Quand j’eus achevé de danser, ce fut une nouvelle avalanche fleurie qui roula sur la scène. […] L’électricité éteinte, je me mis à danser. […] Je dansai quatre fois, et les différentes sensations exprimées par le public furent tout à fait surhumaines et me donnèrent la plus vive impression que j’aie ressentie. […] Il ne parlait à personne, ne dansait pas.
J’ai vû à Naples un Turc danser sans contrepoids, sur une corde qui traversoit une rue fort large, & attachée aux fenêtres d’un cinquiéme étage ; il ne paroissoit qu’un enfant à ceux qui le regardoient de la rue : aussi avoit-il pour se rassurer, des matelats sur le pavé, de la longueur de la corde. […] Nous avons vû sur le même Théâtre en 1714 un Pantomime Toscan danser plusieurs Entrées de danses caractérisées ; son visage représentoit au naturel tous les sujets de ses danses, entre autres celle d’un insensé, faisant agir toutes les parties de son corps en cadence, & qui paroissoient aussi disloquées que celles d’un squelete dont les os sont attachez avec du fil d’archal : son Entrée de Paysan avec des sabots, étoit d’une légereté & d’une naïveté sans pareille. […] Il dit entre autres que les Juifs célébrerent une fête de réjouissance publique, qui consistoit en festins & en danses, pour remercier Dieu & marquer leur joie de la levée du siége de Béthulie, que Holopherne Général de l’armée des Assiriens tenoit assiégée, à qui Judith par une inspiration divine alla couper la tête dans son lit : après cette action mémorable, les Magistrats de la Ville menerent Judith en pompe au bal où la fête étoit préparée ; elle y dansa la premiere comme la Reine du bal. […] C’étoit un usage établi parmi les Juifs, de danser à toutes les fêtes de réjouissance & aux noces : les conviez se faisoient honneur de danser avec la mariée ; & si Notre-Seigneur ne dansa pas aux noces de Cana, du-moins y convertit-il l’eau en vin, pour témoigner sa reconnoissance à la mariée, & pour en prolonger le divertissement. Lucien fait mention que Sylene étoit un aussi bon danseur que grand Philosophe parmi les Egyptiens, & qu’il dansa la Cordace au son de la lyre d’Apollon, dans un festin qui fut fait en l’honneur des Dieux ; ce qui fut aussi cause que les Egyptiens le choisirent par préférence pour l’éducation de Bacchus, dont il fit aussi un excellent danseur.
Ceux là me fourniroyent vne multitude d’exemples, si la reuerence que ie porte au liure de Dieu, me permettoit le meslange des choses sainctes à celles qui ne le sont pas, joint aussi que ie m’engagerois d’expliquer le sens des Escritures, pour faire voir le suject qui obligeoit tant de sainctes ames à la danse, ce qui contrarie à la briefueté que ie me suis proposée, vn autre dira à ma capacité, ie l’aduouë : Mais si est-ce qu’il n’y a rien de plus palpable que les plus authorisez parmy le peuple de Dieu, (poussez d’vne saincte allegresse) ont dansé, & que depuis en la primitiue Eglise, la coustume longtemps continuée a esté, qu’on obseruoit des cadences & des pas mesurez au son de certains motetz qu’on y chantoit. Que si on me dit la dessus que la difference du danser de ces anciennes Eglises, à celuy de nos bals & de nos assemblées (qu’on feint autant de tendez-vous en faueur de l’entretien du vice,) aneantit l’authorité que ie recherche en vne coustume dans le retranchement de laquelle se voit enseuelie toute la consequence que i’en pourrois tirer, si ne me peut on nier toutes fois que ces vieilles façons de faire & la souffrance de nos anciens Orthodoxes n’authorisent assez que la danse en soy ne peut estre blasmable, & c’est ce que