Les Symphonies sur lesquelles cette Entrée était dansée exprimaient des sentiments de tendresse et de pitié, que les attitudes, les pas, les figures rendaient avec onction. […] Des Bouffons qui surviennent, rendent hommage à la Vérité, la choisissent pour leur Souveraine et terminent ce spectacle par une Entrée générale qui exprime la joie la plus folle.
Paillasse exprime sa misère, Le Mendiant lui propose de se défaire de son échasse. […] Paillasse exprime sa frayeur par des Lazzis plaisans. […] Le Peuple vient exprimer au Sultan sa joie & sa reconnaissance. […] Le Peuple se livre aux douces impressions qu’il éprouve ; & tout le monde se retire au bruit d’une musique vive, qui exprime tour-à-tour les horreurs de la guerre, & les charmes de la paix.
Je trouvai dans l’immense bibliolhèque de Garrick tous les ouvrages anciens qui traitent de cet art ; j’appris à la danse muette ; à articuler ; à exprimer les passions et les affections de l’âme ; mes soins et mes succès la placèrent au rang des arts imitateurs ; mais après cinquante années d’études, de recherches, et de travaux ; je me suis apperçu que je n’avois fait que quelques pas dans la carrière, et que je m’étois arrêté là, où les obstacles me parurent insurmontables. […] Mais lorsque l’action pantomime se réunit à tous ces mouvemens machinaux, la danse acquiert un caractère de vie, qui la rend intéressante ; elle parle, elle exprime, elle peint les passions et mérite alors d’étre rangée dans la classe des arts imitateurs. […] La pantomime ne peut exprimer que l’instant présent ; le passé, et le futur ne peuvent se peindre par des gestes. […] Les ombres levèrent les épaules, et se mirent toutes à rire ; je trouvai que les morts étoient tout-aussi indécents que les vivants ; cette familiarité m’enhardit ; et je les priai de me dire quels étoient les moyens heureux, dont ils se servoient pour exprimer intélligiblement le passé et le futur.
Il est donc très vraisemblable que les hommes chantèrent d’abord les bienfaits de Dieu, et ils dansèrent, quoique sans doute assez mal, pour exprimer leur respect et leur gratitude.
Ils sorteut l’un et l’autre avec cette agitation qui exprime la fureur, le remords, et le désespoir. […] Les meurtriers se retirent, et, quoique s’applaudissant de leurs forfaits, ils expriment cependant dans leur action le trouble qui suit les grandes crimes. […] Electre et Iphise expriment la situation de leurs ames. […] Oreste et Electre au comble de leurs vœux, expriment le plaisir que donne l’espoir d’une vengeance légitime. […] En les ouvrant, on découvre un souterrain obscur, éclairé par une lampe sépulchrale ; au milieu s’élève une tombe entourée par un grouppe de figures de marbre qui expriment les regrets et la douleur.
Premiere attitude de la Reverence en avant veue de Face Je commencerai par celle en avant : le corps droit, glissez le pied devant vous, soit le droit ou le gauche, (mais je dis le pied droit pour m’assujettir à mes Figures démonstratives qui en parlent,) pour le passer à la proportion ordinaire qui est la quatriéme Position, telle qu’elle est representée par ces deux Figures qui expriment dans leurs attitudes la droiture du corps, desquelles le pied est passé devant, afin de vous faire remarquer que le corps ne se doit incliner ou plier qu’après que vous aurez commencé de passer le pied, parce que le corps suit la jambe, & qu’elle se doit faire de suite, ce qui se voit par les deux autres Figures qui sont pliées. […] Effacer signifie que vous vous tournez à demi du côté qu’elles sont, mais en glissant devant soi le pied qui se trouve de leur côté, soit à droit, soit à gauche : en se pliant de la ceinture & s’inclinant la tête du même tems, ainsi que j’ai tâché de l’exprimer dans cette Figure.
