distinctions et les honneurs excitèrent l’émulation ; les hommes célèbres dans tous les genres parurent en foule dans ce premier âge, que l’on peut appeller l’âge d’or des beaux arts ; leurs talens étoient couronnés et par les succès, et par les honneurs du triomphe ; c’étoit a la vüe d’un peuple nombreux et enthousiaste, qu’ils recevoient le prix flatteur que les Grecs décernoient au mérite ; ils étoient couronnés par les premiers magistrats, et cette distinction flatteuse étoit accompagnée des cris et des applaudissemens d’un peuple, qui attachoit une partie de sa gloire et de son bonheur à l’amour qu’il avoit pour les beaux arts.
Dans le temps de la Moisson, de nouveaux amusements célébraient les douceurs de l’abondance ; et lorsque les rigueurs de l’Hiver ramenaient les Peuples dans leurs foyers, pour y jouir des bienfaits des autres Saisons, les Danses des Festins leur fournissaient de nouveaux sujets de joie. […] Le Peuple, les Magistrats, la Noblesse confondus et réunis par la joie générale, semblaient ne composer qu’une même famille.
En les mettant sous sa Juridiction immédiate, en interdisant aux Préteurs celle qu’ils avaient naturellement sur eux, ainsi que sur le reste du Peuple, il les mit au-dessus des Citoyens ordinaires, et se conserva d’ailleurs par là des moyens faciles de porter l’art à la plus grande perfection et de le faire servir à ses vues. […] J’aime à voir Auguste et Marc-Aurèle, qui sont de tous les empereurs romains les deux à qui il serait le plus glorieux de ressembler, honorer l’art dans la personne des grands Artistes ; mais j’éprouve un sentiment plus vif encore, lorsqu’en parcourant les Annales de Rome, je vois le Peuple, les Sénateurs, la Noblesse courir avec empressement au-devant de Pylade, l’entourer, le suivre dans les rues, et reconnaître par cet empressement honorable, la supériorité que le génie et les talents doivent avoir dans l’opinion des hommes, sur la naissance, la fortune, et les dignités.
Tous les Peuples l’ont fait servir depuis, dans les réjouissances publiques, à la démonstration de leur allégresse. Cette joie se varie, prend des nuances différentes, des couleurs, des tons divers suivant la nature des événements, le caractère des Nations, la qualité, l’éducation, les mœurs des Peuples.
On sent bien qu’en parlant de nations je n’entends que cette portion des peuples qui cultive les arts. […] je leur demanderai de plus, pourquoi ils quittent presque tous le pays où ils sont tant aimés ; je leur demanderai enfin si leur désintéressement leur fait chercher le peuple qui paye le moins ce genre de talent.
Il ajoûte que les Législateurs introduisirent des fêtes, des festins, des spectacles, des feux de joie, & des jeux innocens, pour augmenter les réjouissances publiques, entretenir les peuples dans la soumission, & délasser quelquefois l’esprit des Princes & des Magistrats de leurs occupations sérieuses. […] Par la suite des tems les plus honnêtes gens cultiverent la simple Danse en Crete, convenable à la société civile : il se forma des Maîtres pour l’instruction de cet Art ; desorte que la Danse devint le passe-tems non seulement des personnes de condition, mais aussi du peuple. […] Ces peuples avoient encore des danses particulieres en certaines fêtes, & d’autres solemnitez instituées par des Législateurs, qui étoient d’excellens Danseurs & Musiciens, comme Orphée, Linus, Musée, Licurgue. Il y a eu des Pontifes dans l’Antiquité, qui ne croyoient pas qu’on pût être initié dans les misteres, sans la Danse & la Musique, surtout pour la célébration des Orgies en l’honneur de Bacchus, dont les misteres ne devoient point être revélez au peuple : on appeloit aussi Dessauteur celui qui les revéloit. […] Athenée, Livre 14, rapporte que les Arcadiens qui ont passé pour des peuples fort sages, avoient coutume d’exercer la jeunesse à la Danse jusqu’à l’âge de trente ans.
