L’autre est cet étonnant Sauteur, Qui, d’une si belle hauteur, Se culebute, et pirouette, Sans toucher de pied, main, ou tête, La Terre, en aucune façon, Et qui marche, encore, tout de bon, Sur les mains, de la même sorte, Qu’un autre, sur ses pieds, se porte : Dequoi chacun tout étonné, Croit qu’il s’est, au Diable donné.
Mais Loïe se remit sur pieds, et en entendant les rires elle leva la main droite et dit à très haute voix : « Chut ! […] La dame se mit à lire un petit papier qu’elle tenait à la main. […] Et à travers une sorte de brouillard, elle me vit me lever de ma chaise, m’approcher lentement des gradins et grimper sur l’estrade en m’aidant des pieds et des mains.
Une esclave Théssalienne et une esclave Asiatique disputent ensemble le prix de la danse ; il est accordé à la Théssalienne qui reçoit des mains de Déjanire un thyrse d’or, orné d’une guirlande de fleurs. […] Les vaincus laissent un champ libre aux vainqueurs ; ceux-ci se disputent la victoire ; et celui qui la remporte reçoit des mains d’Hercule, une peau de tigre, symbole de l’adresse, de l’agilité et du courage. […] Philoclète, qui remarque le trouble d’Hercule, lui retrace encore sa foiblesse ; le héros, sensible à la gloire, hésite, balance, prend la main tremblante d’Jolé, qui ose à peine lever les yeux ; il prend ensuite celle de son fils, et après une irrésolution qui caractérise le combat des passions, qui agitent son ame et qui déchirent son cœur, il unit enfin ces deux amans. […] Déjanire qui ignore le retour d’Hercule sur lui-même, se livre à toutes ses inquiétudes ; accablée par l’idée de l’infidélité de son époux ; occupée des moyens qui peuvent le ramener à ses premiers sermons ; absorbée sous le poids de sa douleur ; anéantie par une multitude de réflexions désespérantes qui se détruisent à mesure qu’elles se succèdent, elle tombe sur un lit de gazon, et la tête appuyée sur une de ses mains, elle s’abandonne aux plus tristes pensées. […] La situation de Déjanire est affreuse, l’idée d’un crime, quoiqu’involontaire, lui déchire le cœur, les forces d’Hercule diminuent ; il chancelle, il succombe ; il conjure Déjanire de consommer son forfait, et de lui épargner par une mort prompte des tourmens qu’il ne peut plus supporter ; il s’adresse à ses compagnons et à Philoclète, mais les trouvant sourds à ses cris, il se précipite dans le bûcher, et ordonne à son fils de l’embraser ; Hilias frémit et sa main comme son cœur se refuse à un ordre si barbare.
Cet aveu irrite le bailli ; il veut se saisir de la main de Julie ; elle le repousse avec fierté ; il veut la lui baiser ; elle lui donne un souflet. […] Colin aborde Julie avec le trouble du sentiment : il la félicite sur son bonheur ; il y est d’autant plus sensible qu’il le partage, qu’il aime Julie, qu’il en est aimé, que le choix du village justifie son goût, et que la main de la Rosière doit mettre le comble à sa félicité. Il détache une rose de son chapeau ; il l’offre à Julie ; elle l’accepte avec plaisir ; il ose lui baiser la main, et il se sépare d’elle pour rejoindre ses camarades. […] Le Bailli saisit cette circonstance, il offre sa main pour Julie : cette proposition est rejettée avec mépris. […] Il tient une couronne à la main ; il fait placer un trône de verdure, couronné d’un baldaquin de fleurs : il va élire une nouvelle Rosière : toutes les filles attendent en silence l’arrêt du Bailli, et de leur bonheur… un bruit de chasse se fait entendre.