La musique, quoiqu’encore au berceau commençoit à s’exprimer avec noblesse ; cependant la danse étoit sans vie, sans caractère et sans action. […] Le ballet est, suivant Plutarque, une conversation muette, une peinture parlante et animée, qui exprime par les mouvemens, les figures et les gestes. Ses figures sont sans nombre, dit cet auteur, parce qu’il y a une infinité de choses que le ballet peut exprimer. […] Les connoisseurs la regardent avec les mêmes yeux que Pigmalion, lorsqu’il contemploit son ouvrage ; ils font les mêmes vœux que lui, et ils désirent ardemment que le sentiment l’anime, que le génie l’éclaire, et que l’esprit lui enseigne à s’exprimer.
Ce vieux Berger et cette vieille Bergère, assis près d’une table sur la quelle est servi un repas champêtre et frugal, attendent le retour de leurs filles ; ils expriment leur crainte et leur tendre inquiétude ; ils ne savent à quoi attribuer une aussi longue absence, et déjà ils se livrent au sentiment accablant de l’incertitude, lorsqu’enfin ils les voyent paroître. […] Tant de prodiges excitent la curiosité des Bergers et des Bergères ; ils accourrent en foule, et frappés d’étonnement à l’aspect de toutes ces merveilles, ils expriment leur admiration, leur ravissement et leur respect. […] Un peu plus bas elle voit un Berger qui brise son chalumeau, et qui exprime ce que la douleur et la langueur ont de plus touchant. […] On se livre de nouveau à des danses qui expriment tout à la fois la joye, le plaisir et l’enjouement. […] Les Bergers enchantés de ce nouveau prodige expriment leur joie et leur félicité.
Ce sont là (si j’ose m’exprimer ainsi) les premiers jets qu’a produits cet Art ; mais semblable à ces sources fécondes, qui, presqu’en sortant du rocher, à travers lequel elles se sont frayé un passage, s’étendent, grossissent et forment de grandes rivières, on le vit, dès son origine, se répandre chez toutes les Nations de la terre.
Or le geste peut peindre avec grâce tout ce que la voix peut exprimer.
Camille peint dans cette scène tout ce que l’amour, en opposition avec le devoir, peut exprimer ; son cœur combattu par la tendresse qu’elle doit à ses frères, par l’amour qu’elle doit à son père et à sa patrie, par l’honneur de sa famille, et par un sentiment encore plus cher, se livre tour-à-tour impressions diverses qui affectent son âme. […] Les Albains quittent leur camp, enlèvent leurs morts, et expriment leur désespoir. […] Cette fière Romaine, désespérée d’un triomphe qui lui enlève son amant, se livre sans ménagement à ce que l’amour au désespoir peut inspirer de barbare ; elle insulte son père qui fait de vains efforts pour la calmer ; elle maudit Rome et les Romains : puis s’élançant sur son frère, avec la fureur d’une lionne, elle lui arrache l’écharpe qu’elle avoit donnée à Curiace ; elle la passe dans ses bras ; elle accable Horace de reproches ; elle abhorre ses exploits ; elle méprise sa valeur ; elle déteste son courage, et s’abandonnant aux mouvemens impétueux de son âme, elle profère les imprécations les plus horribles contre la patrie ; elle exprime avec le langage énergique des yeux, de la physionomie, des gestes et des mouvemens du corps, l’imprécation fameuse que Corneille lui fait prononcer dans sa tragédie. […] Horace s’élance de son char, pour se précipiter aux pieds de Tullus, il le relève et l’embrasse ; Procule, Fulvie, les dames et les chevaliers entourent Tullus ; et cette réunion forme un grouppe d’autant plus général, que les troupes les dames et le peuple, par un mouvement spontané, expriment par des gestes et des postures variées, les sentimens de l’admiration et de l’allégresse. […] Le vieil Horace et Procule font éclater leur reconnoissance ; les chevaliers et les dames Romaines expriment leur admiration et par un sentiment unanime, le peuple applaudit à la justice de Tullus, et au bonheur des deux époux ; de toutes parts on jette des couronnes ; des officiers charges d’étendards et de trophées les élevent en signe d’allégresse, et enrichissent ce vaste tableau.