Il le fait d’abord en expliquant à son peuple l’endroit de l’Evangile selon saint Mathieu, (c. 14, v. 6.) où il est rapporté que la fille d’Hérodiade dansa devant le roi Hérode, qu’elle lui plut en dansant, et que ce prince lui ayant promis de lui accorder tout ce qu’elle demanderoit, elle eut la cruauté de lui demander, comme pour prix de sa danse, la tête de saint Jean-Baptiste. […] Il nous apprend dans une de ses lettres adressées à Alippe son ami et évêque de Tagaste, ce qu’il avoit fait pour cela : un des moyens qu’il employa fut de faire lire au peuple l’histoire de l’adoration du veau d’or par les Juifs, rapportée au chapitre 32 de l’Exode : il y est dit que le peuple se leva dès le matin, pour offrir à ce veau des holocaustes et des victimes pacifiques ; qu’ensuite il s’assit pour boire et pour manger, et qu’ils se levèrent pour danser : sur quoi saint Augustin, qui n’étoit alors que simple prêtre, fit observer au peuple que dans toute l’Histoire sainte on ne voit que la circonstance de la consécration et de l’adoration du veau d’or, où les excès de bouche et de danses aient eu lieu pour la célébration d’une fête : « et il en conclut que cette manière de célébrer les fêtes, n’est digne que des fêtes des idolâtres », et est par conséquent indigne des véritables chrétiens. […] En descendant de la montagne pour porter au peuple ces tables de la loi, Moïse vit le veau et les danses qui se faisoient en son honneur : alors sa colère s’embrasa, il jeta les tables qu’il tenoit entre ses mains, et les brisa au pied de la montagne. L’exemple de ce zèle de Moïse donna une nouvelle activité à celui de saint Augustin, contre les désordres qu’il s’efforçoit de détruire, exhortant son peuple à ne plus célébrer, à l’avenir, les fêtes des martyrs par des chansons, des danses et des excès de bouche qui les profanoient. […] Cor. c. 3, 113,) de porter la loi de Dieu écrite dans leur cœur, nous ne pussions pas amollir et briser le même cœur de ceux qui tiennent encore aux abus dont nous nous plaignons, et qu’ils persistassent à vouloir pratiquer tous les ans dans les solennités des Saints, ce que le peuple juif n’a fait qu’une seule fois, et dans une occasion d’idolâtrie ?
Cherchez quelque autre moyen, leur répondit ce bon prince, qui ne soit point à charge à mon peuple, pour bien régaler mes alliés. […] Turgot aurait fait l’équivalent d’un pareil miracle, sans surcharger le Peuple, et sans importuner le Roi.
Définition, et Division de la Danse sacrée La Danse sacrée est celle que le Peuple Juif pratiquait dans les fêtes solennelles établies par la Loi, ou dans les occasions de réjouissances publiques, pour rendre grâces à Dieu, l’honorer, et publier ses louanges.
Je vas d’abord chercher l’origine de la Danse dans les tems les plus reculez & chez les peuples les plus anciens, & je trouve qu’elle y a fait une cérémonie du culte de leur Religion ; ce qui commence à faire connoître une Danse Sacrée qu’on doit regarder comme la plus ancienne de toutes. […] & consistoit, au rapport de Lucien, à donner une idée des mouvemens des corps célestes, & de la puissance des influences des Astres sur le monde élémentaire : son usage passa chez les Caldéens, les Grecs, & les Persans, qui joignirent ses préceptes à ceux de la danse Sacrée pour le culte des Planetes, après les avoir déifiées Ces sortes de danses étoient si majestueuses & si graves, qu’elles imprimoient dans l’esprit des Peuples des sentimens de respect pour les Dieux. […] Et je fais voir comment les contre-danses qui sont comme les contre-fugues dans la Musique, furent trouvées par Dédale ; il en donna les premiers préceptes à Ariane ; ce qu’Homere décrit dans les cartouches du Bouclier d’Achile, parce qu’elles servoient de son tems de divertissement aux peuples de la Grece, où il s’étoit formé à l’exemple de Dédale, des Maîtres de Danses, qui établirent des régles & des preceptes pour perfectioner les danses publiques.
Sa danse russe est exécutée avec la grandeur naïve et désinvolte de la femme de peuple russe, le pas norvégien est une « humoresque » très heureuse et que la ballerine joue avec un naturel charmant.
On croit voir un peuple de poupées et de pantins en cire.
La danse a été en usage chez tous les peuples civilisés et barbares ; elle faisait partie de leur éducation et de leur religion même. […] On sait que, chez les peuples de l’antiquité, les sacrifices étaient accompagnés de cris de joie, et surtout de danses : toute la nature semblait sourire à leurs fêtes publiques.