Ce Prince et son ami Pylade, après avoir échapé au naufrage, sont arrêtés au moment de leur arrivée en Tauride ; le Tyran, vers le quel on les conduit, les remet entre les mains d’Iphigénie pour être sacrifiées aux autels de Diane. […] Oreste, au moment d’être sacrifié est reconnu par sa sœur, et Pylade, qui n’avoit joint son vaisseau, que pour revenir avec ses soldats délivrer son ami ou périr avec lui, arrive dans l’instant où Thoas va donner la mort à Oreste ; le Tyran la reçoit des mains de Pylade ; ses troupes sont dispersées et mises en fuite, et on enlève la statue de Diane. […] Oreste et Pylade sont enchaînés ; Thoas les remet entre les mains d’Iphigénie, qui se sent émue à leur aspect par un sentiment inconnu : jamais son ame ne fut si vivement affectée. […] Iphigénie, tenant une lettre à la main, paroît avec Eumène et Arbas. […] Iphigénie, le visage couvert d’un voile, est prosternée aux pieds de l’autel, dans l’attitude de la douleur ; Oreste se met à genoux et présente sa tête au glaive dont on arme la main tremblante de la Prêtresse ; son bras semble se refuser à ce sanglant sacrifice ; le fer sacré lui échappe de la main, et ce n’est qu’après les plus violens combats entre le devoir et l’humanité, qu’elle le ramasse et le lève pour en frapper la victime.
Je ne lui reproche que quelques défaillances : les Main, le Ballet des Lumières, divertissement banal et symétrique où elle « nous en fait voir de toutes les couleurs », l’abus qu’elle fait de la musique rebattue de Grieg et l’audace singulière qu’elle a de juxtaposer Debussy et Godard. […] On voit enfin une énorme main d’ombre se saisir du groupe apeuré des danseuses collées contre l’écran et se fermer sur elles.
C’était comme un seul battement de mains, mais si puissant qu’aucun bruit au monde ne pouvait lui être comparé. […] Sa main soutenait sa tête. […] Précisément, on me présenta un vicomte, qui prétendait à la fois à mon cœur et à ma main. […] Immobile, la main gauche comprimant les frémissements de mon cœur, j’attendais, les yeux en fête : il détourna la tête et passa.
Les Danaïdes suspendent leurs pénibles fonctions ; le malheureux Ixion se repose sur sa roue ; le rocher de Sisyphe reste immobile ; Tantale oublie sa soif dévorante, les cizeaux des inflexibles parques s’échappent de leurs mains ; les Euménides cessent leurs persécutions, et les noirs Spectres du Tartare dansent autour d’Orphée. […] Euridice enchantée vole vers son époux ; il lui tend la main sans la regarder ; elle le conjure et le presse de jetter les yeux sur elle. Fidèle au décret de Pluton, il refuse de la regarder ; Euridice passe de tous cotés ; il fuit et détourne la tête, en exprimant le tourment qu’il endure : Euridice le conjure de nouveau de répondre à son impatience et de jetter un regard sur elle ; ses refus l’offensent, elle les attribue à son indifférence, et quitte sa main en exprimant son dépit. […] La présence de ce Dieu charmant ranime bientôt Orphée ; il ouvre ses yeux mourants, il se relève ; mais qu’elle est sa surprise lorsqu’il s’apperçoit qu’Euridice lui est rendue par les mains de l’Amour ; transporté de joye, il rend hommage à l’enfant de Cythère, et il partage sa reconnoissance entre l’Amour et Bacchus ; puis se retournant vers son épouse, il se livre à tous les transports de la tendresse ; les faunes, les Silvains et les Satyres s’unissent aux Bacchantes par des danses vives et voluptueuses.
Ceux qui ont lu les auteurs Grecs ou Latins qui, soiten Original soit en Traduction, sont dans les mains de tout le monde, connaissent les noms célèbres de Pylade et de Bathylle qui vivaient sous le Règne d’Auguste. […] Ce nom ne lui venait pas de Saltare qui signifie Sauter, mais d’un certain Salius qui, le premier, avait enseigné cet Art aux Romains ; et tous les auteurs conviennent qu’on l’exécutait par des gestes parlants, par des signes expressifs et par des mouvements de la tête, des yeux, de la main, des bras et des jambes. […] Des spectateursfroids et tranquilles ont admiré nos pas, nos attitudes, nos mouvements, notre cadence, notre « à plomb », avec la même indifférence qu’on admire des yeux, des bouches, des nez, des mains artistement crayonnés.
Il tenait dans sa main les mouvements secrets de la machine, qu’il avait exposée à leurs regards. […] Les Spectateurs échauffés de la représentation prenaient parti, en venaient aux mains, et un objet d’amusement, devenait une occasion continuelle de tumulte67. […] Cette peine qu’ils méritaient par leurs désordres n’eut rien de flétrissant, parce qu’elle partait de la main d’un homme injuste.
