» A quoi étant nécessaire de pourvoir et désirant rétablir ledit art dans sa perfection et l’augmenter autant que faire se pourra, nous avons jugé à propos d’établir dans notre bonne ville de Paris une Académie royale de danse, composée de treize des plus expérimentés dudit art. » Remarquons qu’en agissant de la sorte, Louis XIV ne faisait que consacrer une décision du Parlement, lequel avait solennellement déclaré que la danse théâtrale était un amusement noble.
Il jugea que des espadrilles de toile risqueraient moins de me blesser et de me déformer les pieds, et comme je réclamais : « Petite bête, me dit-il, tu ne sais donc pas que toute ta fortune à venir est dans tes pattes ? […] Il jugea nécessaire de m’apprendre à lire et à écrire, et de me faire changer mon patois contre la connaissance de la langue italienne ; mais là s’arrêtèrent mes leçons.
On le regarde comme très indigne des quatre autres, et je pense que c’est sur l’effet seul qu’on l’a jugé.
Auguste n’attendit pas longtems, Hilas enivré d’amour-propre, et soutenu par une populace effrénée défia son maître ; il lui proposa de représenter Agamemnon, et dit insolemment à Pilade : « Je rendrai cette scène en prémier, vous la jouerez ensuite à votre manière ; et le public jugera quel est celui de nous qui mérité le scéptre du talent. » Pilade fier, et vain accepta le défi ; le jour fut pris ; la ville et les faubourgs de Rome furent en mouvement, les uns parurent pour Pylade et les autres pour Hilas.
En examinant la variété et la perfection des instrumens que les nations de l’Europe possèdent ; en admirant les chefs d’oeuvre de nos compositeurs ; les rares talens de ceux qui exécutent leur musique savante, le mérite rare des artistes convoitants ; je dirai, dussé-je offenser, quelque Don Quichotte de l’Antiquité, que nous sommes plus licites en instrumens que les Grecs et les Romains, et que notre musique est aussi savante et sans doute plus agréable que la leur ; nous ne la connoissons que par des mots, et pour en juger avec connoissance de cause, et établir une juste comparaison, il faudroit avoir sous les yeux leur noté et leurs partitions.
Le prix destiné à la fille de Romainville qui sera jugée la plus attentive à ses devoirs, la plus modeste, la plus respectueuse envers ses parens, et la plus douce envers ses compagnes, est de 300 livres.
De seize ouvrages envoyés au concours en 1788, aucun ne fut jugé digne de l’admission.
Car il faut avouer qu’il y a beaucoup de gens d’esprit, qui loin de regarder la Peinture du côté de la perfection & de l’estime où elle étoit chez les Grecs, n’ont pas même donné la moindre attention à cet Art, tel que nous le possedons aujourd’hui, & que les derniers siécles l’ont fait renaître ; & si ces mêmes personnes font tant que de regarder quelques ouvrages de peinture, elles jugent de l’art par le tableau, au lieu qu’elles devroient juger du tableau par l’idée de l’art. […] Il ordonna que la Peinture tiendroit le premier rang parmi les Arts libéraux ; qu’il ne seroit permis qu’aux nobles de l’exercer, & que dès leur plus tendre jeunesse ils commenceroient leurs exercices par apprendre à dessiner : il regardoit en cela le dessein comme la chose la plus capable de disposer l’esprit au bon goût, à la connoissance des autres arts, & à juger de la beauté de tous les objets du monde ; il visitoit souvent les Peintres, & prenoit plaisir à s’entretenir avec Appellès des choses qui regardoient la Peinture.
Pour juger sainement d’un ballet et d’un tableau, il faut les voir ; c’est l’unique moyen qui permet au connoisseur de prononcer sur les objets que ces arts lui présentent.
On peut juger par ce que j’ai dit de la danse, qu’elle doit son origine au culte de la Religion, à l’Astronomie & à l’art de la Guerre, plutôt qu’aux spectacles & aux fêtes publiques ; mais elle doit sa perfection aux danses des réjouissances publiques, & aux représentations des Balets de la danse Théâtrale dont les Grecs sont les premiers inventeurs ; à laquelle on peut dire que les François ont plus excellé depuis plus d’un siécle, que pas une des nations du monde : les Etrangers mêmes ne le contestent pas. […] Ces deux Auteurs vouloient aussi que le compositeur des Balets, les Pantomimes & les Danseurs sçussent la Poésie, la Géometrie, la Musique, la Phisique, & même la Philosophie : la Poésie, pour composer & inventer les sujets ; la Géometrie, pour les figures & les mouvemens ; la Musique, pour les airs, les cadences, les accords & les mouvemens harmoniques ; la Phisique, pour la connoissance de la nature ; & la Philosophie, pour l’imitation naturelle des passions, des mœurs, & des affections de l’ame, qui regnent le plus dans le commerce des hommes & dans les usages de la vie civile ; & qu’ils empruntassent même de la Peinture & de la Sculpture, pour juger des atitudes pour la variété des danses, comme nous le voyons dans les Bacchanales des plus fameux Peintres, où sont exprimées les danses gracieuses des Bacchantes & l’impudicité des Satyres, & de cent autres sujets qui conviennent à la représentation & à la perfection des Balets.
