Je me souviens à propos du Carnaval, d’une critique que l’on trouve dans le cinquiéme tome des Mémoires de l’Espion Turc, sur l’usage que tous les Catholiques font de ce tems de réjouissance : il dit que ceux qui professent la Religion Romaine, ont un mois dans l’hyver où la plûpart du peuple de l’un & de l’autre séxe, même des gens du premier ordre, se masquent, les uns pour courre le bal la nuit, d’autres pour courre le jour dans les rues, comme des fous ; & que leur folie finit le Mercredi des Cendres, où tout le peuple va le matin dans les Eglises, se mettre à genoux devant des Prêtres qui leur font une croix au front avec une cendre qui a la vertu de les remettre dans leur bon sens.
Quelques-unes, nous devons le dire, ont résisté à ce despotisme, et ont gagné en appel la cause perdue devant le tribunal de première instance de messieurs les gants jaunes infernaux ; mais quelle force de volonté et quelle vertu ne faut-il pas avoir, quand on est actrice, pour ne pas abréger, même au prix d’une complète abdication de sa personne le fatigant chemin qui conduit au triomphe !
Un citoyen que son courage, sa générosité, l’élévation de son âme, avaient rendu l’objet du respect et de l’amour de la patrie, semblait reparaître aux yeux de ses concitoyens ; ils jouissaient du souvenir de ses vertus ; il vivait, il agissait encore ; sa gloire se gravait dans tous les esprits ; la jeunesse Romaine frappée de l’exemple, admirait son modèle ; les vieillards vertueux goûtaient déjà le fruit de leurs travaux, dans l’espoir de reparaître à leur tour sous ces traits honorables quand ils auraient cessé de vivre. […] Ces personnages futiles, dont plusieurs vices, l’ébauche de quelques vertus, l’orgueil extrême, et beaucoup de ridicules, composent le caractère, connaissaient d’avance le sort qui les attendait un jour, par la risée publique à laquelle ils voyaient exposés leurs semblables.
Ce n’était point la vertu qu’il enseignait à ses élèves. […] Quand il me rencontrait, il me vantait pendant des heures entières toutes les qualités, toutes les vertus de cette bonne Lise, et en finissant il ne manquait pas de me dire : « Je ne vous cacherai pas que je l’aime beaucoup58. » — Cette affection, touchante dans son ingénuité, se traduisait par de riches cadeaux.
Une fille qui fait de la vertu dans le vide. […] Mademoiselle Marchisio On peut lui appliquer ce couplet d’un pont-neuf du bon vieux temps : Fuyant Minerve pour Plutus, Toujours sa règle favorite Est qu’en son foyer, les vertus Ne font pas bouillir la marmite.
Ces deux vertus se soutiennent mutuellement : et quiconque en néglige une, ne peut garder l’autre.
Ce Monarque déploye chaque jour en leur faveur ce sentiment de bienfaisance et de générosité qu’il a pris soin d’associer aux vertus qui le caractérisent.
De la nécessité, elle se faisait une vertu ; pourvue d’appas médiocres par la nature, la femme disparaissait chez elle derrière la danseuse qui répudiait tout appel aux sens, tout assaisonnement de grâces piquantes et minaudières. […] sois notre salut, vierge blanche, pieuse, Colonne de cristal, étoile radieuse ; Relève en souriant notre front abattu, Et que tous, te voyant, adorent la vertu !
Personne ne s’intéresse plus sincèrement au bien des rois et des états que les bons chrétiens ; ils se font un devoir de religion de prier souvent pour la santé et la vie des rois, pour la prospérité de leurs armes, pour éviter les fléaux dont l’état peut être menacé, pour faire cesser ceux dont il est affligé : par une suite nécessaire de ce sentiment, tout ce qui est favorable au prince et à l’état fait le sujet de leur joie ; mais alors leur joie et les témoignages publics qu’ils en donnent, prenant leur source dans la piété, sont dignes de la sainteté du christianisme, parce qu’ils ne les font jamais sortir des bornes étroites de la tempérance, de la modestie et de toutes les autres vertus qui font le vrai chrétien.