On prôna le premier, tandis qu’on desservait sous main le second : les applaudissements, qui vrais ou factices, sont, à la longue, la règle constante des jugements de la multitude, augmentaient chaque jour en faveur d’Hylas et diminuaient pour Pylade. […] Les Dames les plus belles battent des mains.
Quelques mois apres luy disant que i’y auois mis la derniere main, & mesme luy faisant voir vn discours que i’y auois adiousté en faueur de mon subiect, il n’oublia pas vn de ses artifices pour tirer de moy & faire imprimer en son nom ce que ie n’auois pas assez d’asseurance de donner au public ; Mais ses prieres, ses promesses & toutes ses importunitez demeurans nulles, il rechercha d’autres moyens que ie tais, & desquels ceux qui les sçauent ne peuuent parler qu’à sa confusion. […] Car de s’obliger de traicter de la Methode pour les Dames, & n’en rien dire du tout : Promettre d’enseigner en son lieu deux ou trois sortes de reuerences, & de cela nulles nouuelles, ne parler que des trois premiers bransles fort legerement & renuoyer à vn discours plus ample qui s’en fait auec les autres, à vne inuisible Methode pour les Dames : donner en fin à vne piece imparfaicte, le tiltre de ce qu’il faut obseruer à la Danse pour en acquerir la perfection, sans les autres absurditez que pour n’estre ennuyeux ie laisse à remarquer à ceux qui en voudront prendre la peine, sont des apparences visibles que le Sieur Montagut a esté mal seruy pour son argent, lequel ne deuoit iamais pour son honneur auoir tant de creance à ce qui sortoit des mains de ce Copiste, que d’en mespriser la veuë, pour en effacer au moins ce qui pourroit asseurer le soubçon qu’il sçauoit bien deuoir naistre de ceste sienne charité enuers moy : Mais son genie luy en a joüé d’vne ce coup là, permettant à sa vanité de trahir son iugement.
Cependant elle veut orner ce funeste spectacle d’un don qui sera d’autant plus précieux à son amant qu’il est l’ouvrage de ses mains. […] Cependant elle ne peut se refuser au plaisir innocent d’orner de ses mains, celui dont la vie lui est si précieuse. […] Fulvie sensible à la gloire de son amant, le couronne de ses propres mains. […] Horace frémit lui-même, le fer lui tombe de la main ; une rumeur générale s’élève parmi les sénateurs. […] Fulvie a su corrompre la fidélité des gardes : on la voit tenant une lampe à la main, descendre en tremblant, les dégrès qui conduisent au souterrain.
Pour baisser le bras, on descend la main en dedans, et le bras descend continuellement à sa place. […] Quand ils sont à la hauteur de la poitrine, pour baisser les bras, les mains rentrent en dedans et les bras descendent à leur place. Ainsi, quand on donne la main, c’est du coude que s’opère le premier mouvement pour lever le bras, ensuite l’avant-bras et la main ; pour baisser le bras, c’est la main qui descend la première, et ensuite le bras continuellement jusqu’à sa place. […] Il faut se garder de prendre toutes les attitudes vicieuses plus indécentes les unes que les autres qui naissent des mauvais lieux ; il faut que le cavalier tienne sa dame de la main droite, au-dessus de la taille ou des deux mains si elle a des difficultés pour valser ; autrement il convient mieux que le cavalier de sa main gauche soutienne la main droite de sa dame. […] Pour remplir ce trait, deux cavaliers de vis-à-vis donneront la main gauche à leurs dames, (on passe en dessous la main droite en main droite si l’on veut), levant les bras et les tenant arrondis, selon qu’il est indiqué pour leur tenue ; et exécutant les trois chassés, jetés et assemblés, comme pour traverser, les cavaliers feront passer leurs dames devant eux, en partant à leur droite pour descendre à la place de vis-à-vis opposée à la leur, où arrivant, ils se quitteront les mains et reprendront le sens de la danse.
Je crois voir un homme qui ayant dans sa main la clef du Temple des Muses, consume ses jours et toute son adresse à la tourner et à la retourner sans cesse dans la serrure, sans oser jamais toucher au ressort.