ie demande. […] Ils verront en Xenophon qu’on honnora de danses & mascarades à l’arriuee des Capitaines de Cyrus : & en Macrobe que les enfans des Senateurs de Rome au sortir des escoles aloient apprendre à danser. […] Que s’il y en a parmi ceux qui sont redeuables au ciel de ce bon heur qui se laissent porter au mespris d’vne chose qui peut empescher le mespris en bonne compagnie, ie les prie de considerer le traict d’vn de nos derniers Roys qui faisoit quelque fois admirer ses perfections dans vn bal auec autant d’auantage sur ses Courtisans, comme il sur passoit en iugement & en langue les mieux sensez & les plus eloquens de son Royaume, luy blasmant vn gentilhomme (au reste fort accompli) de n’auoir pas apris à danser, & luy demandant ce qu’il sçauoit faire, ie sçay bien, Sire, dict-il, donner en guerre vn coup de lance pour le seruice de vostre Majesté : Ie vous conseille donc (repliqua ce braue Prince) de vous armer d’vn froc en temps de paix, comme s’il eust voulu dire que les fureurs de la guerre cessees vn Caualier ne pouuoit s’occuper à vn plus noble exercice que celuy qui luy donne vne grande entree en la cognoissance de sa Cour & de son monde. […] Ie dis ceux : pource que ie ne puis donner ma voix à l’inconsideration de plusieurs, qui poussez de quelque affection particuliere, ou forcez, peut estre, de cest instinct qui nous faict ordinairement fauoriser vne chose plus que l’autre, & bien souuent trouuer chois en deux pareils subiects, attribuent c’est aduantage à vn seul ; car si l’on iuge que tant de personnes qu’on sçait auoir attaint la perfection de bien danser, ont apris en diuers lieux & soubs differents Maistres, & qu’eux mesmes par leur exercice & iugement y ont apporté quelque chose du leur, on sçaura que i’ay raison de dire qu’vn seul n’a pas inuenté tout ce qui est auiourd’huy receu estre bien faict : mais que plusieurs, qui plus, qui moins y ont contribué leur industrie, & que par consequent il est tres-raisonnable que tout plain de braues gens qui honnorent ceste profession participent à ceste loüange, sinon à pareil degré d’honneur que les premiers, au moins à mesure que chacun a de la vertu ce qui sera d’autant plus equitable qu’ils ont acquis dequoy se faire imiter & se distinguer d’auec ceux qu’on sçait profaner le mestier.
Après s’être montrés ainsi à une multitude innombrable, ils arrivèrent au Palais du Roi, où ils dansèrent un grand Ballet allégorique. […] Cette suite nombreuse dansa un avant-Ballet ; et des princes de toutes les nations qui sortirent du globe avec un cortège brillant, vinrent danser successivement des Entrées de plusieurs caractères, avec les personnages qui étaient déjà sur la Scène.
Robinet, lettre du 17 octobre 1666 L’autre Jour, notre belle REINE, Dans le PETIT PARC de VINCENNE Ayant assemblé les BEAUTÉS Qui sont toujours à ses côtés, Les fit danser sur les Fleurettes, Au Concert des douces Musettes, Et la charmante de TOUSSI, (XXX.)
Robinet, lettre du 9 janvier 166774 Mais, pour revenir au BALLET, Le Tour galant assez me plaît De notre nouvelle HÉROÏNE, Qui, survenant à la sourdine, Comme on dansait ledit Ballet, Fit défiler le Chapelet Et cesser toutes les Entrées Qu’on avait si bien préparées, Afin qu’on l’allât recevoir Ainsi qu’il était du devoir.
L’usage en a passé dans la Loi de grace ; l’on a dansé dans les Fêtes des Agapes & dans l’Eglise Grecque & Latine, jusqu’au XIII siécle qu’il fut aboli à cause des abus qui s’y glisserent. […] Les plus grands Rois du monde se sont fait un plaisir de danser quelquefois sur le Théâtre, même avec leurs sujets.