A-t-il de la célébrité, il pourra, par la magie et les charmes de son art, ainsi que le peintre et le poète, faire détester et punir les vices, récompenser et chérir les vertus.
A-t-il de la célébrité, il pourra par la magie & les charmes de son Art, ainsi que le Peintre & le Poëte, faire détester & punir les vices, récompenser & chérir les vertus.
C’est un homme qui n’a pas son égal au monde pour la patience, la charité, le courage et la vertu.
Plus de ces insolences de luxe qui font regretter aux honnêtes femmes que la vertu soit si mal payée !
» Mademoiselle Nanine Celle-ci se distinguait non moins par] sa vertu que par sa gentillesse. […] Mademoiselle Emma Livry, qui n’est pas une danseuse ordinaire, en possède deux à elle toute seule : celle de la vertu et celle des cadeaux.
Avant que de répondre aux passages dont on abusoit, cet ancien auteur fait cette observation, que nous avons la même raison de faire que lui : « Je dirai, qu’il vaudroit mieux ne rien savoir des saintes Ecritures, que de les lire pour en abuser ainsi. » Est-il en effet un abus plus criminel que de se servir pour autoriser les vices, des livres saints qui n’ont été écrits que pour nous enseigner et nous porter à la vertu et à la pratique de l’Evangile, selon cette parole de saint Paul : (Tim. c. 3, vv. 16 et 17.)
Au reste, Monsieur, en vous obéissant, j’aurai rempli les devoirs sacrés de l’amitié ; j’aurai semé, d’une main tremblante quelques fleurs sur la retraite momentanée de mon ami ; et en vous entretenant de ses talens, de ses connoissances, de ses vertus sociales, j’aurai rendu hommage à la vérité, et satisfait à l’obligation que m’imposent l’admiration et la reconnoissance.
Vous serez, leur dit-il, aimables sœurs, vous serez, sous le nom chéri des Graces, l’ornement de l’empire de Cythère ; vous embellirez la beauté même ; les arts, les talens, ne pourront plaire sans vous, rien ne sera aimable sans votre secours, et votre influence, en répandant des charmes sur tous les objets, embellira jusqu’à la vertu.
Les coups de théâtre et les tableaux de situation ; j’ai cru devoir donner une épouse à Thoas, afin de me procurer un contraste d’autant plus nécessaire dans ce sujet, qu’il n’y règne point d’amour, et que privé d’une passion, qui est le ressort detoutes les autres, il a été utile que je cherchasse à y suppléer par des épisodes, qui ne pussent choquer la vraisemblance, ni altérer le fond de l’histoire ; j’ai prêté à Thoas un caractère cruel et farouche, fanatique et superstitieux, soupçonneux et craintif ; je lui oppose une épouse remplie de vertus, de douceur et d’humanité, et qui n’est occupée que du soin généreux de le ramener à des sentimens moins barbares.
Avant d’esquisser une psychologie sommaire de la danseuse, de dire quelle hantise exercent sur elle les sept péchés capitaux, les vertus théologales, les défauts et qualités d’ordre secondaire, l’opinion des poètes et des mondains, des initiés et des ignorants, il faut expliquer en quelques lignes l’organisation du corps de ballet.
« En combien de lieux, dit-il, commet-on des excès et des débauches honteuses, dans le temps des noces, dont la sainteté est si recommandable, et aux jours des fêtes de patrons, qui devroient être honorés par une dévotion extraordinaire, une modestie toute chrétienne et une sainte imitation de leurs vertus !
Cela sentait la misère, mais aussi la vertu, et cette pensée me rendit le courage prêt à m’abandonner.