Avant de vous nommer, Monsieur, le peuple qui aime le mieux la musique, qui la cultive avec passion, et qui en fait l’agrément de ses loisirs, je me permettrai de vous faire quelques observations relatives à cet art, et particuliérement sur la manière leste et frivole que nous employons communément pour en juger les productions ; jugement bien propre à prouver que le peuple, qui aime le mieux la musique, n’est pas celui qui sait le mieux en apprécier les beautés.
Le peuple se disperse sur l’amphithéatre. […] Adèle le rend surtout intéressant : soutenue dans les bras de son père, et les yeux élevés vers le ciel, elle fait des vœux pour son amant : tout le peuple en fait pour elle. […] Les acclamations du peuple, un cri perçant d’Adèle qui tombe mourante dans les bras de son père, rallument le courage et la fureur de Raymond.
Elle fait partie des exercices du corps qui servent à former la Jeunesse, elle contribuë à la pompe & à la magnificence des Spectacles qui font les délices des Peuples, & quelquefois les amusemens des plus grands Princes.
Quelques lois utiles que l’Empereur fit publier alors, trouvèrent le peuple dans cette disposition. […] Le Peuple, les Sénateurs, la Noblesse ne pouvaient se lasser de bénir [la] main bienfaisante, qui leur rendait le plus célèbre et le meilleur Danseur de la terre.
Un Pantomime avait l’effronterie de jouer publiquement un Sénateur, et le Peuple applaudissait à cette insolence. […] Pline loue cet empereur, d’avoir exécuté, du consentement du Peuple, un projet que Tibère, Néron et Domitien, avaient eu bien de la peine à lui faire supporter : oserait-on le de dire ?
Elles précédaient deux grands chariots éclairés par un nombre immense de lumières, cachées avec art aux yeux du Peuple, et qui portaient toutes sur plusieurs groupes de personnages, qui y étaient placés en différentes positions. […] Les personnages qu’on voyait sur ces chariots étaient ceux qui allaient représenter un Ballet devant le Roi, et dont on formait par cet arrangement un premier spectacle pour le Peuple, dont la foule ne saurait, à la vérité, être admise dans le Palais ; mais qui dans ces occasions doit toujours être compté pour beaucoup plus qu’on ne pense.
Et déjà votre imagination, activée par la mélodie, amplifiait ce rudiment de sujet d’une affabulation plus palpable : cet être accablé c’était un peuple. Un peuple abstrait ?
A qui comparerai-je ce peuple ? (Le peuple Juif.) […] Oui, dit-il, devant le Seigneur qui m’a choisi plutôt que votre père et que toute sa maison, et qui m’a commandé d’être le chef de son peuple d’Israël, je danserai et je paroîtrai vil encore plus que je n’ai paru ; je serai méprisable à mes propres yeux et devant les servantes dont vous parlez, et même j’en ferai gloire. […] C’est avec raison, conclut saint Ambroise, que Dieu a rejeté le peuple juif, parce qu’il n’a point fait pénitence à la prédication de Saint Jean-Baptiste, et qu’il a rejeté la grâce qui lui a été offerte par Jésus-Christ. » Une remarque importante qu’il me paroît utile de faire sur l’explication toute spirituelle que saint Ambroise a faite de cet endroit de l’Evangile, c’est qu’on y voit combien l’esprit qui animoit les saints est différent de celui dont les personnes mondaines sont animées. […] Ainsi s’en allèrent les femmes d’Israël après Marie avec des tambours et autres instrumens, mais en donnant gloire à Dieu de la délivrance de son peuple ; car cela est exprimé.
Peuples vaincus. […] Un bruit de guerre se fait entendre, et une foule de peuple annonce le retour d’Hercule. […] Deux Gladiateurs se livrent au combat : la présence d’Hercule, et la vue des couronnes, que le peuple destine au vainqueur, les anime ; la fureur s’empare de leur âme.
Ils disparurent, et l’Europe entière ne fut plus que le triste séjour d’une foule de Peuples quelquefois guerriers et toujours barbares.