Si Thévenard débitait, comme on ne saurait le disputer ; que ceux qui ont vu l’acteur et l’actrice, et qui doivent être maintenant de sang-froid sur ces points, jugent s’il est possible qu’elle débitât. […] Les étrangers cependant arrivent de sang-froid, nous leur parlons de notre opéra, et ils y courent ; mais ils ouvrent en vain les yeux et les oreilles, ils n’y volent et n’y entendent rien de ce que nous croyons y voir et y entendre : ils se parlent, nous examinent, nous jugent, et prennent pour défaut d’esprit et pour prévention, quelquefois même pour orgueil, ce qui n’est réellement l’effet que de l’habitude, de l’indifférence pour le progrès de l’art, ou peut-être d’un fond de bonté naturelle pour les personnes qui se dévouent à nos plaisirs.
Nous sommes par conséquent forcés de croire que les Anciens qui voyaient représenter ces sujets terribles, versifiés avec toute cette pompe que la Poésie la plus sublime puisse imaginer, et joués par des Acteurs admirables, ne jugeaient pas qu’ils perdissent rien de leur pathétique, rendus par les Danseurs Pantomimes.
Il est donc un art ou un pressentiment heureux, qui apprend à juger des éffets par l’assortiment des couleurs ; de telle sorte que cinq principaux personnages obligés de changer de place, et de former successivement divers tableaux, doivent être vêtus de manière à n’offrir que des groupes qui se lient par le choix et l’entente des couleurs.
« Nous passions en revue tout l’ouvrage, dit Véron, depuis la première jusqu’à la dernière scène ; je ne lui imposais point mes opinions, j’écoutais les siennes : il appréciait, il jugeait tout, danse et chant, suivant ses impressions personnelles. […] La critique littéraire et dramatique était entre les mains d’hommes qui savaient juger et écrire.
. — Au dessert, les deux amphitryons, curieux de connaître la beauté qu’ils ont fêtée, imitent Cléofas à lever son masque… Jugez de leur stupéfaction et de la rage où ils entrent lorsqu’apparaît la maligne figure de leur rival ! […] Vous jugez de la mine que fait l’écolier voyant cela.
Les gens de goût jugeaient que l’enthousiasme américain dépassait toute mesure. […] « Voulons en outre qu’il ait même force et valeur que s’il était passé devant notaire, sous peine de paiement de 60 000 francs à titre de dédit, exigible en totalité, à quelque époque de l’engagement que ce soit et quel que soit le temps qui resterait à courir, payable en tous lieux où le premier contrevenant pourrait se retirer, le présent engagement étant respectivement regardé et devant être jugé comme entreprise ou affaire de commerce. » Le texte était formel. […] A la fin de la saison, sa popularité était si grande que Lucile Grahn, qui lui avait pendant trois mois disputé la palme, jugea la place intenable et partit pour Londres, sans renouveler son engagement.
Boismaison apprit son malheur, le jugea irréparable et ne pensa plus qu’à la vengeance.
On peut aussi juger de-là que Iphitus, non plus qu’Hercule, n’ont pas été les premiers inventeurs de l’art Gymnastique, mais qu’ils en ont été les restaurateurs, pour l’employer aux Jeux Olimpiques : quoi qu’il en soit, cela fait toujours voir que l’exercice de la lute & du saut sont aussi anciens que le monde.
On me présenta au roi, il me tendit la main et jugez de mon effarement quand je l’entendis me déclarer à son tour, en un très bon français : — Je suis charmé, de faire votre connaissance, miss Fuller.
Leurs peines et leurs humiliations durèrent un an entier, et ce ne fut qu’à la fête suivante, que le saint évêque, ayant reçu leurs soumissions et celle de tous les habitans, leur accorda la grâce de leur délivrance. » Il faut que saint Eloy ait jugé les danses bien pernicieuses aux ames, pour avoir été disposé à souffrir la mort plutôt que de ne pas faire tous ses efforts pour les abolir dans les lieux où il avoit autorité, et pour employer à cet effet la peine de l’excommunication, qui est la plus grande dont l’Eglise puisse faire usage contre ceux qui s’obstinent dans l’erreur ou dans de grands déréglemens.