Cette dénomination impropre a été trouvée de sang-froid, pour exprimer une cause dont les effets (quand on est dans cet état paisible) ne sauraient manquer de paraître fort extraordinaires. […] Le style figuré chez des peuples instruits, tels que le nôtre, devient insensiblement le style ordinaire ; et c’est par cette raison que le mot génie, qui ne désigne que l’instrument indispensable pour produire, a été successivement employé pour exprimer la cause qui produit. […] Or il est dans la nature que l’âme n’éprouve point de sentiment, sans former le désir prompt et vif de l’exprimer ; tous ses mouvements ne sont qu’une succession continue de sentiments et d’expressions ; elle est comme le cœur, dont le jeu machinal est de s’ouvrir sans cesse pour recevoir et pour rendre : il faut donc qu’à l’aspect subit de ce tableau frappant qui occupe l’âme, elle cherche à répandre au-dehors l’impression vive qu’il fait sur elle. […] Les mots d’imagination, de génie, d’esprit, de talent, ne sont que des termes trouvés pour exprimer les différentes opérations de la raison : il en est d’eux à-peu-près comme des divinités inférieures du paganisme : elles n’étaient aux yeux des sages, que des noms commodes pour exprimer les divers attributs d’un Dieu unique ; l’ignorance seule de la multitude leur fit partager les honneurs de la divinité. […] La raison d’un homme de génie décompose les différentes idées qu’elle a reçues, se les rend propres, et en forme un tout, qui, s’il est permis de s’exprimer ainsi, prend toujours une physionomie qui lui est propre : plus il acquiert de connaissances, plus il a rassemblé d’idées ; et plus ses moments d’enthousiasme sont fréquents, plus les tableaux que la raison présente à son âme sont hardis, nobles, extraordinaires, etc.
Homme et Femme faisant la Reverence pour Dancer Ces deux Figures icy sont pour exprimer la forme de cette reverence ; l’homme ayant porté son pied à la deuxiéme position, il pose le corps dessus, & se plie du même tems pour faire sa reverence, qui se fait comme les reverences en arriere, ainsi que je l’ai dit cy-devant ; mais en faisant cette reverence on ne quitte point la main de la Demoiselle, & pour en faire sentir tous les tems, je vais vous les détailler. Le corps étant entierement posé sur le droit, 10. le gauche prêt à partir, 11. mais en commençant de vous relever de votre inclination le gauche dont le talon est levé, se glisse dans le même tems derriere le droit, un peu plus que la troisiéme position, de même qu’il est exprimé par ces points 12.
Ces deux amans expriment que rien n’egale leur bonheur. […] Les deux guerriers vont poursuivre leur entreprise, lorsqu’une Nymphe sons la forme et la figure de Lucinde, jeune Danoise, tendrement aimée du chevalier, l’aborde avec l’empressement du désir ; elle lui rappelle ses sermens, elle lui exprime sa tendresse. […] Renaud enchanté de sa félicité l’exprime par son action.
Il est une espèce de poésie muette qui parle, selon l’expression de Plutarque ; parce que sans rien dire, elle s’exprime par les gestes, les mouvements et les pas. […] On dansa dans les commencements pour exprimer la joie ; et ces mouvements réglés du corps, firent imaginer bientôt après un divertissement plus compliqué. […] Les chœurs qui servaient d’intermèdes, dansaient d’abord on rond de droite à gauche, et exprimaient ainsi les mouvements du ciel qui se font du levant au couchant. […] Les sensations ont été d’abord exprimées par les différents mouvements du corps et du visage. […] Les hommes chantèrent donc d’abord les louanges et les bienfaits de Dieu, et ils dansèrent en les chantant, pour exprimer leur respect et leur gratitude.
