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15. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Hyménée et Cryséïs. Ballet anacréontique. » pp. 149-155

Celui-ci, animé tout-à-coup par un nouveau sentiment, propose aux jeunes Athéniennes de briser leurs chaînes et d’immoler leurs ravisseurs. […] C’est encore l’Amour qui dirige les coups qu’il porte, et qui anime son bras.

16. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre X. Des Actions principales en Danse »

Ce ne sont que des tableaux successifs qu’on a à peindre, et qu’il faut animer de toute l’expression, qui peut résulter des mouvements passionnés de la Danse.

17. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 7 au 12 mai : Les Plaisirs de l’Isle enchantée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 10 mai 1664 »

[…] Le second jour, la Comédie, Par le sieur de Molière ourdie, Où l’on remarqua pleinement Grand esprit et grand agrément, (Cet Auteur ayant vent en poupe) Occupa, tant lui que sa Troupe, Avec de célestes Récits À toucher les plus endurcis, Animés des douceurs divines De deux rares voix féminines, Qui sont (comme j’ai dit un jour) Les Rossignoles35 de la Cour, Que personne ne contrecarre, À savoir l’Hilaire et la Barre.

18. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VIII. » pp. 65-96

J’ai toujours regardé un opéra comme un grand tableau qui doit offrir le merveilleux et le sublime de la peinture dans tous les genres, dont le sujet doit être dessiné par le poète, et peint ensuite par des peintres habiles dans des genres opposés, qui tous animés par l’honneur et la noble ambition de plaire, doivent terminer le chef-d’œuvre avec cet accord, cette intelligence qui annoncent et qui caractérisent les vrais talens. […] Personne n’a encore succédé à Monsieur Dumoulin ; il dansoit les pas de deux avec une supériorité que l’on aura de la peine à atteindre ; toujours tendre, toujours gracieux, tantôt papillon, tantôt zéphir, un instant inconstant, un autre instant fidèle, toujours animé par un sentiment nouveau, il rendoit avec volupté tous les tableaux de la tendresse. […] Les deux pas de trois, sont l’image de la scène dialoguée dans deux genres différens ; et le ballet en action qui termine ce petit Roman, intéressera toujours très-vivement tous ceux qui auront un cœur et des yeux ; si toutefois ceux qui l’exécutent ont une ame et une expression de sentiment aussi vive qu’animée. […] leur physionomie paroit-elle animée ? […] Je les voudrois légères, sans cependant que l’étoffe fut ménagée ; de beaux plis, de belles masses, voilà ce que je demande ; et l’extrémité de ces draperies voltigeant et prenant de nouvelles formes, à mesure que l’exécution deviendroit plus vive et plus animée, tout auroit l’air svelte.

19. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

Dumoulin ; il dansoit les Pas de deux avec une supériorité que l’on aura de la peine à atteindre ; toujours tendre, toujours gracieux, tantôt Papillon, tantôt Zéphyr, un instant inconstant, un autre instant fidelle, toujours animé par un sentiment nouveau, il rendoit avec volupté tous les Tableaux de la tendresse. […] Les deux pas de trois sont l’image de la Scene dialoguée dans deux genres opposés, & le Ballet en action qui termine ce petit Roman intéressera toujours très-vivement tous ceux qui auront un cœur & des yeux ; si toutefois ceux qui l’exécutent ont une ame & une expression de sentiment aussi vive qu’animée. […] Leur Physionomie paroît-elle animée ? […] Je les voudrois légeres, sans cependant que l’étoffe fût ménagée ; de beaux plis, de belles Masses, voilà ce que je demande ; & l’extrémité de ces draperies voltigeant & prenant de nouvelles formes, à mesure que l’exécution deviendroit plus vive & plus animée, tout auroit l’air léger. […] Je diminuerois des trois quarts les paniers ridicules de nos Danseuses ; ils s’opposent également à la liberté, à la vîtesse & à l’action prompte & animée de la Danse ; ils privent encore la taille de son élégance & des justes proportions qu’elle doit avoir ; ils diminuent l’agrément des bras, ils enterrent, pour ainsi dire les graces, ils contraignent & gênent la Danseuse à un tel point ?

20. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VIII. De la Danse des Anciens considérée comme exercice. »

Couverts d’une armure brillante, animés par une symphonie guerrière, le javelot d’une main, le bouclier de l’autre, ils formaient ainsi des jeux qui flattaient leur vanité, et qu’ils croyaient dignes de leur courage.

21. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre IX. Opposition singulière des Mœurs des Grecs avec les nôtres »

Ces tableaux animés excitaient dans l’âme de Clytemnestre l’amour de la gloire, éloignaient d’elle l’esprit d’intrigue, et la distrayaient des ennuis de l’absence, que le feu de la jeunesse rend presque toujours dangereux.

22. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XIII. De la maniere dont les Demoiselles doivent marcher, & celle de se bien presenter. » pp. 38-41

Je ne douterois pas que l’on ne m’accusât d’indifference, ou bien de ne sçavoir montrer qu’aux hommes, si je ne marquois du zele & de l’attention pour l’instruction du beau Sexe, lui qui est l’ame de la danse, & qui lui donne tout le brillant qu’il a, outre que je retrancherois ce que la Nature a fait de plus gracieux ; c’est que sans la presence des Dames la danse n’est pas si animée, car ce sont elles qui font naître cette ardente & noble émulation qui paroît entre elles & nous quand nous dansons ensemble, & sur-tout avec celles qui possedent cet exercice, desquelles il y a un assez grand nombre, car rien ne me paroît plus interessant à une compagnie que de voir danser deux personnes de l’un & de l’autre sexe avec justesse, que d’applaudissement !

23. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XII. » pp. 115-121

Ce pas-de-deux embelli par les talens de Mlle Alard, danseuse qui joignoit aux charmes de l’exécution la plus brillante, l’expression la plus vraie et la plus animée, obtint le succès le plus justement mérité. […] Je termine, Monsieur, et après vous avoir entretenu du métier ; je vous parlerai de l’art, c’est à dire de l’expression et de cette pantomime animée qui est l’esprit et l’âme de la danse.

24. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre III. Témoignages des SS. Pères et Docteurs de l’Eglise contre les Danses. » pp. 23-43

Si corpus id agens turpe est, multò magìs anima. […] Ceux qui dansent maintenant, ne demandent pas qu’on leur apporte dans un plat la tête du saint précurseur ; mais ils demandent pour le démon les ames de ceux qui sont présens : Non enim caput in discopetunt ii qui nunc tripudiant, sed animas simul recumbentium. Si la fille d’Hérodiade ne se trouve pas aux danses d’aujourd’hui, le diable qui dansa alors, en quelque sorte, en elle, s’y trouve, et les anime ; et par ces danses, il entraîne captives les ames qu’il trouve dans ces assemblées si dangereuses : Nam et si non adsit filia Herodiadis ; sed qui per illam tunc saltavit diabolus, per illas nunc choreas agit, animas descumbentium agens captivas. […] C’est par les danses, les blasphèmes, les impudicités : Quia non habent quid agant sæviendo, saltando, blasphemando, luxuriando, non impetunt corpora christianorum, sed lacerant animas christianorum.

25. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 3 octobre 1671 »

Vous savez bien, touchant ce Point, Grand Prince, que je ne mens mie, Et, s’il faut qu’ici, je les die, L’une est cet Amour Féminin,157 Dans un âge tout enfantin, Qui, par sa Voix, et par son geste, Et sa grâce toute céleste, Vous surprit, ravit et charma, Et, pour Vous, si bien s’anima, Que, de Vôtre Royale Altesse, Elle en eût Eloge, et caresse.

26. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Il fut toujours de toutes ses opérations la plus prompte, la plus animée. […] Une surprise subite vous arrête, vous éprouvez une émotion générale, vos regards comme absorbés restent dans une sorte d’immobilité, votre âme entière se rassemble sur une foule d’objets qui l’occupent à la fois ; mais bientôt rendue à son activité, elle parcourt les différentes parties du tout qui l’avait frappée, sa chaleur se communique à vos sens, vos yeux lui obéissent et la préviennent : un feu vif les anime ; vous apercevez, vous détaillez, vous comparez les attitudes, les contrastes, les coups de lumière, les traits des personnages, leurs passions, le choix de l’action représentée, l’adresse, la force, la hardiesse du pinceau ; et remarquez que votre attention, votre surprise, votre émotion, votre chaleur, seront dans cette circonstance plus ou moins vives, selon le différent degré de connaissances antérieures que vous aurez acquis, et le plus ou le moins de goût, de délicatesse, d’esprit, de sensibilité, de jugement, que vous aurez reçu de la nature. […] Ainsi, sans que rien puisse le distraire, ou l’arrêter, le peintre saisit son pinceau, et la toile se colore, les figures s’arrangent, les morts revivent ; le ciseau est déjà dans la main du sculpteur, et le marbre s’anime ; les vers coulent de la plume du poète, et le théâtre s’embellit de mille actions nouvelles qui nous intéressent et nous étonnent ; le musicien monte sa lyre, et l’orchestre remplit les airs d’une harmonie sublime ; un spectacle inconnu, que le génie de Quinault a créé, et qu’elle embellit, ouvre une carrière brillante aux Arts divers qu’il rassemble ; des masures dégoûtantes disparaissent, et la superbe façade du Louvre s’élève ; des jardins réguliers et magnifiques prennent la place d’un terrain aride, ou d’un marais empoisonné ; une éloquence noble et mâle, des accents dignes de l’homme, font retentir le barreau, nos tribunes, nos chaires ; la face de la France change ainsi rapidement comme une belle décoration de théâtre ; les noms des Corneille, des Molière, des Quinault, des Lully, des Le Brun, des Bossuet, des Perrault, des Le Nôtre, volent de bouche en bouche, et l’Europe entière les répète et les admire : ils sont désormais des monuments immuables de la gloire de notre nation et de l’humanité. […] Je suppose le public assemblé pour voir la représentation d’un excellent ouvrage ; la toile se lève, les acteurs paraissent, l’action marche, un transport général interrompt tout-à-coup le spectacle ; c’est l’enthousiasme qui se fait sentir, il augmente par degrés, il passe de l’âme des acteurs dans celle des spectateurs ; et remarquez qu’à mesure que ceux-ci s’échauffent, le jeu des premiers devient plus animé ; leur feu mutuel est comme une balle de paume que l’adresse vive et rapide des joueurs se renvoie ; c’est là où nous devons toujours être sûrs d’avoir du plaisir en proportion de la sensibilité que nous montrons pour celui qu’on nous donne.

27. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre X. Vues des Philosophes : objet des Législateurs relativement à la Danse. »

La jeunesse emportée par un sang animé, des sens neufs, des esprits de feu, a besoin d’un exercice violent, qui réglé par la justesse de l’harmonie, accoutume ses saillies à une sorte de mesure.

28. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 juin. Les ballets de Loïe Fuller. »

Les légers tissus qu’elle manie s’incurvent en spirales, en volutes, en trombes ; ils animent et organisent l’espace, créent à la danseuse une ambiance de rêve, suscitent tout un monde infiniment varié d’entités abstraites.

29. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre III. Dispute entre Pylade et Hylas. »

Sa danse grave, ses bras croisés, ses pas lents, ses mouvements quelquefois animés, souvent suspendus, ses regards tantôt fixes sur la terre, tantôt tournés vers le ciel, peignaient un homme occupé des plus grandes choses, qu’il voyait, qu’il pesait, qu’il comparait en Roi.

30. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 26 février 1661 »

Si les Danseurs firent des mieux Pour plaire à tout plein de beaux yeux, Les instruments pour les oreilles Ne firent pas moins de merveilles ; Les huit Récits furent fort beaux, Animés par des airs nouveaux, Et par des voix incomparables De divers Chantres admirables Qui firent d’excellents débuts, Tant les barbus, que non barbus.

31. (1910) Dialogue sur la danse pp. 7-17

La Danseuse Alors, pourquoi voulez-vous que notre art ait une signification quand la musique même qui nous anime peut être belle et sans pensée ? […] Tour à tour, elle anime des statuettes antiques, des figures de vases que nous avions vues immobiles et qu’elle semble ressusciter ; ou bien, elle invente, elle reconstitue, que vous dirai-je ?

32. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

C’est par mon application, mon zèle et mes efforts, que je suis parvenu, Monsieur, à tirer la danse de l’état de langueur, et de léthargie dans la quelle elle étoit plongée ; j’eûs le courage de lutter contre des préjugés fortement enracinés par le tems, et l’habitude ; j’ouvris une nouvelle carrière à la danse ; j’y marchai d’un pas assuré ; les exemples frappants que les talens supérieurs de l’immortel Garrick m’offrirent pendant mon séjour à Londres redoublèrent mon application, et animèrent mon zèle ; j’abandonnai le genre que j’avois adopté, et m’attachai au seul, qui convient à la danse, la pantomime héroïque. […] La musique surtout m’a été du plus grand secours ; je lui dictois par les gestes, et elle écrivoit ; je lui dessinois les passions, et elle y placoit les couleurs ; elle ajoutoit de la force et de l’énergie aux sentiniens, et aux affections, que je lui traçois ; elle fortifioit l’éxpréssion des passions qui s’imprimoient sur mes traits, et que mes regards embrasés de leur feu, rendoient encore plus vifs et plus animés.

33. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre II. Des Danses des Anciens dans les Fêtes publiques »

Le nombre des Danses se multiplia34, le goût leur assigna leurs divers caractères, la Musique si expressive chez les Grecs, suivit les idées primitives dans les airs qu’elle composa, et chacune des Fêtes qu’on célébrait, devint un spectacle animé, dont tous les Citoyens étaient Acteurs et Spectateurs tour à tour.

34. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre I. Naissance du Théâtre »

Comme la représentation, et par conséquent l’imitation fut leur objet principal, il était naturel, que ces hommes extraordinaires, que la tradition avait agrandis dans leur mémoire, se présentassent les premiers à leur esprit, comme les sujets les plus propres à faire le fond des tableaux animés, qu’ils se proposaient de peindre.

35. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre II. Division de la Danse Théâtrale »

Les Nations intéressées aux différentes parties de son action, les triomphes de ses héros, les fêtes générales introduites avec goût dans ses dénouements, offraient alors les moyens fréquents de varier, d’embellir, de peindre les mouvements de joie populaire, dont chacun des instants peut fournir à la Danse une suite animée des plus grands tableaux.

36. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VIII. De la Danse sacrée des Égyptiens »

Leurs Danses en étaient la représentation animée : d’abord, était sa naissance mystérieuse19, les amusements de son enfance, ses amours avec la Déesse Isis.

37. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 3 mai. « Artémis troublée ». »

L’unique décor de Bakst, représentant un site forestier et farouche, est animé par les silhouettes expressives des arbres et amplifié par une grande richesse de plans échafaudés jusqu’à l’horizon très haut.

38. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Les Amours de Vénus, ou les Filets de Vulcain. Petit ballet en action. » pp. 169-175

Vénus et Mars expriment dans un pas de deux plein d’action les sentimens qui les animent.

39. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXVII. Des Tems de Courantes, ou pas graves. » pp. 115-121

Par exemple, ayant le corps posé sur le pied gauche, à la quatriéme position, vous pliez dessus & vous vous relevez en portant le pied droit à côté à la deuxiéme position, en ne posant que la pointe du pied, & vous restés un tems pour reprendre un autre pas, ce qui fait un agrément tout des plus gracieux : car ce pas étant pris à propos, le corps restant dans son repos, dans une situation avantageuse, vous donne beaucoup de grace, après on fait un autre pas qui en paroît plus animé par l’opposé d’un pas lent à un autre, qui se fait plus vivement, ce qui fait en partie la beauté de la danse, lorsque l’on sçait faire tous ces differens mouvemens & pas à propos, en conservant beaucoup de noblesse dans les pas lents & de vivacité dans les vistes.

40. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre II » pp. 10-20

L’homme, condamné dès sa naissance à la peine et au travail, eut besoin de délassement ; ce besoin devint actif ; il sentit que la joye, et le plaisir pouvoient seuls le consoler des fatigues de la journée ; pour éxprimer ses sentimens, il sauta, gambada, et trépigna, fit des bonds, frappa dans ses mains en signe d’allégresse ; ses bras s’associèrent aux mouvements de ses pas et de son corps ; les sons éclatants de sa voix se réunirent à son action ; les traits de sa physionomie s’animèrent ; ses yeux éxprirnèrent le sentiment de la joye ; et ses mouvemets toniques peignirent de concert le plaisir, et le bonheur. […] A cet état de langueur et d’inertie, tout à coup succédèrent l’intelligence, la force et la puissance ; et comme si un coup électrique eût animé tous les hommes, bientôt les arts et les sciences se montrèrent en Egypte, avec autant d’éclat que de majesté.

41. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVIII. » pp. 185-200

Il joue la tragédie, la comédie, le comique et la farce avec la même supériorité ; il joint à la plus belle diction le ton et les accents vrais de la nature, faire répandre dans la tragédie un torrent de larmes, effrayer le public, l’entrainer à la terreur, et l’épouvanter par la vérité des tableaux déchirans, qu’il lui présente, le pénétrer de la plus vive douleur, l’électriser au feu des passions, et des sentimens, qui embrâsent son âme, tel est le talent de Garrick, tels sont les effets d’une expression vraie, d’une déclamation animée, qui tient tout de la nature, et qui n’emprunte presque rien de l’art. […] Dans les passions vives et violentes, l’expression animée de ses traits devançoit toujours le geste ; c’étoit l’image de la fondre qui frappe avant que l’éclair perce la nüe. Garrick étoit d’une taille médiocre, mais il étoit parfaitement bien fait, il avoit une figure vive et animée ; ses yeux disoient tout ce qu’il vouloit dire.

42. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 juin. Les deux Sacres. »

Aucune conviction n’anime les exécutants qui ne cachent nullement au public leur désillusion ironique.

43. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 24 janvier 1671 »

Mais, comme elle a le cœur fâché Des Honneurs rendus à Psyché,146 Au préjudice de ses Charmes, N’en pouvant cacher ses alarmes, Elle fait, bientôt, bande à part, Et restant seulette, à l’écart Avec son Fils, en conférence, Elle l’anime à sa Vengeance, Puis s’éclipse, jusqu’au Succès, Qu’aura son amoureux Procès.

44. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre V. Établissement de l’Opéra Français »

Les Dieux, les premiers Héros dont la Fable nous donne des idées si poétiques et si élevées, l’Olympe, les Enfers, l’Empire des Mers, les Métamorphoses miraculeuses, l’Amour, la Vengeance, la Haine, toutes les passions personnifiées, les Éléments en mouvement, la Nature entière animée fournissaient dès lors au génie du Poète et du Musicien mille tableaux variés, et la matière inépuisable du plus brillant Spectacle. […] Le merveilleux qui résulte du système poétique remplissait son objet, parce qu’il réunit avec la vraisemblance suffisante au Théâtre, la Poésie, la Peinture, la Musique, la Danse, la Mécanique, et que de tous ces arts combinés il pouvait résulter un ensemble ravissant, qui arrachât l’homme à lui-même, pour le transporter pendant le cours d’une représentation animée, dans des régions enchantées.

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