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102. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IV. De la Danse des Balets des Anciens & des Modernes, avec quelques descriptions des plus singulieres, & de l’origine de la danse Théâtrale. » pp. 70-111

L’Opéra est une sorte de Comédie composée de cinq actes en musique, accompagnez de danses convenables au sujet, qu’on nomme divertissemens, & dont nous sommes redevables aux Italiens pour l’invention ; Perrin en 1659 la mit en usage en France : mais l’on sçait aussi que les Italiens n’ont imaginé l’Opéra que sur les représentations des Balets des Grecs, & que l’invention de ceux d’Italie n’est trouvée que depuis deux ou trois siécles. […] Toutes ces Entrées furent presque exécutées par des danseurs & des danseuses de profession, & de la composition de Beauchamps, sur les airs de M. de Lully, qui étoient deux génies excellens pour ces sortes de représentations. […] Clement, homme fort entendu pour les représentations des spectacles, fit le Balet de la nuit, qui a passé pour l’un des plus accomplis : je ne le rapporterai néanmoins ici que succintement, pour en faire voir la variété, par les caracteres de toutes sortes de personnes, des Divinitez, des Héros, des Chasseurs, des Bergers & des Bergeres, des Bandits, des Marchands, des Coquettes, des Galans, des Egyptiens & des Egyptiennes, des Gagnepetits, des Allumeurs de lanternes, des Bourgeois, des Bourgeoises, des gueux, des estropiez, & des bossus, les personnages Poétiques, les Parques, la Tristesse, la Vieillesse, des Pages, des Paysans, des Astrologues, des Monstres, des Démons, des Forgerons, des Gazetiers, des Vendeurs d’eau-de-vie, Oublieurs, Cuisiniers, des Spadacins, &c. Enfin l’on voyoit dans cette représentation Bal, Balet, Comédie, Festins, Concert, sabat, toutes sortes de passions, des curieux, des mélancoliques, des furieux, des amans passionnez, des amoureux transis, une maison en feu, des personnes allarmées ; desorte qu’il seroit difficile de représenter rien de plus accompli en matiere de Balet ; aussi n’en a-t-on point vû de pareils depuis ce tems-là.

103. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Methode povr les cavaliers. » pp. 25-51

Il y a encores deux ou trois autres sortes de reuerences, comme pour saluer vn Seigneur, vne Dame ; commencer vne courante, ou vne gaillarde, desquelles ie discourray en leur lieu ; Mais parce que les pas de courante sont tres-propres pour aquerir la liberté des mouuemens qui sont necessaires en la danse, & adoucir l’air à vn Cavallier, & aussi que l’exercisse d’iceux fait trouuer de la facillité aux autres danses, ie commenceray par la. […] La susdite Courante bien executee, auec la mesure requise, & auec les actions telles qu’elles y sont depeintes, donnera vne grande facilité à toute autre sorte de danses, & dés l’heure l’Escolier commençant à y prendre plaisir, s’apperceura comme auec la patience, le temps luy amene insensiblement ceste familiere cognoissance, qui luy rend en fin doux tout ce qui luy sembloit auparauant impossible, & sans qu’il soit besoin de plus ample instruction, les Maistres pourront par le moyen de la Courante & actions susdites en composer tout autant d’autres qu’il leur plairra, pourueu qu’ils n’ignorent la valeur des temps, & autres pas, & mouuemens dont on les enrichit, & qu’on danse auiourd’huy, d’vne certaine negligence nullement affectee ; & n’aymerois point qu’ils meslassent parmy leurs compositions des pas qui sentissent son baladin, comme fleurets, frisoteries, ou branslemens de pieds, piroüetes (i’entens à plusieurs tours violens & forcez,) caprioles, pas mesmes des demy caprioles, si ce n’est en tournant ou finissant, & tout plain d’autres petites actions ennemies du vray air qu’on y doit obseruer, mais seulement des pas coupez, & entrecoupez, d’autres graues, ensemble des liaisons, & des beaux temps, parce que les mouuemens qui en procedent, peuuent auec assez d’air & de grace accompagner tels pas sans force ; que si quelques vns d’eux s’offencent de c’est aduis & que manque de se sçauoir cognoistre, la vanité leur face iuger vaine la peine que ie prends, qu’ils apprennent que la charité seule m’en a serui d’obiect : Ioint que la verité & la raison estans communes à vn chacun ne sont non plus à qui les a dictes premierement, qu’à celuy qui les dict apres, & ainsi sans s’en esloigner, qu’ils facent meux s’ils peuuent. […] Ce Bransle se commence par vne reuerence qui se doit faire semblable à celle du premier, mais parce que l’entree de celuy-cy se faict de differentes sortes, i’ay choisi celle qui fuit, comme estant à mon opinion la plus graue, sans s’arrester donc apres la reuerence (comme font plusieurs, qui manque de bonne oreille sont contraints d’attendre pour choisir le temps propre à prendre leur cadance.) […] Apres qu’on pourra faire facilement ces cinq pas, il faudra apprendre (& non plustost,) de quelle sorte le mouuement des bras doit accompagner l’action des pieds, c’est qu’en sautant le premier pas il faut ouurir les bras esgalement chacun de son costé, & en mesme temps qu’on fera glisser le troisiesme pas derriere, faut les rapporter negligemment, iusqu’à ce que les mains sans plier le poignet viennent quasi à se ioindre, lors sans s’arrester sur ceste action il faudra descendre, à fin d’obseruer au quatriesme & cinquiesme les mesmes mouuemens, & ainsi les cadances se trouueront bien marquees : Pendant toutes lesquelles actions il faut auoir les pointes des pieds ouuertes & la veuë de sa hauteur, à fin que tenant le corps droict & ferme on regarde en face la compagnie, sans tourner la teste qu’auec le corps, & prendre garde à ne point chasser de la pointe du pied, ny en faisant les pas susdits, aller de l’vne à l’autre extremité du lieu : mais y tenir la droicte ligne le plus qu’il sera possible, ce qui sera fort aisé, si on faict porter les pas de costé, non deuant soy.

104. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Première partie] »

5C’est Lucien qui nous a laissé tout ce que nous avons de plus complet sur ces sortes de Spectacles ; mais en lisant tout ce qu’il exige d’un Danseur Pantomime, on voit que nous sommes bien éloignés de la perfection des Danseurs Anciens, supposé qu’il s’en soit trouvé qui aient réuni toutes les qualités demandées par ce Philosophe. […] Imaginer des règles pour de tels Poèmes, est beaucoup plus difficile encore, Lucien ne nous en a donné aucune ; mais heureusement nous avons encore la Poétique d’Horace, dont on peut, lorsqu’on a quelque génie et quelque intelligence, faire une application raisonnée à toutes sortes d’inventions poétiques, et de représentations théâtrales, et par conséquent aux Danses Pantomimes, en rapportant aux préceptes d’Horace ce que notre Art exige indispensablement par sa nature.

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