Loret, lettre du 26 février 1661 Malgré la dur[e]té qu’accompagne, Un certain Breton de Bretagne, Officier moderne du Roi, Ce me semble, nommé Taloi, Qui par caprice, ou par grimace, M’obligea de changer de place, Et tout plein d’autres Gens d’honneur, Qu’il irrita, le bon Seigneur ; En dépit, donc, de l’incartade D’icelui, sujet à boutade, Plus ravi qu’on ne peut penser, Mardi dernier, je vis danser, Dans toute sa magnificence, Le Ballet de l’Impatience, Qui me parut, en bonne foi, Digne d’un illustre et Grand Roi : Ses seize admirables Entrées Par moi, de près considérées, (Car, nonobstant ledit Breton, J’étais placé comme un Caton) Que, sans mentir, on trouva telles Qu’un chacun les jugea très belles. Ce fut le Roi qui commença, Et si parfaitement dansa, Qu’il ravissait les yeux, sans cesse, Par ses pas et sa noble adresse ; Dont Thérèse, qui le voyait, Et qui ses louanges oyait, Donnait, par ses yeux, mainte marque Combien elle aimait ce Monarque.
Loret, lettre du 1er mars 1664 Ce Ballet si bien ordonné, De divers agréments orné, Et d’invention singulière, Avec l’ordinaire lumière, Fut vers le soir, Jeudi passé, Pour la dernière fois dansé ; Et comme il est très véritable Que j’aime fort le délectable, J’allai dans cet aimable Lieu, Le revoir, et lui dire adieu Et d’autant que par bon rencontre J’étais placé presque tout contre, Le considérant de plus près, J’en remarquai les beaux attraits, De la Reine, et de chaque Belle, Qui faisaient Entrée avec Elle.
La Gravette de Mayolas, 2ème lettre du mois de janvier130 La REINE, qu’un chacun contemple Comme un parfait et rare exemple, Aux yeux de toute notre Cour, Au Château neuf fut l’autre jour, Avec encor Mademoiselle,131 Qui l’aime, et la suit avec zèle, Pour ouïr un concert charmant, Qu’on ajuste Royalement, Pour le Ballet que l’on prépare D’un air aussi pompeux que rare, Enfin pour le Ballet Royal, Qu’on dansera ce Carnaval.
Sur le septième commandement, pag. 336, il déclare que la profession de maître à danser, en tant que ceux qui l’exercent, apprennent autre chose qu’à se bien tenir et à marcher décemment, est une profession illégitime, comme celle des comédiens, et que les magistrats chrétiens ne doivent point souffrir qu’on donne des leçons publiques de danse. […] Il porte pour titre : Traité des danses, auquel est amplement résolue la question de savoir s’il est permis aux chrétiens de danser. […] Non-seulement, selon les théologiens, on ne doit pas « prendre plaisir à danser, mais on ne doit pas non plus se plaire à voir danser ; car c’est donner à connoître qu’on a le cœur vain et charnel, et qu’il s’amuse encore aux folies du monde et à des choses qui ne valent rien ; de plus, c’est, pour bien dire, participer au mal au lieu de le reprendre, la différence n’étant pas grande en matière de vice, d’y consentir ou de prendre plaisir à le voir faire et de le faire selon que les saints personnages anciennement prononçoient contre ceux qui assistoient aux théâtres, et prenoient plaisir aux folies qui s’y faisoient ». […] Revenant ensuite aux personnes qui prennent plaisir à assister aux danses, ils remarquent que les inconvéniens dont ils viennent de parler, « ne seront pas seulement pour ceux qui dansent, mais pour les autres qui sont spectateurs ; que si le regard d’une fille qui dansoit a produit un si grand effet sur le cœur d’Hérode, qui osera se permettre de regarder avec plaisir de nombreuses assemblées de femmes et de filles qui dansent, et espérer de n’en recevoir aucun dommage moral ? […] Et, s’il nous prend donc envie de danser, gardons-nous-en ; c’est notre chair, ou la concupiscence qui a envie de se repaître de vanité.