De plus, elle dispose, pour s’exprimer, d’un instrument aux qualités les plus nobles : ce corps qui est une chose d’art.
Mais comme le mouvement du poignet se prend de deux manieres ; Sçavoir, de haut en bas & de bas en haut, ainsi lorsque vous le voulez prendre de haut en bas, il faut laisser plier le poignet en dedans faisant un rond de la main, qui de ce même mouvement se remet dans la premiere situation qu’elle étoit, comme il est démontré 3. par ces mots rond du poignet, qui en expriment la forme ; ce qui est conforme à la premiere representation des bras, 1. mais il faut prendre garde de ne point trop plier le poignet, car il paroîtroit cassé.
La seule action du bras droit que l’on porte en avant pour décrire un quart de cercle, pendant que le bras gauche qui étoit dans cette position rétrograde par la même route pour s’étendre de nouveau, et former l’opposition avec la jambe, n’est pas suffisante pour exprimer des passions : tant qu’on ne variera pas davantage les mouvemens des bras, ils n’auront jamais la force d’emouvoir ni d’affecter. […] Le port de bras devant être aussi varié que les différents sentimens que la danse peut exprimer ; les règles reçues deviennent presqu’inutiles ; il faudroit les enfreindre et s’en écarter à chaque instant, ou s’opposer, en les suivant exactement, aux mouvemens de l’âme, qui ne peuvent se limiter par un nombre déterminé de gestes. […] Tel est le danseur dont la figure ne dit rien, tandis que ses gestes ou ses pas expriment le sentiment vif dont il est agité. […] Ce mélange innombrable de pas enchainés plus où moins mal, cette exécution difficile, ces mouvemens compliqués, ôtent, pour ainsi dire, la parole à la danse, plus de simplicité, de douceur et de moëlleux dans les mouvemens procureroient au danseur la facilité de peindre et d’exprimer, il pourroit se partager entre le mécanisme des pas et les mouvemens qui sont propres à rendre les passions ; la danse alors délivrée des petites choses, pourroit se livrer aux plus grandes. […] Cette vérité, cet enthousiasme qui caractérise le grand acteur, et qui est l’âme des beaux arts, est si j’ose m’exprimer ainsi, l’image du coup électrique ; c’est un feu qui se communique avec rapidité, qui embrâse en un instant l’imagination des spectateurs, qui ébranle leur ame et qui ouvre leur cœur à la sensibilité.
Elle voit d’abord une Tragédie complète : toutes les passions peintes avec les coups de pinceau les plus vigoureux, l’exposition, le nœud, la catastrophe exprimés de la manière la moins embrouillée et la plus forte, tout cela sans autre secours que celui de la Danse, exécutée sur des symphonies expressives, et fort supérieures à celles qu’on avait entendues jusqu’alors. […] Un Danseur nommé Memphis, qui était Philosophe pythagoricien, exprimait par sa danse, au rapport d’Athénée60, toute l’excellence de la Philosophie de Pythagore, avec plus d’élégance, de force, et d’énergie, que n’aurait pu le faire le Professeur de Philosophie le plus éloquent.
De son coté, le maître de ballets s’élançant au de là des bornes du matériel de son art, cherche dans ces mêmes passions, les mouvemens et les gestes qui les caractérisent, et liant de la même chaîne les pas, les gestes et l’expression de la figure aux sentimens qu’il veut exprimer, il trouve dans la réunion de tous ces moyens, celui d’opérer les effets les plus étonnans. […] Un pas, un geste, un mouvement et une attitude disent ce que rien ne peut exprimer : plus les sentimens que l’on a à peindre sont violens, moins il se trouve de mots pour les rendre. […] Au lieu d’écrire des pas sur des airs notés, comme on fait des couplets sur des airs connus, je composois, si je puis m’exprimer ainsi, le dialogue de mon ballet, et je faisois faire la musique pour chaque phrase et chaque idée.