La plus grande partie de ceux qui se livrent au théâtre, croient qu’il ne faut avoir que des jambes pour être danseur, de la mémoire pour être comédien, et de la voix pour être chanteur, en partant d’un principe aussi faux, les uns ne s’appliquent qu’à remuer les jambes, les autres qu’a faire des efforts de mémoire, et les derniers qu’à pousser des cris ou des sons ; ils s’étonnent après plusieurs années d’un travail pénible, d’être jugés détestables ; mais il n’est pas possible de réussir dans un art sans en étudier les principes, sans en connoitre l’esprit et sans en sentir les effets.
Je n’entends pas parler ici de ces prétendus amateurs opulens et imbécilles, qui dépensent beaucoup d’argent, pour acheter de froides copies, qu’on leur vend pour d’excéllens originaux ; je ne parle pas non plus de ces êtres, qui possèdent à grands frais d’immenses bibliothèques, dont tous les livres, à commencer par la barbe bleue et le petit poucet, sont magnifiquement reliés ; je parle de ces gens aisés et curieux, de ces vrais amateurs qui ont employé leur revenu à voyager pour s’instruire ; qui ont visité toutes les écoles ; qui ont vécu avec les artistes et qui ayant contracté l’habitude de voir et de comparer, ont appris à juger sainement.
Ce qu’il a conclu, je ne suis pas en état de le juger, mais je sais ce qu’il a souffert pour devenir ce qu’il est.
Tous deux créateurs & tous deux inimitables, ils auroient été faits l’un pour l’autre ; mais le préjugé, le langage des connoisseurs sans connoissances ; les petits propos de ces ignorants titrés qui décident avec arrogance de tous les Arts sans en concevoir la moindre idée ; les cris ou les croassements de ces importants subalternes, de ces êtres ambulants qui ne pensent, n’agissent & ne parlent que d’après les gens du bon ton, qui sifflent ou qui applaudissent sans avoir vu, sans avoir écouté ; tous ces demi-savants encore qui ne savent rien, mais qui se font suivre de la multitude ; chenilles venimeuses qui tourmentent les Arts, & qui flétriroient le génie, si en s’attachant à la superficie de ses rameaux elles n’étoient écrasées ; ce Peuple enfin de Partisans & de Protecteurs qui mandient eux-mêmes des protections, qui sont les échos des ridicules & de l’ignorance privilégiée de nos agréables, qui ne pouvant juger d’après leur goût & leur lumiere renvoient tout à la comparaison & humilient souvent ainsi le grand homme : tout a dégoûté M. […] Rien ne seroit si ridicule qu’un Opéra sans paroles ; jugez-en, je vous prie, par la Scene d’Antonin Caracalla dans la petite Piece de la Nouveauté ; sans le dialogue qui la précede, comprendroit-on quelque chose à l’action des Chanteurs ?
Fontanes ne jugea rien de mieux que de faire porter chez la danseuse toute la bibliothèque des classiques français richement reliés. […] Il bénit chaque jour Rousseau, dont l’ouvrage lui valut un si doux triomphe ; il répète souvent par reconnaissance tous les airs du poème du Génevois, mais depuis longtemps il a jugé à propos de supprimer « Non, non, Colette n’est pas trompeuse. » Caroline Legros Elle pirouetta — dans l’origine — au boulevard du Temple.
Ce sont des pages tout à fait jolies, alertes et spirituelles, où il y a cette particularité à relever : c’est qu’en décrivant la beauté de Fanny, l’auteur fait quelques critiques qu’il jugera lui-même imméritées six mois plus tard et qui disparaîtront dans un second portrait. […] On jugea inconvenante l’idée d’exhiber de la sorte, dans une association faite pour provoquer mille commentaires, la danseuse et l’héritier du trône qui, circonstance aggravante, venait de se marier. […] Gautier qui avait revendiqué très haut pour Fanny Elssler le droit de s’approprier les rôles de Mlle Taglioni et qui jugeait que la tentative avait parfaitement réussi.
IV. que dans l’île de Délos on ne faisoit point de sacrifice à Apollon sans la danse, & que cette Divinité venoit souvent se mêler dans la danse parmi les Prêtres, pour témoigner sa satisfaction : mais l’on peut bien juger que c’étoit une ruse des Sacrificateurs pour séduire les peuples, comme il paroît dans Apulée en parlant des danses qui se faisoient en l’honneur de Venus, où il fait danser cette Déesse au son de la flute & de la lyre, à la célébration des noces de Psiché.
Jugeons par là de l’esprit qui nous anime.