« O vertu, qui malgré les difficultés que vous présentez aux faibles mortels, êtes l’objet charmant de leurs recherches! vertu pure et aimable !
Sa réputation de libéralisme, l’hostilité que lui montrait l’Autriche, une bonhomie spirituelle rendaient extrêmement populaire le nouveau pape… Qui depuis Rome alors admirait ses vertus. […] Fanny Elssler fut regardée comme une de ces corruptrices qui amollissaient les âmes au moment où il fallait les vertus héroïques des anciens Romains.
Lucile le premier osa la faire voir ; Aux vices des Romains présenta le miroir ; Vengea l’humble vertu, de la richesse altière, 150 Et l’honnête homme à pied, du faquin en litière. […] 165 Chaque vertu devient une divinité : Minerve est la prudence, et Vénus la beauté ; Ce n’est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C’est Jupiter armé pour effrayer la terre ; &c… Sans tous ces ornemens le vers tombe en langueur ; 190 La poésie est morte, ou rampe sans vigueur ; &c… Mais, dans une profane et riante peinture, 220 De n’oser de la fable employer la figure ; De chasser les Tritons de l’empire des eaux ; D’ôter à Pan sa flûte, aux Parques leurs ciseaux ; D’empêcher que Caron, dans la fatale barque, Ainsi que le berger ne passe le monarque : &c… Et que tout ce qu’il sent, soit chagrin, soit plaisir, De son talent en nous laisse un long souvenir8. […] Chaque vertu devient une divinité : Minerve est la prudence, et Vénus la beauté ; Ce n’est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C’est Jupiter armé pour effrayer la terre : Sans tous ces ornemens cet art tombe en langueur ; La Pantomime est morte, ou rampe sans vigueur.
Le Courrier des Théâtres vantait avec insistance la piété et la vertu de Fanny. […] Comme il était question dans la pièce d’un bonnet magique qui avait la vertu de changer les bêtes en hommes, le Figaro insinua que Duponchel avait mis cette coiffure à l’envers.
Catherine profita de cette vertu et de ces vices pour arriver à ses fins : elle mit en jeu les festins, les bals, les mascarades, les ballets, les femmes les plus belles, les courtisans les plus libertins. […] [voir Traité historique, IIe partie, livre III, chap. 3, « Fêtes de Louis XIV relatives à la Danse, depuis l’année 1643 jusqu’en l’année 1672 »] Sa grande âme fut frappée de ces quatre vers du Britannicus de Racine : Pour toute ambition, pour vertu singulière, Il excelle à conduire un char dans la carrière, A disputer des prix indignes de ses mains, A se donner lui-même en spectacle aux Romains. […] Celui de la droite représentait deux lis, qui fleurissent d’eux-mêmes et sans culture étrangère ; ce qui faisait allusion au prince et à la princesse, en qui le sang a réuni toutes les grâces et toutes les vertus. […] Celle-ci, après quelques courtes discussions qui avaient pour objet le bien qu’on avait à dire d’une si brillante cour, fit convenir la flatterie qu’on n’avait que faire d’elle pour célébrer les vertus d’une Reine adorée, qui comptait tous ses moments par quelque nouvelle marque de bonté. […] Les Comédiens-Français y représentèrent une pièce en cinq actes : elle avait été composée par feu Coypel, qui est mort premier peintre du Roi, et qui a laissé après lui la réputation la plus désirable pour les hommes qui, comme lui, ont constamment aimé la vertu.
Après cette entrée des Amours Rameurs, Venus fit encore paroître aux yeux de Mercure, les jardins de Cérès, & une troupe d’Amours, qui pour livrer plus aisément Proserpine à la passion de Pluton, avoient pris la figure & l’habit de ses compagnes, & sous-prétexte d’une promenade, l’avoient fait sortir d’un château soigneusement fermé par sa mere : d’autres Amours, qui pour le même dessein avoient pris la ressemblance des Jardiniers de Cerès, cachant adroitement leurs fléches sous des fleurs qui ornoient le parterre, présenterent à Proserpine des bouquets, dont la vertu secrette l’endormit sur un gazon.
