« Le second remède à employer, est de conserver une flexion continuelle dans l’articulation des genoux, et de paraître extrêmement tendu sans l’être en effet ; c’est là l’ouvrage du temps et de l’habitude ; lorsqu’elle est fortement contractée, il est comme impossible de reprendre sa position naturelle et vicieuse, sans des efforts qui causent dans ces parties un engourdissement et une douleur insupportables.
À la place des idées grandes et nobles qui étaient essentiellement du plan de Quinault, on a substitué une exécution maigre, de petites figures mal dessinées, un coloris misérable, et par malheur, cette exécution, malgré sa faiblesse, a paru suffisante dans les premiers temps à des Spectateurs que l’habitude n’avait pas encore instruits.
*** En mars 1848, le sang coulait dans la plupart des capitales qui avaient l’habitude d’applaudir Fanny, à Milan, à Vienne, à Berlin. […] Les comptes réglés, elle exécutait un des pas qui l’avaient rendue célèbre et d’habitude le spectacle se terminait par une valse d’un mouvement vertigineux. […] « Assis à califourchon sur une chaise comme sur un cheval de guerre, il saisissait le premier objet venu qui pût tenir lieu d’épée ou de lance ; il montrait avec la précision d’un maître d’escrime comment à San Vicente il avait, d’un seul coup, embroché et désarçonné deux partisans de Marie-Christine, et comment à Carvajales il se comporta dans son fameux duel avec le lieutenant-colonel ennemi ; il faisait avec une exactitude extrême la théorie de chacun de ses coups156. » D’autres importants personnages, princes, généraux, Excellences, prirent si bien l’habitude de se rendre aux jeudis de Fanny qu’ils y retournèrent machinalement jusqu’à leur dernier soupir. […] Cela n’était pas possible, prétendait cet homme sévère, en essuyant la bouche et le nez de Son Altesse, comme à un enfant au maillot ; il se disait responsable de la marche régulière de cette vieille horloge, dont il ne fallait pas déranger les habitudes. » Mais le salon de Fanny Elssler réunissait d’autres visiteurs que ces momies.
Dans la figure de l’été, lorsqu’après avoir été en avant deux, l’on va à droite et à gauche, le balancé à la fin n’existe plus ; seulement l’habitude y a introduit le balancé, mais qui n’existe que pour le cavalier et la dame de ceux qui ont figuré ; alors ils commencent le balancé en même tems que la dame de l’un et le cavalier de l’autre commencent le traversé pour revenir à leur place, finissent également en même tems et en quatre mesures, et font ensuite le tour de main.
J’ai donc déclaré la guerre aux habitudes, j’ai combattu longtems contre la phalange antique des préjugés, mais j’ai eû de la peine à vaincre ; et je suis parvenu à force de combats à obtenir une victoire complette.
Laporte, directeur du King’s Theatre, faisait faillite, selon l’habitude des directeurs des grandes scènes de Londres. […] Il est fort compréhensible que ces habitudes qui paraissaient « agaçantes » aux uns avec le sens élogieux qu’avait le mot en 1830, l’aient été pour d’autres avec la signification fâcheuse que nous lui donnons aujourd’hui. […] Marie Taglioni avait réagi contre les anciennes habitudes en substituant une manière romantique, vaporeuse et flottante, à la chorégraphie géométrique des maîtres de ballet.
L’habitude de couper un opéra par des danses avait été érigée en principe. […] Un jour Mme Duvernay dit majestueusement à Véron : « Le talent de ma fille n’a besoin de la protection de personne. » Le directeur fit un signe à son fidèle Auguste, qui comprit, comme d’habitude.
J’ai passé légèrement sur les parties de détail pour vous épargner l’ennui qu’elles auroient pû vous causer ; et je vais finir par quelques réflexions sur l’entêtement la négligence et la paresse des artistes, et sur la facilité du public à céder aux impressions de l’habitude. […] Je sais que la crainte frivole d’innover arrête toujours les artistes pusillanimes ; je n’ignore point encore que l’habitude attache fortement les talens médiocres aux vieilles rubriques de leur profession ; je conçois que l’imitation en tous genres a des charmes qui séduisent tous ceux qui sont sans goût et sans génie ; La raison en est simple, c’est qu’il est moins difficile de copier que de créer.