J’ai à vous nommer maintenant le peuple qui aime le mieux la musique, qui la cultive le plus habituellement et qui en fait ses plus chères délices : c’est sans contredit celui de l’Allemagne. […] Ma lettre, Monsieur, est déjà bien longue, il faut, pour vous prouver mon assertion que je remonte aux causes premières qui ont nécessité chez ce grand peuple, le goût et l’étude de la musique : permettez moi donc de remettre à un autre instant, mes réfléxions sur cet objet, intéressant peut-être pour l’histoire de cet art enchanteur.
Le prince de Metternich était le brillant et frivole conducteur d’un cotillon gigantesque au milieu duquel se décidaient, tant bien que mal, les destinées des peuples. […] De tous les peuples de race allemande, l’Autrichien réunit au plus haut degré ces diverses qualités. […] Les héros de la pensée et de l’action ne font pas seuls la parure des peuples. […] Elle nous montre que Fanny Elssler fut véritablement un enfant du peuple et une Autrichienne de race. […] D’abord on voulait que l’artiste, dont la renommée remplissait le monde entier, fût un enfant de Vienne pur sang ; on voulait qu’elle fût sortie des couches les plus profondes du peuple.
Le peuple fuyant épouvanté, Iphise et Electre paroissant s’écrier : c’est ma mère ! […] Peuples de Mycènes. […] Une foule innombrable de peuple s’assemble sur la place, pour voir son Roi, qui, après douze ans d’absence, rentre dans ses états couvert de gloire et en triomphateur. […] Agamemnon qui partage la félicité de sa famille et la joye de son peuple, ordonne à ses guerriers de commercer des fêtes ; il ne dédaigne point de s’y associer et engage sa famille à les embellir. […] Le peuple épouvanté fuit de toutes part.
Or, Dieu disoit à son ancien peuple dans le livre de l’Exode : (c. 23, v. 2.) […] C., si nous demeurons dans la vérité et si la vérité demeure en nous, tenons-nous attachés à ce qui est vrai, plutôt qu’à ce qui est selon la coutume. » Saint Jean Chrysostôme expliquant à son peuple l’endroit de la Genèse, où il est parlé du mariage de Jacob avec Rachel, (c. 29.) en prend occasion de parler contre les danses et les autres désordres qui avoient lieu de son temps aux noces, et qui étoient autorisés par la coutume. […] On a vu plus haut le canon 22 du troisième concile de Tolède, où les pasteurs et les magistrats sont exhortés à employer toute leur autorité pour abolir la coutume pleine d’irréligion, qui s’étoit introduite parmi le peuple, de déshonorer par des danses, les fêtes des saints. […] Le pape Nicolas I, dans une de ses lettres à l’empereur Michel, parlant d’une coutume très-pernicieuse au clergé et au peuple, qui s’étoit introduite, lui dit « qu’il veut d’autant plus s’appliquer à la déraciner de l’Eglise, qu’il a appris par les saints canons, qu’une mauvaise coutume ne doit pas être moins évitée qu’une pernicieuse corruption ».
Aussi, quoique le peuple Juif résistât opiniâtrément à la voix des Prophètes, Dieu ne laisse pas de dire à Isaïe : Criez sans cesse, faites retentir votre voix comme une trompette ; annoncez à mon peuple les crimes qu’il a faits ; et à la maison de Jacob, les péchés qu’elle a commis.
Tite-Live nous apprend que les Fêtes Saturnales furent célébrées à Rome pour la premiere fois, sous le Consulat de Simpronius & de Mincius, & que Janus premier Roi d’Italie, l’an 2722 du Monde, en fut l’inventeur, par rapport au tems de l’âge d’or, en l’honneur du régne de Saturne, pendant lequel tems tous les peuples vivoient dans une indépendance absolue : cette fête se célébroit encore sous le régne d’Auguste, dans le mois de Décembre, pendant huit ou dix jours seulement. […] Je me souviens à propos du Carnaval, d’une critique que l’on trouve dans le cinquiéme tome des Mémoires de l’Espion Turc, sur l’usage que tous les Catholiques font de ce tems de réjouissance : il dit que ceux qui professent la Religion Romaine, ont un mois dans l’hyver où la plûpart du peuple de l’un & de l’autre séxe, même des gens du premier ordre, se masquent, les uns pour courre le bal la nuit, d’autres pour courre le jour dans les rues, comme des fous ; & que leur folie finit le Mercredi des Cendres, où tout le peuple va le matin dans les Eglises, se mettre à genoux devant des Prêtres qui leur font une croix au front avec une cendre qui a la vertu de les remettre dans leur bon sens.