Chacun de ces arts s’empressa à l’envi à lui donner de la célébrité par les chefs-d’oeuvre immortels qu’il enfanta ; ces monumens de leur triomphe firent la gloire de l’heureuse contrée, qu’ils embellissoient ; ils servirent de modèles à toutes les nations ; et nous cherchons encore aujourd’hui dans ces chefs-d’oeuvre précieux, échappés à la main destructive des tems, et de la barbarie de l’ignorance, les sources rares et pures du vrai beau en tout genre. […] Socrate enfin que l’oracle avoit déclaré le plus sage de la Grèce, Socrate, le maître de Platon, de Xènophon, de Calisthène, de Dion, de Libanius, devenu bien plus célèbre par ses vertus que beaucoup de princes, qui, les armes à la main avoient boulversé le monde, fut condamné à mort par un décret de l’Aréopage ; il but tranquillement la cigüe préparée par les mains de la jalousie, de l’envie et du fanatisme.
Il ne lui manquait absolument qu’une seule phalange du petit doigt de la main gauche, que la mère chercha avec beaucoup de soin. […] On admira sa politesse et sa bonne grâce ; mais lorsque les convives se levèrent de table et dansèrent, la première villageoise à laquelle il tendit la main pour la mener à la danse reconnut avec terreur que cette main était toute moite, et froide comme la glace. […] Le paysan accepta ; l’Ondin se mit à marcher devant lui, une petite baguette de coudrier à la main, frappant par intervalle le flot qui s’ouvrait et se creusait à leur approche. […] Giannina veut le savoir ; à elle il appartient de sonder d’une main caressante les plaies de ce cœur aimé ; c’est à elle de consoler le fiancé qu’elle a choisi. […] La vieille mère, attentive, prête l’oreille à ce frôlement léger, et ne peut rien apercevoir : la vision n’est perceptible que pour l’œil jaloux et clairvoyant de Giannina, qui laisse échapper l’écheveau de ses mains brûlantes.
C’est aussi dans ce sens-là que Charles-Quint faisoit gloire, non seulement de s’être rendu des Provinces tributaires, mais d’avoir obtenu trois fois l’immortalité par les mains du Titien. […] Mais lorsque le Roi eut appris son innocence, il fut touché d’un tel repentir de ce qu’il lui avoit fait souffrir, qu’il lui donna cent talens, & lui mit entre les mains son accusateur, pour en faire ce qu’il lui plairoit. […] Une seule statue de la main d’Aristide, fut vendue 375 talens ; une autre de Policlete, 120000 sesterces : & le Roi de Nicomédie voulant affranchir la ville de Guide de plusieurs tributs, pourvû qu’elle lui donnât cette Vénus de la main de Praxitelle, qui y attiroit toutes les années un concours infini de gens ; les Guidiens aimerent mieux demeurer toujours tributaires, que de lui donner une statue qui faisoit le plus grand ornement de leur Ville. […] Quel plaisir n’aurions-nous pas à lire l’Histoire de Pausanias, lequel nous décrit toute la Grece, & nous y conduit comme par la main, si son discours étoit accompagné de figures démonstratives ? […] A l’égard de ce que dit Aristote, que les Arts qui se servent du secours de la main sont les moins nobles, & de ce que l’on a ajoûté que la Poésie est toute spirituelle, au lieu que la Peinture est en partie spirituelle & en partie matérielle ; on répond que la main n’est à la Peinture que ce que la parole est à la Poésie ; elles sont les ministres de l’esprit, & le canal par où les pensées se communiquent.
Ces ombres dont l’éloquence ne résidoit que dans les gestes, et dans le jeu varié de la main et des doigts, me répondirent dans leur langage ; je ne compris rien aux mouvemens de leurs bras, et de leurs mains ; je m’apperçus de la trivialité, et de l’insignifiance de leurs gestes. […] J’eûs beaucoup de peine à retrouver l’éscalier de ces catacombes ; je me heurtois fortement la tête et les jambes ; mais je parvins enfin à sortir de ce lieu triste et ténébreux ; je traversai péniblement l’ancienne Rome ; j’étois entouré de décombres ; mais au milieu d’eux, je voyois encore de magnifiques colonnes, de superbes portiques, et de belles statues échappés à la main destructive des barbares, et. que le tems avoit respectés. […] Je compare les gestes des mimes, ou plutôt les mouvemens accélérés de leurs mains, et de leurs bras à ceux que l’ingénieux Abbé de l’Epée a imaginés en faveur des sourds muets.