J’ai passé légérement sur les parties de détail pour vous épargner l’ennui qu’elles auroient pu vous causer, & je vais finir par quelques réflexions sur l’entêtement, la négligence & la paresse des Artistes, & sur la facilité du Public à céder aux impressions de l’habitude. […] Je sais que la crainte frivole d’innover arrête toujours les Artistes Pusillanimes ; je n’ignore point encore que l’habitude attache fortement les talents médiocres aux vieilles rubriques de leur profession ; je conçois que l’imitation en tout genre a des charmes qui séduisent tous ceux qui sont sans goût & sans génie ; la raison en est simple, c’est qu’il est moins difficile de copier que de créer.
Nous tenons par l’habitude et par l’amour-propre à tout ce qui nous a plu ; quoique l’expérience nous démontre qu’il nous faut des charmes nouveaux pour nous plaire.
La cause en est sans doute dans l’habitude qu’ont les Acteurs des deux Opéras, de ne point assez ouvrir la bouche, peut-être dans la crainte de faire la grimace ; ou bien les accompagnemens trop forts étouffent tout-à-fait leur voix.
Comme elle était fort ponctuelle, d’habitude, je lui adressai quelques reproches, ce que je n’aurais point fait si elle avait été généralement inexacte !
On sait que la Lorette a pour habitude de se faire un nom de fantaisie. […] L’Arthur libre est l’être qui définit la vie : « un deshabillé qui ne doit être gêné par aucun cordon social. » L’Arthur libre est l’homme primitif qui a accepté quelques modifications dans ses habitudes : il a subi le joug du pantalon, mais sans l’amendement des bretelles et du gilet ; le chapeau neuf et la botte sans cicatrices lui sont toujours restés inconnus. […] L’Opéra tombe tous les ans ; j’y viens par habitude, mais, ma foi, je n’y viendrai plus… il y a mieux que ça. […] La vieille Lorette est très-recherchée des hypocondriaques comme dame de compagnie, son habitude des vicissitudes de la vie lui a donné une égalité d’humeur que rien ne détruit.
Toute sa vie Fanny resta fidèle aux habitudes du foyer paternel. […] Les Elssler conciliaient, comme la plupart de leurs contemporains, les habitudes pieuses et les divertissements profanes.
Et cette fortune extraordinaire, elle l’obtint, non pas en flattant les habitudes du public, mais au contraire en les heurtant de front, en rompant avec les traditions quasi-séculaires de la chorégraphie officielle. […] « Ainsi, s’exclame le biographe, contre l’habitude, voilà une danseuse qui ne met pas tout son esprit dans ses jambes et en réserve une partie pour sa tête et son cœur.
Le Shah décore toujours toute personne qui a attiré son attention : c’est une habitude.
Il ne voulut rien entendre et hurla, les yeux plus ressortis encore que d’habitude, — car il a les yeux très à fleur de tête : — Non, non !
I’ay balancé long-temps si ie lairrois eschapper de mes mains ce traicté, pour l’incertitude de la reüssie de ma peine, attendu la qualité du sujet dont ie parle, & la diuersité de tant d’esprits qui choquent ordinairement ce qui n’est pas de leur humeur, dont les vns croyront (peut estre) que ie veux authoriser vn Paradoxe, les autres que i’entreprends d’adiouster des appas & des attraicts au vice, parmy des ames qui y ont desia assez d’inclination naturelle, qu’vne longue habitude leur a fortifiée, & que les occasions ordinaires & les mauuais exemples resueilleroient si elle estoit endormie.
Ie suiurois certes en cela leur opinion pour le soulagement de celles qu’vne mauuaise habitude contraint à les porter en dedans, si l’experience ne me donnoit loy de soustenir le contraire.
Cette allure, ce maintien, cette façon de se mouvoir toujours analogue à leur métier, et toujours comique, doivent être saisis par le compositeur ; elle est d’autant plus facile à imiter, qu’elle est inéffaçable chez les gens de métier, eûssent-ils même fait fortune, et abandonné leurs professions ; effets ordinaires de l’habitude lorsqu’elle est contractée par le temps, et fortifiée par les peines et les travaux.
Cette allure, ce maintien, cette façon de se mouvoir, toujours analogue à leur métier & toujours plaisante, doit être saisie par le Compositeur ; elle est d’autant plus facile à imiter qu’elle est ineffaçable chez les gens de métier, eussent-ils même fait fortune & abandonné leurs professions ; effets ordinaires de l’habitude, lorsqu’elle est contractée par le temps, & fortifiée par les peines & les travaux.
Mademoiselle Clairon, actrice inimitable, faite pour secouer les usages adoptés par l’habitude, supprima les paniers, et les supprima sans préparation, et sans ménagement. […] Il est certain qu’il n’appartient qu’au mérite supérieur d’innover, et de changer en un instant la forme des choses aux quelles l’habitude, bien moins que le gout et la réflexion nous avoient attachés.