Robinet, lettre du 15 février 1670 Le Divertissement Royal Dont la Cour fait son Carnaval, Est un Ballet en Comédie, Je ne crains point qu’on m’en dédie, Ou bien Comédie en Ballet, Qui, ce dit-on, grandement plaît, Par ses Récits, par ses Prologues, Et les amoureux Dialogues, De Bergères, et de Bergers, Constants en amour, non légers Mais c’est tout ce que j’en puis dire, Sinon que notre Auguste Sire Fait danser, et n’y danse point, M’étant trompé, dessus ce point, Quand, sur un Livre, j’allai mettre, Le contraire, en mon autre Lettre.
La Gravette de Mayolas, lettre du 16 août 1665 […] Selon la coutume ordonnée Dans cette Maison chaque année, Le Réverend Père DIEZ, Un Esprit des plus déliés, Dont la veine docte et fertile Egale Sénèque et Virgile, Ce poète et grand Orateur, De cet Ouvrage fut l’Auteur, Dont le nom fameux est IRLANDE, Histoire belle, vraie et grande, Ayant fait choix de bons Acteurs Et fait instruire les Danseurs, Qui dans leurs postures discrètes Dansaient le Ballet des Comètes ; Et les délicats Violons Jouaient d’agréables chansons Quantité de Gens remarquables, Témoins de ces plaisirs aimables, Avec les autres spectateurs En furent les admirateurs, Attentivement écoutèrent, Et l’Auteur tout à fait louèrent.
La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 Dans le Collège de Clermont En toutes Sciences fécond, ADRASTE, rare Tragédie Parut en belle compagnie ; Le Révérend Père JOBERT En Vers, en Prose fort expert, Pieux et savant Personnage, A composé ce bel Ouvrage : Mais le Ballet bien inventé Fait sur la curiosité Ne se trouva pas moins aimable, Que la pièce était remarquable, Car Beauchamp, qui l’entend fort bien, En cela n’avait omis rien, Tous ceux qui la représentèrent Parfaitement s’en acquittèrent, Des Acteurs les beaux vêtements En augmentait les agréments ; De même tous ceux qui dansèrent Tant de gentillesse montrèrent Que leurs gestes, et que leurs pas Semblaient être faits au compas ; Aussi l’Assemblée éclatante Témoignait être fort contente.
Cet artiste, qui avait l’habitude de danser en improvisant sur des airs inconnus, pour former son imagination à innover des pas et des enchaînements et pour habituer son oreille à saisir promptement le mouvement et le rythme de la musique. […] Gardel, en me parlant de nos anciens artistes, me vanta cette manière de danser de Dupré, qui tout en se formant un excellent danseur, donnait un plus grand essor à son génie : ce conseil me frappa, je m’y attachai, et j’en fis l’essai sous les yeux de mon père. […] Aucun danseur ni danseuse n’a autant approché de la perfection de la danse, comme Mlle Gosselin, aussi elle dansait comme un ange (a).
Si, pour voir danser, il faut absolument avoir entendu chanter pendant deux heures et demie, pourquoi n’a-t-on pas songé à détacher tout au moins l’épisode fameux de la foire en le complétant par la sérénade et d’autres fragments ? […] Fokine est venu, en 1921, danser à l’Opéra sa Marquise sur la musique des Petits riens de Mozart.
Loret, lettre du 27 août 1661 La Pièce, tant et tant louée,17 Qui fut dernièrement jouée Avec ses agréments nouveaux, Dans la belle Maison de Vaux, Divertit si bien notre Sire, Et fit la Cour tellement rire, Qu’avec les mêmes beaux apprêts, Et par commandement exprès, La Troupe Comique excellente Qui cette Pièce représente, Est allée, encor de plus beau, La jouer à Fontainebleau, Étant, illec, fort approuvée, Et, mêmement, enjolivée D’un Ballet gaillard et mignon, Dansé par maint bon Compagnon, Où cette jeune Demoiselle Qu’en surnom Giraud18 on appelle, Plût fort à tous par les appâts, De sa personne et de ses pas.
