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15. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre III. Objet de cet Ouvrage. »

Il est des Sociétés choisies qui connaissent le prix des talents, des cercles aimables qui en jouissent, des âmes vives et délicates qui les aiment. […] La flatterie les a persuadés de la supériorité de leur être : la médiocrité leur baise servilement les pieds, et ils la protègent ; le grand talent, à qui la fierté est si naturelle les néglige, et ils le dédaignent.

16. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvii » pp. 96-101

Ces deux plaisanteries, l’une poëtique, l’autre rimaillée, ont fait sur les lecteurs des impressions différentes ; la première excita le sourire, mais scandalisa les amis des mœurs ; l’autre fit bailler les gens de goût ; elle fut jettée au feu, sans produire ni flamme ni éteincelles : Quant à moi, Madame, qui n’ai pas la hardiesse de prononcer sur les ouvrages d’esprit, et qui n’en juge que par sentiment, j’ai regardé le premier pamphelet, le mieux écrit, comme une étourderie d’autant moins excusable que l’auteur n’avoit pas besoin de cette futile production pour faire preuve de talent. […] Perignon, danseuse remplie de talent, auroit laissé un vuide considérable, si elle n’eût été remplacée par la Dlle. […] Il est pénible pour moi, Madame, de me trouver dans l’impossibilité de vous parler d’une foule de danseuses dont la majeure partie mériteroit un éloge séparé, et dont l’autre annonce de grandes dispositions ; talent malheureusement rare, celui d’être intéressante dans tous les genres, mais des accidens et une douleur fixée dans les genoux, l’ont forcée dans plusieurs circonstances de suspendre ses travaux habituels, et cet état d’inaction lui a procuré beaucoup plus d’embonpoint qu’il n’en faut au théâtre et dans un genre surtout qui exige de belles proportions. […] Perignon, danseuse remplie de talent, auroit laissé un vuide considérable, si elle n’eût été remplacée par la Dlle.

17. (1921) Quelques lettres inédites de célébrités chorégraphiques pp. 222-226

Serait-il juste qu’au moment de jouir de cette convention et après en avoir été privés 5 eu 6 ans par l’effet des circonstances, serait-il juste, dis-je, qu’un individu quelconque vint, en dépit de toute espèce de loyauté, l’emporter sur les engagements, sur les règlements, sur la réputation, sur les services, et peut-être sur le talent ? […] Je ne compare sûrement point mon faible talent à ceux des hommes célèbres que je viens de citer, mais seulement ma position qui serait la même. […] Si ces maîtres de Ballets, bons ou mauvais, ont le droit d’établir leurs productions sur le théâtre de l’Opéra de Paris, quel est l’homme à talent qui voudra rester attaché à ce théâtre pour n’avoir que les travaux désagréables de la place, et pour être le très humble serviteur du premier venu ? […] Cependant il est plus essentiel qu’on semble le penser que la place dont il s’agit soit tenue par un homme d’un talent avoué, car la médiocrité compromettrait bien souvent le succès de maints opéras qui coûtent de 50 à 80 000 l. […] On prétend qu’on n’a jamais vu un talent comme celui-là.

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