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80. (1834) L’Opéra. Paris ou Le Livre des Cent-et-un. tome XV « L’Opéra. » pp. 366-428

Depuis 1831, Robert-le-Diable, Gustave, la Tentation 6, la Sylphide, la Révolte au Sérail, Don Juan et la Tempête, adroitement combinés avec les meilleurs ouvrages de l’ancien répertoire, ont tenu jusqu’à la fin le spectacle rempli. […] La jeune Fashion, en gants jaunes, se presse aux avant-scènes ; l’orchestre rassemble les artistes de tous les cultes et de toutes les bannières ; les hommes d’état, la haute industrie, la politique animée, la galanterie remplit les loges, et la bourgeoisie, familière maintenant avec tous les noms, avec toutes les réputations, se mêle sans gêne et sans embarras à ce concours si étincelant de contrastes. […] Tous les soirs, à la sortie du spectacle, vous verrez une foule de jeunes gens dont l’amour remplit le cœur, bien plus que la fortune n’a rempli leur bourse, se hâter, attendre, épier ; chacun cherche l’objet de ses tendres ardeurs : c’est à cette sortie que la chronique de l’Opéra se révèle aux initiés. […] Le noble désintéressement avec lequel il remplit ses fonctions, le zèle éclairé qu’il y apporte, les formes conciliatrices qui lui sont familières, ont été.

81. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

Sous le nom de la gitana, c’est la cachucha qu’elle a dansée, mais une cachucha « dépouillée de ce qu’elle a de brutal, de provocateur, de terre-à-terre, et transportée dans les régions de la danse et de la poésie. » Voici maintenant le grand grief : on en veut à Fanny d’avoir rempli le monde du bruit de ses succès américains ; on lui reproche d’avoir dansé pour des barbares et de s’être attardée au milieu de démonstrations puériles comme l’avait été la fameuse réception à bord du North Carolina, au lieu de persévérer dans l’effort vers la véritable beauté artistique : « Aussi, Mlle Elssler, que diable alliez-vous faire dans cette galère, dont les journaux américains ne se lassaient pas de parler, et en si beau style ? […] Il fit sommation à Fanny de se présenter immédiatement à l’Opéra pour y remplir les rôles de son emploi ; on répondit qu’elle n’était pas à Paris et qu’elle devait être à l’étranger. […] Mais si l’on néglige ces petits détails qui font tache, l’ensemble remplit d’admiration. […] voilà ce qui résonne, ce qui vibre au fond de chaque cœur, ce qui remplit encore à présent les esprits, les yeux, les rêves, les souvenirs de Moscou tout entier.

82. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

Corriger les Auteurs ; lier la Danse à l’action ; imaginer des Scenes analogues aux Drames ; les coudre adroitement aux sujets ; créer ce qui est échappé au génie des Poëtes ; remplir enfin les vuides & les lacunes qui dégradent leurs productions ; voilà l’ouvrage du Compositeur ; voilà ce qui doit fixer son attention, ce qui peut le tirer de la foule, & le distinguer de ces Maîtres, qui croient être au-dessus de leur état, lorsqu’ils ont arrangé des pas, & ont formé des Figures dont le dessein se borne à des ronds, des quarrés, des lignes droites, des moulinets & des chaînes. […] Comment remplit-on ordinairement l’intervalle des Actes, Intervalle absolument nécessaire à la manœuvre du Théatre, au repos des Acteurs, & au changement d’habits de la Danse & des Chœurs ? […] Non, sans doute, la tâche seroit trop pénible à remplir ; un tel projet d’ailleurs ne peut s’exécuter sans des contradictions infinies, à moins que les Poëtes ne se prêtent à cet arrangement, & ne travaillent de concert avec le Maître de Ballets, sur tous les projets qui auront la Danse pour but.

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