Thalès, Platon & Hérodote nous apprennent qu’ils rendoient souvent leurs réponses très ambigues, & même quelquefois musicalement, pour imprimer plus de respect à ceux qui les consultoient, étant secondez par la fourberie & subtilité des Sacrificateurs & des Prophétesses, qui étoient établis dans les Temples pour le culte de leurs Dieux & de leurs Idoles, dont ils tiroient souvent des profits considérables aux dépens de la crédulité des plus puissans Rois, des Princes, & des peuples qui les alloient consulter comme des Dieux, pour sçavoir l’avenir. […] Appollonius, Zamblique, Porphire, & Michel Psellus, tous grands Philosophes, mais un peu suspects de magie, au sentiment du peuple, & non pas de Saint Jérôme, assurent qu’il y a quatre sortes de Démons ou d’Esprits élémentaires, dont l’explication se trouve dans le Livre du Comte de Gabalis ; c’est un récit parfait de tout ce qui se peut dire de plus plaisant sur cette matiere, pour tâcher de persuader l’éxistance des Esprits élémentaires, de même que la réalité des apparitions des phantômes, à laquelle néanmoins beaucoup de gens bien sensez n’ont point de foi, & encore moins ceux qui se picquent d’esprits forts, non plus qu’aux apparitions diaboliques, quoiqu’il y ait quantité d’Auteurs qui prétendent qu’elles étoient assez communes au tems du Paganisme ; témoin l’éxemple qu’on en trouve dans Elian, Liv. 8. […] Olympiade, entre Euthryme fameux Athlete, & l’ombre de l’un des Compagnons d’Ulysse chez les Thémésiens, lequel fut assassiné dans la Ville de Thémese par les habitans, en revenant du siége de Troie : les Dieux leur envoyerent pour punition une maladie épidémique, ce qui obligea les Thémésiens d’avoir recours à l’Oracle pour leur guérison, lequel prononça que pour appaiser les menaces de ce Héros, il faloit lui offrir pour victime tous les ans une fille vierge dans le temple au jour de sa mort, ce que les Thémésiens accomplirent pour un tems, & jusqu’à ce que Euthryme fameux Athlete les eût affranchi de ce tribut, en revenant des Jeux Olympiques où il avoit emporté le prix du combat avec des corroyes de cuir de bœuf, dont il se servit pour combattre le phantôme, qui étoit venu dans le temple pour enlever sa victime, laquelle fut donnée à cet Athlete, après l’avoir contraint au bruit des acclamations du peuple, de s’aller précipiter dans la riviere, en faisant des gémissemens épouventables.
Spon nous apprend encore dans sa Recherche curieuse de l’Antiquité, que l’art des Danseurs de corde est des plus anciens, & dont l’origine commença dès l’établissement des Foires de Ville en Ville, pour l’utilité du Commerce, & qu’ils dressoient leurs Théâtres dans les Places publiques, pour assembler le peuple, & pour servir de divertissement aux Marchands Forains. […] Mais les Curez de Paris voyant que ce divertissement public attiroit & détournoit le peuple du Service divin, en firent abolir l’usage, & réduisirent les Danseurs de corde à ne jouer plus qu’aux Foires de Saint Germain & de Saint Laurent, suivant le Réglement de 1560, énoncé dans le Traité de la Police du Commissaire de la Marre, qui réduit les Danseurs de corde à ne jouer dans les Villes du Royaume que dans le tems des Foires, & à découvert dans les Places publiques. […] Capitolin rapporte encore qu’au tems de Néron, un Chevalier Romain parut à un de ces spectacles, monté sur un éléfant, qui marchoit en cadence sur la corde : ce qui fait voir que les Danseurs de corde étoient dans ce tems-là en quelque réputation pour les spectacles publics : les Empereurs Romains y assistoient aussi pour se rendre plus familiers au peuple. […] C’est une erreur, dit Lucien, de nous représenter Sylene comme le pere des yvrognes : Bacchus fut aussi l’inventeur de la danse de la Volte ; il surmonta les Toscans & les peuples de Lydie au saut & à la danse.
Les Peuples par instinct, se modèlent toujours sur leurs Maîtres : les Républicains sont esclaves volontaires de leurs Lois : les enfants sont par habitude, les échos de leurs pères.