Il seroit à souhaiter pour la facilité et la beauté de l’exécution que ses mouvemens fussent aussi complets que ceux du bras, mais la nature ne l’ayant pas jugé nécessaire, et la position des danseurs, étant comme je l’ai dit, anti-naturelle, il faut donc que l’artiste lutte sans cesse contre les hanches, et il faut à son tour que cette partie violemment exercée, obéisse à l’art.
Ce qui me touche beaucoup plus, c’est qu’en me plaçant au nombre des personnes que je n’ai point à juger, vous commettez une erreur beaucoup plus grave et contre laquelle proteste ma situation artistique autant que ma vie privée.
Le Courrier des Théâtres jugea que ce portrait était « loin encore, quoique joli, de la mutinerie gracieuse et de la ravissante expression du modèle99 ». […] Le tumulte qui remplissait les rues Le Peletier et Grange-Batelière les soirs où l’affiche annonçait le Diable boiteux ou la Sylphide l’affligeait comme une preuve de la frivolité du public, et voici comment il essayait de se consoler de cet engouement pour une forme d’art qu’il jugeait inférieure : « Espérons, disait-il, que tout cela tournera à l’avantage de la musique et que l’argent même produit par la danse pourra servir à compléter peu à peu les richesses lyriques du théâtre si habilement administré par M.
Mais la jeune fille, qui sans doute l’avait jugé incapable d’un attachement durable, avait rompu à temps un engagement périlleux, et, comme pour lui montrer combien elle avait sagement agi, Gentz se lança dans des orgies retentissantes. […] Mis au courant de la situation en Europe, habile à démêler les intrigues des cabinets, capable de juger les mesures prises, d’en prévoir les effets et de proposer lui-même ses solutions propres, Gentz était un secours précieux pour des gouvernements qui auraient voulu être renseignés et même un peu conseillés. […] Les gens qui le voyaient de près en jugeaient autrement.
Si l’on doit juger cependant du mérite d’un genre par sa difficulté, et par les succès peu fréquents des plus beaux génies qui l’ont tenté, il en est peu dans la poésie qui doive avoir la préférence sur le lyrique.
Nous ne terminerons point un ouvrage sur la danse sans répondre à la critique grossière de ceux pour qui un tel sujet a toujours trop d’importance, parce qu’ils jugent toujours du goût et des habitudes des autres d’après les leurs, pour qui la danse n’a aucun attrait et qui ne voient en elle qu’un plaisir brutal, frivole ou dangereux.
Le Lecteur pourra juger, par la description de cette fête, du goût de Catherine de Médicis, pour engager le plus qu’elle pourroit, de grands Seigneurs dans son parti ; outre que l’amour sembloit toujours être d’intelligence avec elle, pour favoriser ses desseins, dans toutes les fêtes qu’elle imaginoit.
Enfin, contre le sacrement de l’extrême-onction, qu’on a peut-être déjà reçu dans quelque maladie, ou qu’on espère de recevoir avant de mourir, puisque par les danses on se sert pour offenser Dieu, de ses pieds qui ont été sanctifiés par les onctions qui y ont été faites, ou qu’on espère qui y seront faites un jour. » Si ceux qui aiment les danses se déclarent ainsi les ennemis de Dieu par les outrages qu’ils font par elles à tous les sacremens, ils se déclarent en même temps les ennemis des saints que Dieu glorifie dans le ciel, en profanant leurs fêtes par les danses qui se font en ces jours-là plutôt qu’en tout autre jour ; ils ne pourront donc avoir au jugement futur aucuns saints pour intercesseurs, puisqu’ils les auront tous offensés aux jours mêmes que l’Eglise a consacrés à leur culte : et coupables comme nous sommes de tant de péchés, que deviendrons-nous quand Dieu nous jugera, si ceux que nous pouvons avoir pour intercesseurs auprès de lui se rendent nos accusateurs, à cause des outrages que nous leur aurons faits ?
Comme en avait jugé Mallarmé, la « ballerine illettrée, se livrant aux jeux de sa profession » n’est pour M.
On sent qu’il ne m’a pas été possible de nommer tous les talens que nous avons vu briller sur la scène, et ceux que nous possédons en ce moment ; cela aurait entraîné quelque éloge pour chacun ; c’est au public à les juger. […] Sans elle, il lui est impossible de bien juger ce qu’il fait : il serait comme un chanteur qui se boucherait les oreilles, pour s’exercer dans son art. […] A quoi étant nécessaire de pourvoir, et desirant rétablir ledit art dans sa perfection et l’augmenter autant que faire se pourra ; nous avons jugé à propos d’établir dans notre bonne ville de Paris une Académie royale de Danse composée de treize des plus expérimentés dudit art, &c.
Est-il besoin de savoir faire la gargouillade et l’entrechat, pour juger sainement des effets de ce spectacle, pour sentir ce qui lui manque et pour indiquer ce qui lui convient ?