— Don Gil approuve fort l’ordonnance, qu’il se flatte de voir tourner à son profit, car il aspire depuis longtemps à la main de Dorotea. […] La voilà qui s’élance, les castagnettes font entendre leur babil sonore ; elle semble secouer de ses mains des grappes de rythmes. […] Ne diriez-vous pas qu’avec cette main qui rase l’éblouissant cordon de la rampe, elle ramasse tous les désirs et l’enthousiasme de la salle ? […] Cependant, au moment d’entrer chez la veuve, Cléofas sent une main se poser sur son bras, et entend une voix qui lui crie dans la langue du ballet : « Halte-là, beau cavalier ! […] Florinde, elle, ne s’est pas enfuie, et glisse sa bourse pleine d’or dans la main de Paquita, car, touchée de l’amour pur et naïf de la petite manola, elle renonce au caprice qu’elle avait pour le seigneur Cléofas.
Ils sortaient à peine des mains du Créateur la voûte azurée des Cieux, la lumière, l’éclat, la chaleur du Soleil, les Astres de la nuit, l’immense variété des productions de la terre, tous les Êtres vivants et inanimés, étaient pour les yeux des premiers humains, des signes éclatants de la toute puissance de l’Être Suprême, et des motifs touchants de reconnaissance pour leurs cœurs.
Une partie des habitans est rangée autour de ce même autel, tenant dans leurs mains des massues avec les quelles ils s’exercent, tandis que les autres insulaires célèbrent par une danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau prosélite. […] On apperçoit dans cette chaloupe une femme et un homme qui lèvent les mains vers le ciel, et qui demandent du secours. […] Enfin leurs massues leurs échappent, elles tombent de leurs mains. […] Il veut la frapper, mais le mouvement qu’elle fait pour voler au devant du bras qui la menace, arrête le transport du jaloux, et lui fait tomber le fer de la main. […] Inès, par un regard, assure le pardon de Fernand, qui lui baise la main avec transport ; et ils se retirent tous trois pénétrés de la joie la plus vive.
Une partie des Habitants est rangée autour de ce même Autel, tenant dans leurs mains des massues avec lesquelles ils s’exercent, tandis que les autres Insulaires célébrent par une Danse mystérieuse l’arrivée de ce nouveau Prosélyte. […] On apperçoit dans cette chaloupe une femme & un homme qui levent les mains vers le Ciel, & qui demandent du secours. […] S’ils ont la force de lever le bras pour porter un coup, ils n’ont pas le courage de le laisser tomber ; enfin leurs massues leur échappent, elles tombent de leurs mains. […] Il veut la frapper, mais le mouvement qu’elle fait pour voler au devant du bras qui la menace, arrête le transport du jaloux & lui fait tomber le fer de la main. […] Fernand exprime cependant par ses gestes & ses regards combien ce sacrifice lui déchire le cœur ; c’est par un effort violent qu’il se défait d’un portrait qui lui est si cher, il le laisse tomber, ou pour mieux dire, il le laisse échapper avec peine de ses mains.
