En examinant les vues de Quinault, le plan de son Spectacle, les belles combinaisons qui y sont répandues, la connaissance profonde des différents Arts qu’il y a rassemblés, qu’elles supposent dans ce beau génie ; je me suis demandé mille fois, pourquoi au Théâtre, la plus grande partie de ce qu’il m’est démontré que Quinault a voulu faire, semble s’évaporer, se perdre, s’anéantir, et j’ai cru en voir évidemment la cause dans l’exécution primitive. […] Quelle est la source d’où coulaient les vices qui s’y sont répandus ?
Ce sont là (si j’ose m’exprimer ainsi) les premiers jets qu’a produits cet Art ; mais semblable à ces sources fécondes, qui, presqu’en sortant du rocher, à travers lequel elles se sont frayé un passage, s’étendent, grossissent et forment de grandes rivières, on le vit, dès son origine, se répandre chez toutes les Nations de la terre.
Pyrrhus, profitant de la brèche que les Troyens viennent de faire à leur ville, pour y donner l’entrée à l’enorme cheval qui renfermoit des hommes armés, et que les Grecs avoient fait construire et feint d’abandonner ensuite, pour surprendre la crédulité des ennemis ; Pyrrhus tombe sur les Troyens ; il fonce dans leur ville ; il y répand le carnage et la mort et la fait incendier par ses troupes. […] Ce Roi prosterné aux pieds de la statue de Jupiter, semble lui rendre graces de la conservation de ses jours ; mais Pyrrhus, avide d’un sang qu’il déteste, égorge Priam sur les marches de ce temple ; il l’entraîne mourant et ensanglanté au milieu de ses soldats, et ce sang, que les Grecs prennent plaisir à voir couler, est le signal de la clémence ; Pyrrhus ordonne à ses troupes de n’en plus répandre ; mais de charger de fers tous ceux qui ont évité la mort, à ce saccagement général succède la destruction et la ruine totale de la ville et du palais de Priam consumé par les flammes. […] Le grand prêtre leur fait entendre que les augures ne leur sont pas propices ; Pyrrhus, au désespoir, se flatte que le sacrifice, qu’il va offrir, lui rendra les dieux favorables ; il entre dans le temple ; mais ses vœux et ses offrandes sont rejettés ; la terre tremble, les éclairs percent la nue ; la foudre gronde, l’obscurité se répand par-tout.