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105. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 8 janvier. Esquisse pour un portrait de Mlle Camille Bos. — les Ballets Léonidoff. — « l’automne » et les « chansons arabes ». »

Sur le plateau de l’Opéra, l’abstraite et hautaine beauté de la danse classique se mêle trop souvent, quoique sans se confondre avec elles, aux lourdes et grotesques évolutions du chant, aux ineffables poncifs du spectacle lyrique. […] Aussi les heures passées à la rotonde de l’Opéra éclairée par des œils-de-bœuf aux vitres cassées ou dans le petit studio de Mme d’Alessandri comptent-elles parmi les plus heureuses d’une existence de critique.

106. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VIII. » pp. 81-87

Ce travestissement bizarre, fut adopté, ainsi que je l’ai dit ailleurs, dans le triomphe de l’Amour opéra de Quinault, mis en musique par Lulli, et jusqu’à cette époque il n’existoit point de danseuses même dans les ballets de la cour ; ce fût une nouveauté que l’on dût au bon goût de Louis quatorze. […] Le public pourroit-il jouir des grands effets que lui offrent les tableaux variés d’un spectacle tel que celui de l’opéra, si on ne levoit jamais le rideau qui cache la scène ?

107. (1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] «  Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. » pp. 49-60

Cela posé, je dirai qu’il me semble que des Gesticulateurs habiles pourraient représenter à la muette les excellentes Pièces, sans faire rien perdre de leurs beautés, parce que, tandis qu’ils les rendraient à l’aîde de différens signes, ceux des Spectateurs, qui voudraient en prendre la peine, liraient le Poème, pour juger si les gestes correspondent à l’action ; ainsi que cela se pratique à l’Opéra, où l’on n’entend pas facilement les paroles. […] Par exemple, le Kain, Brisard, Molé, Monvel, les demoiselles Saint-Val, Raucourt, Doligny, Fanier, Luzy ; les sieurs Bellecourt, Préville, Augé ; Clairval, au Théâtre italien ; Larrivée, Legros, & la demoiselle Arnould, à l’Opéra, jouïraient seuls de ce privilège singulier. […] La cause en est sans doute dans l’habitude qu’ont les Acteurs des deux Opéras, de ne point assez ouvrir la bouche, peut-être dans la crainte de faire la grimace ; ou bien les accompagnemens trop forts étouffent tout-à-fait leur voix.

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