J’avais vu son nom sur des affiches lorsqu’elle était venue à Paris, mais je m’étais refusé à l’aller voir danser. […] *** Après avoir vu danser Isadora Duncan, j’allai visiter les musées de Berlin, et je compris soudain ce que recèlent de vie gracieuse et noble les bas-reliefs de l’antiquité. […] Elles courent pieds nus, dansent des rondes autour des grands arbres, tressent des guirlandes de fleurs et en font des motifs d’exercices en chantant des airs rythmiques. […] Je les ai vues danser, un soir, autour d’Isadora Duncan, habillées de bleu, de blanc, de rose, et je crois que jamais spectacle humain ne m’a plus profondément ému.
7 Ensuite on dansa le Ballet Peu sérieux, mais très follet, Surtout dans un récit Turquesque, Si singulier et si burlesque, Et dont Baptiste était Auteur, Que, sans doute, tout spectateur En eut la rate épanouie, Tant par les yeux que par l’ouïe.
Par divers ornements nouveaux Le Théâtre était des plus beaux ; Les Scolares fort bien jouèrent, Et quatre Ballets qu’ils dansèrent Donnèrent, très assurément, Un plaisant divertissement.
Les Danseurs du BALLET DU TEMPS Donnèrent bien du passe-temps ; Ils dansèrent tous d’importance, Et le Maître de cette danse, L’adroit CHICANEAU, qu’on vanté, Fort dignement s’en acquitta.
Ce que Mme Odic appelle danser, une danseuse classique l’appellerait marquer un pas. […] On est prêt à conclure que s’il existe d’innombrables manières de ne pas savoir danser, il n’y en a qu’une seule de savoir le faire.
Récemment j’ai vu danser à l’Olympia Mlle Maria Ley. Danser ?
On travaille (à ce qu’on raconte) À neuf cents habits, de bon compte, Qui d’or et d’argent brilleront, Pour les Danseurs qui danseront, Pour les belles Voix ordinaires, Et pour tous les Instrumentaires.
Vous plairait-il de le leur voir danser ? […] Dès sa première enfance, Carlotta Grisi chantait et dansait. […] Carlotta chanta et dansa devant lui, et, aussitôt, ravi, émerveillé, cet esprit aventureux décida qu’elle chanterait, qu’elle danserait devant tout Paris. […] Beaucoup de cantatrices qui ne dansent pas n’en savent pas faire autant. […] Il est impossible de danser avec plus de perfection, de vigueur et de grâce, avec un plus profond sentiment du rythme et de la mesure, une physionomie plus heureuse et plus souriante.
Puis, en juillet 1843, lorsqu’elle alla danser à Bruxelles, il voulut faire frapper d’opposition les sommes qu’elle allait gagner. […] Elle n’avait pas l’intention de danser dans sa ville natale. […] Le 3 juillet elle dansa au profit de l’Hospice des Aveugles et Incurables. […] Fanny dansait « sur un volcan ». […] Je n’avais jamais vu danser Fanny Elssler qui, depuis longtemps, avait quitté la scène.
Il est donc très vraisemblable que les hommes chantèrent d’abord les bienfaits de Dieu, et ils dansèrent, quoique sans doute assez mal, pour exprimer leur respect et leur gratitude.
Loret, lettre du 20 août 1661 Mais il ne faut pas que je die Le reste de la Comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra ; Et chacun prêtant les oreilles À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir, à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire, aux Acteurs, outrage Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des Curieux, Un Ballet entendu des mieux, Qui par intervalles succède, Sert à la Pièce, d’Intermède, Lequel Ballet fut composé Par Beauchamp, Danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte Par les Messieurs de son Escorte ; Et, même, où le sieur d’Olivet, Digne d’avoir quelque Brevet, Et fameux en cette Contrée, A fait mainte agréable Entrée.
