Aux accens de la lyre d’Orphée, la décoration change successivement de forme, et s’embellit par gradation : les arbres viennent se ranger à la place des rochers ; les ronces se métamorphosent en fleurs, les autres se transforment en berceaux ; le coteau enfante des vignes qui en croissant s’unissent pour former de leurs pampres des guirlandes ; les oiseaux s’empressent, à répéter les chants d’Orphée ; des bergers et des Bergères quittent leurs hameaux pour se livrer aux transports de leur innocente joie : ils lui présentent des fleurs et des fruits, et ils expriment par des danses simples et naïves le bonheur qu’ils ont de le posséder dans leur voisinage ; la nature enfin, semble rendre hommage au chantre de la Thrace, en s’empressant d’embéllir sa sollitude par ces agréables métamorphoses.
Qu’il se hâte donc de présenter dans sa personne, le modèle parfait de son art ; qu’il l’embellisse, qu’il le fasse briller par de belles proportions, par l’harmonie de ses mouvemens et par le fini précieux d’une exécution simple mais savante ; qu’il ramène les grâces que les difficultés et les tourbillons incommodes ont fait disparoître ; tel est le vœu des amateurs ; tel est celui de l’amitié, et de tous ceux qui s’intéressent à la réputation de ce danseur et à la perfection d’un art dont il a été le plus bel ornement.
Tout Ballet compliqué & diffus qui ne me tracera pas avec netteté & sans embarras l’action qu’il représente ; dont je ne pourrai deviner l’intrigue qu’un Programe à la main ; tout Ballet, dont je ne sentirai pas le plan, & qui ne m’offrira pas une exposition, un nœud & un dénouement, ne sera plus, suivant mes idées, qu’un simple divertissement de Danse, plus ou moins bien exécuté, & qui ne m’affectera que médiocrement, puisqu’il ne portera aucun caractere, & qu’il sera dénué de toute expression.