Quiconque n’auroit point d’yeux ni d’oreilles, quiconque pourroit assister à des danses sans y entendre rien, et sans y rien voir des sottises qui s’y passent, et qui au contraire auroit assez de force d’esprit pour n’y être occupé que de Dieu, pourroit innocemment se trouver à la danse, qui est une pierre de scandale à toutes les autres personnes ; encore faudroit-il que cela se pût faire sans désobéir à ses pasteurs légitimes, et sans donner mauvais exemple à son prochain ; mais puisque les paysans n’ont pas cette vertu, puisqu’ils sont pleins de passions, et que les danses servent à animer ces passions et à les rendre plus violentes, puisque ces assemblées ne se terminent jamais sans crime, puisqu’un seul débauché peut inspirer ses mauvais désirs à ceux qui le regardent, et qu’en effet il s’y dit des choses qu’on ne doit pas entendre, et qu’il s’y fait des choses qu’on ne doit pas voir, il est de la prudence des pasteurs de s’opposer à des danses, qui, dans la pratique, sont toujours dangereuses et corrompues, quelles qu’elles soient dans des précisions métaphysiques et dans la spéculation.
Diderot, ce philosophe ami de la nature, c’est à dire, du vrai et du beau simple, cherche également à enrichir la scène Française d’un genre qu’il a moins puisé dans son imagination que dans l’humanité ; il voudroit substituer la pantomime aux manières ; le ton de la nature au ton empoulé de l’art ; les habits simples aux colifichets et à l’oripeau ; le vrai au fabuleux ; l’esprit et le bon sens au jargon entortillé, à ces petits portraits mal peints qui font grimacer la nature, et qui l’enlaidissent ; il voudroit, dis-je, que la comédie Française méritât le titre glorieux de l’école des mœurs ; que les contrastes fûssent moins choquans et ménagés avec plus d’art ; que les vertus enfin n’eûssent pas besoin d’être opposées aux vices, pour être aimables et pour séduire, parce que ces ombres trop fortes loin de donner de la valeur aux objets et de les éclairer, les affoiblissent et les éteignent ; mais tous ses efforts sont impuissans.
Diderot ce Philosophe ami de la nature, c’est-à-dire, du vrai & du beau simple, cherche également à enrichir la Scene Françoise d’un genre qu’il a moins puisé dans son imagination que dans l’humanité ; il voudroit substituer la Pantomime aux manieres ; le ton de la nature au ton ampoulé de l’Art ; les habits simples aux colifichets & à l’oripeau ; le vrai au fabuleux ; l’esprit & le bon sens au jargon entortillé, à ces petits portraits mal peints qui font grimacer la nature & qui l’enlaidissent ; il voudroit, dis-je, que la Comédie Françoise méritât le titre glorieux de l’Ecole des mœurs ; que les contrastes fussent moins choquants & ménagés avec plus d’art ; que les vertus enfin n’eussent pas besoin d’être opposées aux vices pour être aimables & pour séduire, parce que ces ombres trop fortes, loin de donner de la valeur aux objets & de les éclairer, les affoiblissent & les éteignent ; mais tous ses efforts sont impuissants.
Quoique le poste fût dangereux pour un homme de vertu médiocre comme lui, quoiqu’il eût des faiblesses pour quelques-unes de ses pensionnaires, il garda son autorité intacte.
Cléofas est un peu sceptique, nous l’avons dit, et quoiqu’il n’ait pas lieu de douter de la bonne foi du diable, il veut mettre à l’épreuve la vertu du talisman ; il agite la sonnette, et la petite langue d’argent n’a pas plutôt fait entendre sa voix, qu’Asmodée, qui avait disparu, jaillit soudainement de terre, quoiqu’il fût déjà aux antipodes ou plus loin.