Clairon, Actrice inimitable, faite pour secouer les usages adoptés par l’habitude, a supprimé les paniers, & les a supprimé sans préparation, sans ménagement. […] Il est certain qu’il n’appartient qu’au mérite supérieur d’innover & de changer dans un instant la forme des choses auxquelles l’habitude, bien moins que le goût & la réflexion nous avoient attachés.
Il est impossible de reproduire dans cette dimension (environ quinze pouces avec la base) une ressemblance à la fois plus gracieuse et plus frappante, tant de la figure que des habitudes du corps saisies dans leurs moindres détails. […] Elle adopta les habitudes des chats, en exagérant leurs défauts, afin de dégoûter d’eux celui qu’elle aimait. […] D’après les récits envoyés aux journaux français, le succès aurait été en rapport avec les largesses impériales et la principale interprète aurait été, selon son habitude, incomparable.
Le danseur et le mime doivent consulter leur physique et leurs habitudes corporelles pour se couvrir du costume des différents personnages qu’ils veulent représenter.
On a mis trop d’affectation à répudier quelque boursoufflure de cet enseignement méthodique ; le drame a pu se plaindre du rhythme d’une déclamation ampoulée ; le chant peut regretter quelques exagérations d’habitudes et de modèles, mais il faut bien reconnaître que de saines traditions que l’épithète dédaigneuse de classiques n’est pas encore parvenue à discréditer, ont contribué long-temps à contenir les déplorables écarts qui menacent aujourd’hui l’art dans toutes ses parties ; qu’elles ont doté le Théâtre Français d’artistes dont nous pouvons nous glorifier sous les yeux de toute l’Europe, et aux titres de cette école, il faut ajouter celui d’avoir formé des instrumentistes dont l’exécution est aujourd’hui sans rivale dans le monde musical. […] La Cour, avec ses habitudes exclusives et ses allures exceptionnelles, n’existait plus ; l’embarrassant patronage de la chambre du roi était tombé ; il fallait lancer, en quelque sorte, l’Opéra dans le domaine de tous ; il fallait y amener la foule ; non pas, comme au temps de la première révolution par des éclats politiques qui effraient le plaisir, mais en continuant le progrès musical commencé, en suivant les traditions de mise en scène et de décors que la Muette de Portici avait léguées, en encourageant le perfectionnement que Taglioni et Perrot avaient tout-à-coup révélé dans la danse, en jetant à pleines mains et partout le luxe et la vérité, en intéressant au succès de l’Opéra tout ce qui concourt au mouvement intellectuel de la société, en bannissant de la salle tout ce qui avait pu effaroucher les susceptibilités bourgeoises et industrielles, en appelant incessamment l’attention du public sur l’Opéra, en choisissant pour l’initier à cette splendeur, à cette pompe et à cette harmonie de tous les arts, les jours qui lui permettaient d’y accourir, en stimulant l’émulation des artistes ; en un mot, en faisant de l’Opéra, théâtre, salle et foyer, le centre de toutes les lumières. […] L’habitude et le diable ont triomphé de tous les obstacles.
Le dessein demande un exercice qui produise une si grande justesse de la vûe, pour connoître les differentes dimensions des objets visibles ; & une si grande habitude pour en former les contours, que le compas, comme disoit Michel Ange, doit être plutôt dans les yeux que dans les mains. […] Ce même Dessein oblige encore le Peintre à posséder parfaitement la Géométrie, pour pratiquer exactement la Perspective, dont il a un besoin indispensable dans toutes les opérations ; il éxige une habitude des racourcis & des contours, dont la variété est aussi grande que le nombre des attitudes est infini.
C’est un plus grand mot consacré au genre, que l’opinion, l’habitude et le préjugé paraissent avoir décidé le plus grand.
C’est une forme de mouvement inouïe, qui s’affranchit des lois de la gravitation, des habitudes mécaniques du mouvement vulgaire, des nécessités de l’aplomb.
Ne pourroit-on pas dire que les préjugés et la routine de l’habitude sont aussi difficiles à déraciner que ceux de l’enfance, et que les hommes ainsi que les enfans se plaisent constamment à en être le jouet.
Fanny bouleversa, pour un moment, toutes les habitudes. […] Elle prit l’habitude de jeter par-dessus la rampe des paroles françaises, allemandes, anglaises ou espagnoles, qui faisaient jaillir avec une force nouvelle, comme le bouquet final d’un feu d’artifice, les flammes suprêmes de l’enthousiasme.