Je ne crois pas qu’un Poëte puisse mieux exprimer un pareil sujet. […] Enfin le Dessein renferme encore la connoissance de la phisionomie & l’expression des passions de l’ame, partie si nécessaire & si estimable dans la Peinture ; tel que M. le Brun l’a fait voir dans les vingt-quatre portraits qu’il nous a donnez, où toutes les passions humaines sont admirablement exprimées. […] Je n’aurois jamais fini, si je voulois parcourir tous les moyens qu’a la Peinture d’exprimer tout ce qu’elle médite : l’on voit assez par tout ce que je viens de dire, qu’elle ne manque pas de ressorts non plus que la Poésie, pour plaire aux hommes, pour leur imposer, & pour ébranler leurs esprits. […] Mais le Peintre ne doit pas seulement entrer dans son sujet quand il l’exécute ; il faut encore qu’il ait, comme nous l’avons déja dit, une grande connoissance du Dessein & du coloris, & qu’il exprime finement les différentes phisionomies & les différens mouvemens des passions, Un Poëte peut-il mieux exprimer par un Poëme épique ou dramatique en cinq actes, les Conquêtes d’Aléxandre sur Darius, que l’a fait M. le Brun par la représentation des cinq tableaux qu’il nous a donnez, où l’on voit d’un coup d’œil toute l’étendue de l’action exprimée par la force de l’imagination de cet excellent Peintre. […] Mais, me dira-t-on, quelque esprit que l’on puisse donner à la Peinture, elle n’exprimera jamais aussi nettement ni aussi fortement que la parole.
Demonstration de l’ouverture de jambe Ainsi, si vous devez faire l’ouverture de jambe du pied gauche, il faut avoir le corps posé sur le droit à la quatriéme position, pour que la jambe qui est derriere se leve de sa position, & marche lentement en passant près de la droite, & se croisant devant en forme de demi cercle qui se finit à côté ; & cette jambe reste en l’air pour faire tel pas que votre danse le demande ; mais afin de vous en donner la démonstration dans toutes ses circonstances, je dis que lorsque la jambe gauche vient pour se croiser devant qu’elle s’étende en s’aprochant, & lorsqu’elle se croise, son genou se plie, & qu’il s’étend en terminant le demi cercle : ainsi qu’il est exprimé par cette Figure où sont écrits ces mots, demi cercle que la jambe fait.
[2] Le sublime de l’ancienne Danse était la Pantomime, et celle-ci était l’art d’imiter les mœurs, les passions, les actions des Dieux, des Héros, des hommes, par des mouvements et des attitudes du corps, par des gestes et des signes faits en cadence et propres à exprimer ce qu’on avait dessein de représenter. Cesmouvements, ces gestes devaient former, pour ainsi dire, un discours suivi : c’était une espèce de Déclamation, faite pour les yeux, dont on rendait l’intelligence plus aisée aux Spectateurs par le moyen de la Musique qui variait ses sons, suivant que l’Acteur Pantomime avait dessein d’exprimer l’amour ou la haine, la fureur ou le désespoir.
L’alexandrin ternaire de Victor Hugo exprime sans doute la mentalité romantique : c’est entendu, il n’en reste pas moins une variante de la prosodie. […] Quoi qu’elle puisse exprimer, imiter, suggérer, la danse, comme le vers, comme l’architecture, comme la musique, est toujours un langage de formes.
Les Pirates se livrent sans ménagement aux excès du vin, et ils peignent leur joye par des danses caractéristiques ; pendant cette scène, les Athéniennes expriment la plus vive douleur, et les Corsaires yvres et fatigués s’endorment. […] On les suit en foule ; et le peuple, frappé de ce nouveau prodige, exprime tout à la fois son respect et son admiration.
Outre les éléments de son Art, il faut au Danseur, comme à l’Écrivain, un style dont ils sont la matière première ; et ce style est plus ou moins estimable, selon qu’il rend, qu’il exprime, qu’il peint avec élégance, une plus grande quantité de choses estimables, agréables, utiles.
