Ils ont des goûts exclusifs pour certains genres ; et le bon goût les admet tous ; il ne rejette que le mauvais, dans quelque genre qu’il puisse être : ils ont enfin des préjugés, et les préjugés sont le poison le plus subtil de l’esprit. […] Je ne parle ici que de celle qui l’est, de celle, pour désigner par un seul trait, que la mauvaise voudrait faire croire ridicule.
Ce sont des assemblées de personnes de différent sexe, et surtout de jeunes personnes, où, au son de quelques instrumens ou de quelques chansons, de jeunes garçons dansent avec de jeunes filles, et où, pendant les intervalles de leurs danses, ils s’entretiennent de choses pour le moins très-vaines, si elles ne sont pas mauvaises, et agissent les uns avec les autres d’une manière très-familière. Sur cette idée que je donne des danses qui se pratiquent ordinairement, il n’y a que l’un de ces deux partis à prendre, ou de dire que cette idée est fausse, et que les danses ne sont pas telles que je les représente ; ou qu’étant telles, elles n’ont rien de dangereux ni de mauvais. […] Prendre le deuxième parti, ce seroit aller contre les principes de la Religion et de la bonne morale, et se rendre l’avocat de la plus mauvaise cause ; or, tout chrétien ne doit-il pas rougir d’être l’apologiste de ce qui ne peut être défendu qu’en s’écartant des vrais principes ? […] Dieu qui vouloit apprendre aux filles de tous les siècles combien un tel désir est mauvais à ses yeux, et qu’on ne sauroit prendre trop de précautions contre une passion qu’il est facile d’exciter, mais très-difficile de réprimer, quand une fois elle est excitée, permit que Sichem conçût pour elle une passion sans mesure, et que Dina en fut la malheureuse victime. […] Si en chantant on n’articule aucune parole, les airs qui se jouent sur les instrumens rappellent souvent à l’esprit des chansons très-mauvaises qu’on a eu le malheur d’apprendre, et qu’on n’a pas oubliées ; et, supposé que, dans ce temps même de la danse, ni les chansons, ni le son des instrumens et des airs qu’on y joue, n’aient pas fait d’impression, peut-on nier que cela n’ait jeté dans le cœur une mauvaise semence qui, étant demeurée cachée pendant un temps, y germe, paroît au moment qu’on s’y attend le moins, et produit enfin des fruits de mort ?
En écrivant contre les danses et les différentes espèces de mauvaises chansons dont je parle dans le petit ouvrage que je donne au public, je me suis attendu à avoir beaucoup de contradicteurs. […] Ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étoient mauvaises. […] C. vient de le dire : c’est parce qu’on se plaît dans de mauvaises œuvres, et à suivre des passions que la vérité condamne. […] Si un Pasteur est blâmable de s’opposer autant qu’il peut, aux Danses que font ses Paroíssiens, dont il reconnoît les mauvais effets par son expérience. […] Que dans la pratique, elles sont toujours dangereuses et mauvaises.