Robinet, lettre du 26 décembre 1666 L’auguste BALLET des NEUFS SŒURS, Où l’on voit d’excellent Danseurs, Divertit toujours à merveille La COUR des Cours la nonpareille, Et, parmi les OBJETS poupons Lesquels font là des Pas mignons, TOUSSI, cette GRÂCE naissante,72 De plus en plus est ravissante , De FIENNE, qu’on ne saurait voir Sans mille Attraits apercevoir, Dedans sa Danse paraît telle Qu’on meurt de danser avec Elle, Et du LUDRE, l’ASTRE LORRAIN73 Qui des Cœurs s’empare soudain, Par sa belle et forte Influence, Les prend illec comme en Cadence.
Cevx qui croyent l’obseruation de plusieurs figures du tout necessaires pour bien monstrer à danser par liure, & representer plus naïuement les mouuemens qui se doiuent obseruer à la danse, ne s’accordent pas mal auec cest Orateur, qui ayant iadis à haranguer en plain Senat sur vn faict tres-attroce, commit ceste lourde faute d’en proposer vn tableau deuant les yeux des Iuges, se fiant plus aux traits muets d’vne morte peinture qu’à l’energie d’vne eloquence viue. […] Puis pour finir les douze pas, escarter doucement le pied gauche, & le porter à costé comme le quatriesme, & ainsi continuer ces mesmes pas face à face de ceux du bransle, ayant la main de laquelle on meine au costé sur la ceincture, iusqu’à ce qu’on paruienne à celuy qui occupe la derniere place, où il la faudra relascher apres auoir tourné sur la main gauche pour reprendre le mesme chemin, à fin que sans changer de pas il continuë iusqu’au lieu où il aura commencé, auquel il doit finir par des temps & des pas assemblez, qu’il fera en se retirant en presence de la femme, ce qu’estant obserué, on laissera ceux du bransle en bel ordre, & fera dansé sans confusion. […] Il m’a semblé inutile de parler icy par le menu du surplus de la suitte des bransles ; Parce qu’outre qu’on ne les met que rarement en vsage, on s’amuse bien plus à s’entretenir qu’à les danser serieusement, d’ailleurs que les pas & les actions qu’on y fait obseruer aux Dames, dont sera parlé cy apres, peuuent seruir de regle. […] Or comme il y a des personnes qui pour auoir le pied trop court, ou les iambes faictes en paranteze, quoy que le reste du corps soit bien taillé ou proportionné, ne peuuent iamais venir à vne vraye reputation de bien danser. […] Au surplus, lors que l’Escolier sera capable de danser en compagnie, il luy faut apprendre les actions qui suiuent pour prier vne Dame de danser ; Ayant donc tiré le chapeau, qu’il portera sur le busque du pourpoint, il fera quelques demarches graues, apres lesquelles venant à s’approcher, il coulera doucement le pied droict deuant l’autre, pour faire vne reuerence, comme celle dont i’ay parlé pour aborder vne compagnie, & baissant vn peu la teste auec le corps, pour baiser la main & prendre celle de la femme, il l’amenera au bas bout, vis à vis de la compagnie, où estant il fera vne reuerence, comme on luy a enseigné à la Courante, puis reprenant la femme par la main, la conduira iusques au milieu de la salle, & là s’il y a quelque personne qualifiee il refera la mesme reuerence, sinon qu’il saluë la femme seulement : Puis prenant son chemin vers la main droicte en remettant son chapeau, fera trois ou quatre demarches, de la façon qu’il a esté dict cy dessus, auant que prendre la cadance pour commencer, & venant à finir, que ce soit d’vne reuerence deuant la Dame, mais ne faut pas oublier d’en faire vne auparauant deuant la compagnie, en cas qu’il y ait comme ie vous ay dict, quelqu’vn qui vous y obligeast, ny à ramener la Dame en sa place, le tout auec des pas & des demarches qui ne soient pas timides.