Il faut plusieurs mots, pour exprimer une pensée : un seul mouvement peut peindre plusieurs pensées, et quelquefois la plus sorte situation.
Les captifs, tant Européens qu’Asiatiques et Africains, déposent aux pieds de Déjanire les différents tributs de leurs climats ; ils l’implorent pour leur liberté ; et l’ayant obtenue, ils se livrent à des danses qui expriment leur reconnoissance autant que leur joye, et dans les quelles le costume de chaque nation se fait distinctement remarquer. […] Hercule honteux de sa foiblesse et sensible en même temps à l’état de son epouse, exprime toute l’agitation de son ame ; il s’appuie contre une colonne, pénétré tout à la fois de jalousie, de remords et d’amour. […] Cette Princesse, troublée par les idées les plus funestes, exprime par des gestes, les tourmens qu’elle endure ; elle voit Hercule infidèle, elle le surprend dans les bras d’Jolé elle apperçoit cette Princesse sensible à ses feux ; un instant après tenant un poignard, elle semble s’élancer sur elle pour lui percer le sein.
Alexandre par des peintures vivantes, veut augmenter l’enthousiasme de l’Artiste, il ordonne à Campaspe de marcher et de déployer ses Graces, elle se pose dans les attitudes les plus variées et les plus pittoresques : chaque mouvement exprime un sentiment ; elle réunit les graces à la volupté ; les traits de sa figure et le feu de ses regards prêtent l’ame et la vie aux positions de son corps, toutes ces peintures délicieuses enchantent Apelles, et portent à son cœur le trouble et l’émotion. […] Roxane qui a des droits sur le cœur d’Alexandre, paroît avec l’empressement que lui donnent les soupçons dont son âme est agitée, prête à oublier ce qu’elle doit à son maître, elle cherche d’un œil inquiet et curieux, la rivale qu’elle redoute ; elle l’apperçoit et lance sur elle des regards qui expriment tous les sentimens que lui inspire sa jalousie. […] Pendant cette scène, Campaspe participe à l’action ; elle exprime sa tendre inquiétude et voyant Apelles appuyé sur un bout de colonne, dans l’attitude d’un homme accablé sous le poids du desespoir, elle vole vers lui dans le dessein de suspendre ses maux.
Les Divinités de la terre, des eaux et de l’air se réunissent aux Jeux, aux Ris et aux Plaisirs ; l’Amour, Vénus et les Graces embellissent cette fête ; Thétis et Pélée y expriment leur félicité ; l’Olympe applaudit à ces jeux et cette première partie de ce ballet, variée de pas d’expression et de caractère, se termine par un grouppe général qui témoigne aux Divinités célestes leur respect et leur reconnoissance. […] Les Bergers et les Bergères s’empressent à féliciter Paris sur son retour au mont Ida ; ils l’accueillent, ils lui offrent des fleurs et des fruits ; ces hommages plaisent à son cœur ; il leur exprime sa reconnoissance et se mêle à leurs jeux(1). […] Pendant cette scène, Junon et Pallas expriment leurs craintes et leurs inquiétudes ; l’indécision de Paris les offense et les met au désespoir.
D’autres qui se prennent de la premiere, & vous portés le pied à côté à la deuxiéme position, en vous élevant dessus, & du même tems poser le talon à terre pour plier, & le demi-jetté qui pour lors se croise à la cinquiéme position ; ce qui termine ce pas, on donne des exemples de ce pas dans l’Aimable Vainqueur ; qui est une fort belle danse de Ville, ils y sont placez de differentes manieres & si à propos, qu’il semble que la jambe exprime les notes ; ce qui prouve cet accord ou plutôt cette imitation de la Musique avec la danse, puisque l’on doit imiter la douceur de ses sons par des pas doux & gracieux.
Et comme c’est une mesure à trois tems lent, ce pas doit estre fait de cette maniere ; parce qu’il remplit mieux la mesure ; & exprime mieux la cadence.