Et pource que le visage d’vne Dame est le premier obiect qui attire les yeux des regardans pour iuger de sa grace, il faut en premier lieu s’estudier à luy bien placer la teste & regler sa veuë, qui doit tousiours estre esgalle de sa hauteur en dansant, puis luy faire mettre les pieds assez pres l’vn de l’autre, les pointes ouuertes, & ainsi la tenant par les deux mains, luy faire faire quelques demarches graues & en droicte ligne, pour luy aquerir l’air auec lequel elle doit aborder ou receuoir vne compagnie, cela gaigné qu’elle aprene à faire la reuerence en ceste sorte. […] Premierement apres qu’on aura fait vne reuerence de pied ferme auant qu’aborder vne compagnie, comme il a esté dict cy dessus, il faut selon que les personnes seront placees porter (chemin faisant) vn pas de costé en se tournant vis à vis de ceux qu’on saluë, que si la compagnie est à main droicte, que ce soit du pied gauche, & si à gauche, du droict, & en mesme temps glisser tout à loisir l’autre deuant, & sans s’arrester sur ceste action, apres auoir doucement & bien peu plié les deux genoüils, il faut faire releuer de mesme qu’on aura descendu, en glissant comme insensiblement le pied qui se trouuera derriere, duquel on fera le premier pas pour continuer son chemin ; On doit au surplus faire exercer souuent ceste mesme reuerence sur l’vn & sur l’autre pied, & faire cognoistre qu’il est tres à propos de la faire de ceste sorte en presence de ceux auec lesquels on s’entretient, à fin qu’aux occasions on ne soit pas surpris, & qu’auec vne grace asseuree on puisse s’en acquitter dignement. […] Ceste entree se doit finir les pieds esloignez d’enuiron demy pied, & lors portant la main droicte au costé sur la ceinture, il faut poursuiure face à face de tous ceux du bransle sur les pas qui suiuent. […] Et lors qu’on sera paruenu à celuy qui occupe la derniere place du bransle, faut tourner sur la main gauche, & reprendre à peu pres le chemin qu’on aura faict en relaschant la main du costé, & ouurir les bras, pour mener auec plus de liberté, & ainsi on pourra finir par vne reuerence, & laisser la compagnie en bel ordre, ce qui se doit faire en cadance, mais auparauant la reuerence, on peut finir en ceste sorte. Apres auoir assemble le premier pas du pied droict en glissant, & escarter vn peu le gauche à costé tournant deuant celuy qu’on meine, faire deux pas lentement en arriere, s’esleuant sur le mouuement du pied qui sera à terre, puis en pliant vn peu les genoüils, releuer le pied droict qui se trouue deuant, & couler cinq menus pas en reculant sur la pointe des pieds, apres lesquels ayant quitté la main de celuy qu’on meine, faire vne reuerence en se tournant deuant la compagnie, & vne autre deuant celuy qu’on aura mené.
Et l’on ne voit pas souvent une danseuse agenouillée se relever sur la pointe, la main dans la main du danseur.
Outre leurs beautés et leur Danse, Leurs qualités et leur naissance Inspirent, au premier aspect, Moitié flamme, et moitié respect : On voit entre elles des Comtesses, Des Marquises et des Duchesses, Et des Princesses, mêmement, Qui sont un rare assortiment Au susdit Ballet ; Et pour celles Qui ne sont encor que Pucelles, Ces Objets mignons et brillants, Divinités de cent Galants, Que par elles l’Amour régente Sont de belles Tables d’attente Pour augmenter le nombre, un jour, Des hautes Dames de la Cour : J’ai vu trente Ballets en France, Mais en ceux de plus d’importance, (Que je meure si je vous mens) Je n’ai point vu d’habillements Plus riches, superbes et lestes, Que leurs jupes, robes, ou vestes, Et leurs escarpins, mêmement, Où l’on voyait main ornement ; Tout éclatait de broderies, D’argent, d’or, et de pierreries, Qui revêtant de si beaux corps, Ajoutaient trésors sur trésors ; Et leurs fronts, plus que de coutumes, Ombragés de bouquets de plume, Mêlés d’infinis diamants, Paraissaient encor plus charmants. […] Un fort honnête et galant Homme Qu’il n’est pas besoin que je nomme, Homme, envers-moi, de coeur humain, Et mon ami, de longue main, (Que Dieu gard50. de toute infortune) M’y plaça sur une Tribune, Où je fus mille fois ravi Des belles choses que je vis.
Je ne parle point de cette partie du public, qui en est l’ame et le ressort, de ces hommes sensés qui, dégagés des prejugés de l’habitude, gémissent de la dépravation du goût, qui écoutent avec tranquillité, qui regardent avec attention, qui pèsent avant de juger, et qui n’applaudissent jamais que lorsque les objets les remuent, les affectent et les transportent : ces battemens de mains prodigués au hazard ou sans ménagement, perdent souvent les jeunes gens qui se livrent au théatre. […] Si de simples images m’entrainent à l’illusion ; si la magie de la peinture me transporte ; si je suis attendri à la vue d’un tableau ; si mon âme séduite est vivement affectée par ce prestige ; si les couleurs et le pinceau dans les mains du peintre habile, se jouent de mes sens au point de me montrer la nature, de la faire parler, de l’entendre et de lui repondre ; quelle sera ma sensibilité, que deviendrai-je, et quelle sensation n’éprouverai-je pas à la vue d’une représentation encore plus vraie, d’une action rendue par mes semblables ? […] Livrez vous à un métier, où les mouvemens de l’âme soient inutiles, où le génie n’a rien à faire, et ou il ne faut que des bras et des mains. » Ces avis donnés et suivis, Monsieur, délivreroient la scène d’une quantité innombrable de mauvais danseurs, de mauvais maîtres de ballets, et enrichiroient les forges et les boutiques des artisans d’un très grand nombre d’ouvriers plus utiles aux besoins de la société, qu’ils ne l’étoient à ses amusemens et à ses plaisirs.