Mais à fin qu’il n’y ait rien à dire aux actions de celles qui danseront ce Bransle, il faut que le corps & la teste y soient tenus droicts & fermes, en sorte que tous les mouuemens procedent de la hanche & des pieds, sans hausser en tout les espaules ny plier les genoüils, du moins que tres peu, à fin que les actions n’en soient forcees, les pointes des pieds ouuertes, & que les trois premiers pas soient assis plats à terre, & tout le reste sur le mouuement des pieds, excepté le dernier, comme i’ay desia dict, tenant tousiours la veuë esgale de sa hauteur, l’action de laquelle ne doit tourner qu’auec le corps, sans aucun mouuement de la teste. […] Il faut toutes fois notter qu’à tous les pas assemblez de ce bransle, & non ailleurs (pour ne rien forcer, & danser sans contrainte,) il faut plier tant soit peu les genoüils, mais il est sur tout necessaire de se releuer sur la pointe des pieds, & si quelquefois pour diuersifier on veut faire glisser au deuxiesme pas le pied droict derriere, en sorte que le corps tournant vn peu du costé de celuy qu’on meine, la veuë tourne aussi & non autrement, on le pourra faire, sans leur permettre, comme font plusieurs de regarder par dessus les espaules, ny certains branslemens de corps, que quelques vns y font obseruer, dont les actions sont fort des agreables. […] Ie parlerois d’vne autre forte de pas qui ont bonne grace estans bien faits par vne Dame, si la negligence qu’on apporte auiourd’huy à danser la Gaillarde ne m’en empeschoit. Pour clorre donc ce que i’ay entrepris de traitter quand à present sur le suject de ceste Methode, ie conseille à celles qui n’auront pas apris à danser, ou qui pour auoir discontinué ne se souuiennent plus des obseruations requises à la Gaillarde, de s’en aquitter par la promenade d’vn tour de salle au partir des susdites reuerences, comme pratiquent auiourd’huy plusieurs des mieux dansantes. Car celles-là sont fort blasmables qui par timidité ou par desdain, desobligent (par vn ie ne sçay pas danser) ceux qui leur font l’honneur de les en prier, & quoy qu’elles croyent en estre honnestement quittes par telles ou semblables paroles, qui sans doute auroient bonne grace, si elles estoient priees de quelque autre danse, ne laissent pas pourtant en celle-cy où la qualité de leur excuse se change en pur refus d’offenser la courtoisie d’vn Caualier que la honte de se veoir refusé feroit volontiers rougir, s’il n’auoit la grace assez asseuree, ou n’estoit d’humeur propre pour tourner le tout en raillerie.
On donna en l’année 1710, les fêtes Vénitiennes opéra-ballet, dans un divertissement de cet ouvrage il falloit chanter, et danser le menuet : les premiers danseurs ayant la voix rauque et usée ne purent raisonnablement se charger de ce double emploi, on le confia à Marcel alors prèsqu’ignoré ; il chanta agréablement, et dansa le menuet avec cette élégance que lui prêtaient sa taille et sa figure, et avec cet amour-propre, et cette hardiesse familière aux demi-talens. […] Nous devions danser a Paris un menuet dans les jeunes mariés, et le danser ensuite à la cour. […] Il m’esquissa le pas avec les deux index, je le pris facilement ; son prévôt jouoit du violon, et je dansai ; le rondeau sçu, il m’arrangea les bras à l’antique, et content de mon intelligence il me dit : venez me voir de tems en tems ; je parlerai de vous, et je ferai votre fortune. […] Je lui racontai l’histoire du rondeau, et je lui demandai la permission de le lui danser.
Ils chantent, ils dansent Ballets, Tantôt graves, tantôt follets ; Leurs femmes ne sont pas fort belles, Mais paraissent spirituelles, Leurs sarabandes et leurs pas Ont de la grâce et des appâts, Comme nouveau ils divertissent, Et de leurs castagnettes ravissent : Enfin, je puisse être cocu, Si je leur plaignis mon écu ; Et je crois que tout honnête Homme Leur doit porter pareille somme Pour subvenir à leur besoin, Puisqu’il sont venus, de si loin, Avecque Comédie et danse, Donner du plaisir à la France.