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2. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre I. De l’utilité de la Théorie dans tous les Arts. »

Le Talent est indispensable, pour les pratiquer avec succès : il suffit de les avoir approfondis, pour en écrire avec fruit. […] Le talent dénué de la connaissance approfondie de l’Art, nous a donné Rotrou : la théorie seule, n’a pu faire de l’abbé d’Aubignac, qu’un Poète froid et stérile : les deux ensemble ont produit P. […] L’homme rare qui réunit la théorie et le talent, s’élève, avec les ailes de l’Aigle, jusqu’au sublime ; l’homme commun qui les confond ou qui les sépare, manque de vues, de force, et d’appui : il rampe toute sa vie, avec la multitude.

3. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VI. Causes de la Décadence de l’Art »

Que peut-on espérer d’un homme à talents que ses premiers succès ont mis à la mode, qui vit dans le sein des familles les plus considérables comme l’enfant de la maison, qui n’a plus rien à faire pour captiver les suffrages, qui possède par de-là ce qu’il pouvait prétendre ? […] Ce n’était plus par conséquent que le caprice qui y donnait des lois, la fantaisie qui y appréciait les talents, la cabale qui y décidait les succès. […] Le talent du Théâtre ne fut pas celui qu’elles recherchèrent avec plus de vivacité. […] Ces deux observations doivent nous tenir en garde contre les vains sophismes de ces esprits chagrins, qui déclament sans cesse contre les prévenances, les distinctions, les faveurs dont nous honorons, avec raison, le peu que nous avons de gens à talents du premier ordre. […] Quelle erreur funeste par exemple, si on en venait jamais en France, jusqu’à regarder les mœurs comme sans conséquence dans les gens à talents ?

4. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre V. Préjugés contre la Danse en Action »

[Voir Entrechat] Ce discours ridicule qu’on a tenu constamment en France, depuis la mort de Lully, en l’appliquant successivement à toutes les parties de la vieille machine qu’il a bâtie, et qu’on répétera par habitude ou par malignité, de génération en génération, jusqu’à ce qu’elle se soit entièrement écroulée, n’est qu’un préjugé du petit peuple de l’Opéra, qui s’est glissé dans le monde, et qui s’y maintient depuis plus de soixante ans, parce qu’on le trouve sous sa main, et qu’il dégrade d’autant les talents contemporains qu’on n’est jamais fâché de rabaisser. […] Que nos talents modernes tirent eux-mêmes la conséquence nécessaire et sans réplique, qui suit naturellement de ce raisonnement simple. Il y a une très grande différence entre la fatuité qui persuade un homme à talent qu’il surpasse, ou qu’il égale le modèle qu’il a devant les yeux, et la noble émulation qui lui fait espérer qu’il pourra l’égaler ou le surpasser un jour.

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