Il fallut retrancher et ajouter ; toutes les phrases musicales devenoient ou trop longues on trop courtes ; or, l’expression et le sentiment qu’Hayden avoit attaché à chaque phrase, à chaque mot, se trouvoient perdus, tous ces changemens énervèrent le style de l’auteur ; affoiblirent ses pensées ; rompirent la liaison de son harmonie, et altérèrent le charme de son coloris ; le tableau le plus précieux perd de son prix, lors même qu’il est retouché par un maître habile.
je ne puis le comparer qu’à ces balons perdus, qui, après s’être élevés lentement et avec majesté, déscendent rapidement et terminent leur chûte, tantôt dans une prairie, tantôt dans une mare fangeuse. […] Il faut encore que l’artiste ait l’immuable constance de résister aux séductions brillantes de ses premiers succès, se prête-t-il aux caresses de l’amour-propre, s’étourdit-il au premier grain d’encens que l’enthousiasme lui offre ; il est perdu, il en reste là ; ses succès sont éphémères, ils n’ont que l’éclat passager du moment.
L’esprit de ce grand homme se refusait au bas, et dans le même temps il se perdait dans le Phébus. […] Plusieurs Admirateurs des conquêtes du Roi dansèrent la dernière Entrée avec la Gloire qui s’envola, et se perdit dans les airs. […] « Quand je considère (dit un auteur112 qui avait approfondi cette matière) que le sujet de ce ballet est La Prospérité des Armes de la France, je cherche ce sujet dans les entrées des Tritons, des Néréides, des Muses, d’Apollon, de Mercure, de Jupiter, de Cardelin, des Rhinocéros, etc. » Cette composition rassemble en effet tout le désordre d’une imagination aussi grande que déréglée, des idées nobles noyées dans un fatras d’objets puérils et sans rapport, un désir excessif d’attirer l’admiration, des recherches déplacées, de l’érudition sans grâces, de la Poésie inutile, beaucoup de magnificence perdue, et pas la moindre étincelle de goût.