Lorsque les Suisses furent sur le point de venir en France, pendant le règne de Henri IV pour renouveler leur Alliance, le Prévôt des Marchands et les Échevins, qui dans cette occasion sont dans l’usage de les recevoir à l’Hôtel de Ville et de les y régaler, trouvèrent sous leur main l’ancienne Rubrique, et en conséquence ils délibèrent un Festin, et un Bal. […] Tout prospère, tout s’embellit, tout devient admirable sous la main vivifiante d’un homme de génie.
Ainsi, après l’avoir saisie humblement par la main, après s’être suspendue à ses bras, la danse trahit la musique.
Je ne parle point de cette partie du Public qui en est l’ame & le ressort, de ces hommes sensés qui, dégagés des préjugés de l’habitude, gémissent de la dépravation du goût, qui écoutent avec tranquillité, qui regardent avec attention, qui pesent avant de juger, & qui n’applaudissent jamais que lorsque les choses les remuent, les affectent & les transportent ; ces battements de mains prodigués au hazard ou sans ménagement perdent souvent les jeunes gens qui se livrent au Théatre. […] Si de simples images m’entraînent à l’illusion ; si la magie de la Peinture me transporte ; si je suis attendri à la vue d’un Tableau ; si mon ame séduite, est vivement affectée par le prestige ; si les couleurs & les pinceaux dans les mains du Peintre habile, se jouent de mes sens au point de me montrer la nature, de la faire parler, de l’entendre & de lui répondre ; quelle sera ma sensibilité ! […] Livrez-vous à un métier où les mouvements de l’ame soient moins nécessaires que les mouvements des bras, & où le génie ait moins à opérer que les mains. » Ces avis donnés & suivis, Monsieur, délivreroient la Scene d’une quantité innombrable de mauvais Danseurs, de mauvais Maîtres de Ballets, & enrichiroient les forges & les boutiques des artisans d’un très-grand nombre d’ouvriers, plus utiles aux besoins de la Société, qu’ils ne l’étoient à ses amusements & à ses plaisirs.
L’homme, condamné dès sa naissance à la peine et au travail, eut besoin de délassement ; ce besoin devint actif ; il sentit que la joye, et le plaisir pouvoient seuls le consoler des fatigues de la journée ; pour éxprimer ses sentimens, il sauta, gambada, et trépigna, fit des bonds, frappa dans ses mains en signe d’allégresse ; ses bras s’associèrent aux mouvements de ses pas et de son corps ; les sons éclatants de sa voix se réunirent à son action ; les traits de sa physionomie s’animèrent ; ses yeux éxprirnèrent le sentiment de la joye ; et ses mouvemets toniques peignirent de concert le plaisir, et le bonheur. […] La sculpture dont le dessin est encore la baze, parut probablement après la peinture ; et l’argile soumise à une main industrieuse prit les formes, que l’idée, et la volonté de l’homme voulurent lui imprimer. […] Nous ne sommes plus dans le tems ou un tableau d’Appelle étoit payé trois cens mille francs ; où un grand Monarque écrivoit de sa main au cavalier Bernin, pour le prier de venir en france, et lui offroit trois mille louis par an, s’il vouloit y rester. […] La poësie ne faisoit que balbutier ; la musique au berceau n’articuloit que les sons de l’enfance ; la danse se trainoit à peine ; la peinture sans dessin, privée de la variété des couleurs et en ignorant l’heureux mélange, n’offroit que de foibles ébauches ; la sculpture pétrissoit l’argile, et il ne sortoit de ses mains que d’insipides caricatures.
Lorsque vous entrez dans un appartement, il faut ôter le chapeau de la main droite, de même que je l’ai dit dans le Chapitre X.